Algérie

Mostaganem : Le diktat des concessionnaires



Les dernières décisions concernant les constructeurs automobiles présents sur le marché algérien auront été diversement accueillies par les usagers. Entre ceux qui approuvent et ceux qui cherchent à comprendre, il y a ceux qui espèrent que la prochaine loi des finances, actuellement en discussion devant le parlement, réinstaurera la fameuse clause des véhicules de moins de 3 ans. Evidemment, en filigrane, transparaît une 3ème alternative qui serait offerte aux citoyens de faire un choix entre l?achat d?un véhicule neuf disponible localement à travers le réseau des concessionnaires et l?importation d?un véhicule de moins de 3 ans d?âge depuis les pays européens. Le principal argument qu?ils mettent dans la balance s?appuie essentiellement sur le diptyque qualité/prix. Dans ce domaine, il y a parfois des arguments qui ne laissent pas indifférent. En effet, entre une automobile montée ou produite en Asie et un montage français ou allemand, il n?y a pas photo. Les consommateurs s?en rendent bien compte en comparant les véhicules de même marque ramenés par les émigrés et les détenteurs de licence de moudjahidine et ceux disponibles chez les concessionnaires. Il suffit pour s?en convaincre de se rendre au gros marché de Mesra où la côte des véhicules fabriqués en Europe est largement loin devant celle des voitures neuves ramenées par les concessionnaires. Il y a fort longtemps que la différence a été faite et ce ne sont pas les nouvelles règles qui doivent entrer en application dès l?année prochaine qui vont changer le cours des choses. Couplée à l?envolée de l?euro, cette directive devrait normalement se traduire par une hausse sensible des prix de vente sur toutes les gammes et probablement sur toutes les marques. Y compris les Iraniennes qui font une faible percée, les chinoises dont la fiabilité est sans cesse contestée et les coréennes de plus en plus présentes. Ainsi, fortement stimulé par la disponibilité des crédits bancaires que les banques privées auront sérieusement encouragés en l?absence des banques publiques totalement tétanisées par les procès Khalifa et BCIA et les autres affaires en cours, le marché de l?automobile aura connu une croissance démesurée. Un phénomène qui aura largement profité aux constructeurs asiatiques et européens mais qui aura également favorisé l?émergence d?une faune de concessionnaires aussi incompétents que malhonnêtes. Outre la pratique de prix qui échappent à toute logique, c?est l?accueil client et le service après vente qui auront totalement déstabilisé la clientèle. Si pour la plupart des voitures asiatiques les délais de livraisons ne semblent pas poser de gros problèmes, la disponibilité aidant, côté voitures française, c?est souvent la bérézina pour le pauvre client qui se retrouve pris au piège dans un engrenage sans fin. La mise à disposition de la voiture est sans cesse repoussée, malgré les assurances sans cesse renouvelées des vendeurs. Accueillis comme un prince lors du premier contact, le client se transforme souvent en un adversaire à éliminer au plus vite une fois les formalités du versement bancaire effectuées. Redoutables objecteurs Pris au piège et totalement désarmé face au concessionnaire, il n?a plus aucun choix que de se laisser mener en barque jusqu?à la délivrance finale, qui n?intervient qu?au bout d?une insoutenable souffrance morale. Beaucoup auront fait le choix d?aller passer commande chez des concessionnaires d?Oran et de Mohammadia, plus proche. Mais là aussi, il arrive quelques mésaventures qui vous font parfois regretter votre choix. Ce sera malheureusement le cas pour ce client à qui on avait promis que lors de la première vidange, on ne lui fera payer que l?huile. Pourtant, lorsqu?il se présenta chez le concessionnaire de la cité des oranges, il finira par déchanter. Les nombreux préposés qui lui faisaient mille et une courbettes, se transformeront rapidement en redoutables objecteurs. Se relayant à plusieurs, ils feront passer un mauvais quart d?heure à ce client qui avait cru en leurs engagements. Sur un ton irrévérencieux et inconvenant, ils tenteront de convaincre leur vis-à-vis qu?il avait mal compris la nature du marché. L?un d?eux se permettra même de recourir à un discours moralisateur de la pire veine. Un employé, profitant de la dispute, ira retirer les clés de la voiture pour empêcher une éventuelle tentative de fuite qu?il était bien le seul à avoir envisagé. Sans le sang-froid de ce pauvre client, l?affaire aurait sans doute dégénéré. Du coup, l?immense garage où les sourires avenants étaient servis à satiété, se transforma en véritable arène où le client était la bête à abattre. Pour une simple histoire de 4 000 DA, destiné au remplacement des filtres à huile et à gazole. Deux pièces insignifiantes que l?on trouve dans le commerce pour moins de 500 DA. Le SAV dont la conduite est totalement laissée à l?appréciation des concessionnaires qui y trouvent matière à leurs instincts spéculatifs, mérite amplement que le législateur et le fabriquant y mettent bon ordre. Un simple contrôle visuel accompagné d?une vidange qui se facture entre 8 000 et 12 000 DA pour une opération qui n?excède jamais les 20 minutes, cela ressemble à de la chirurgie esthétique. L?arrogance, l?incompétence et l?avarice en prime. D?où le recours à l?usage de pièces « taiwan » qui ont littéralement envahi le marché au vu et au su des autorités compétentes. Car c?est par conteneurs entiers qu?elles traversent les frontières pour alimenter un marché en plain expansion. Réglementer le marché de l?automobile sans se soucier des réseaux maffieux qui alimentent sans vergogne le marché de la pièce de rechange et celui du SAV, ne servira qu?à enrichir certains au détriment de la clientèle et du citoyen dont la sécurité est menacée. Un concessionnaire de véhicules industriels qui avait introduit des pièces d?origine douteuses dans son magasin, s?est vu retirer l?agrément par la maison mère, une firme française bien connue chez nous. Les responsables d?autres marques devraient s?en inspirer pour faire le ménage dans leur réseau. Tout le monde y trouvera son compte.


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