Algérie

Mostaganem - La société civile réclame la restauration du vieux bâti



Mostaganem - La société civile réclame la restauration du vieux bâti


Un appel pressant est fait par la société civile au premier responsable de la wilaya pour contribuer à gérer le patrimoine de l’ancien bâti dans les normes admises relatives à sa restauration, sa réhabilitation et sa valorisation économique, sociale, historique, culturelle et touristique.

Juste après l’indépendance, les bâtisses des vieux quartiers de Derb, Tabbana et le vieux Tighdit ont été délaissés par la population pour des quartiers plus modernes. Mais à l’inverse, des populations issues des régions rurales se sont installées dans ces mêmes quartiers. Et c’est ainsi que depuis cette période, la crise est née dans ces médinas. Aujourd’hui, il est constaté que ces quartiers sont victimes de leur vieillissement avec l’usure du temps et sont dans un état de délabrement avancé. Une autre particularité s’ajoute, la précarité des ménages où plusieurs locataires habitent une même maison menaçant ruine.

Ainsi, ces familles sont confrontées au refus des propriétaires d’intervenir pour restaurer leurs biens et la saison pluviale est synonyme de menaces d’effondrement. Pourtant, la wilaya a entrepris, dans le cadre de sa politique de résorption de l’habitat précaire, un programme de relogement en faveur de plus d’un millier de ménages dont les habitations menaçaient ruine en attendant que d’autres soient relogés selon un programme préétabli par la daïra. Ainsi, pour parvenir à se placer en priorité en position d’éligibilité au relogement, les locataires ont négligé tous les travaux de consolidation de leurs demeures. Cette situation va accentuer le phénomène de dégradation du bâti et d’une façon rapide.

«Devant un tel dilemme, que faut-il entreprendre ?» s’interroge le président de l’association du Renouveau: «L’Etat est-il en mesure d’avoir les capacités financières, malgré le choc de la crise que connaît notre pays, pour offrir un logement à tous les citoyens de ces médinas, au fur et à mesure qu’il est annoncé la menace d’effondrement de leurs habitats? Combien seront-ils d’ici quelques années? Toutes les familles résidant dans ces médinas se considèreraient-elles éligibles au relogement? Et comment les services du logement vont-ils réagir à tous les demandeurs au titre du RHP (réhabilitation de l’habitat précaire)? Il est bon de rappeler que les opérations inscrites au titre du RHP, y compris le quota complémentaire, se situent à un niveau de plus de 6.000 logements. Dans la seule daïra de Mostaganem, il est enregistré une demande globale à fin 2017 de 16.407 citoyens. Par voie de conséquence, il serait utopique d’affirmer que les pouvoirs publics seront en mesure de satisfaire toutes les demandes émanant des habitants de ces médinas.»

Dans ce cas, les autorités locales seront tenues de réagir pour élaborer, en partenariat avec la société civile, une stratégie qui préservera ce patrimoine culturel, historique qu’est le vieux bâti. Le réhabiliter, le restaurer deviendrait un facteur essentiel de continuité, de stabilité pour réduire également la pauvreté et l’exclusion sociale. Comme alternative à ce problème, il faut assurer la conservation des principaux éléments du patrimoine culturel et satisfaire les résidents de ces quartiers en situation précaire sans les délocaliser.

Il est clair que cette initiative visera à améliorer les conditions de vie de la population au moyen de la consolidation du cadre bâti, de la préservation des monuments et du renforcement des infrastructures de base et des espaces publics. Les démolitions entreprises auraient pu avoir des conséquences fâcheuses sur les personnes et le bâti mitoyen, parce que la technique de démolition ne se résume pas seulement à la pelle ou la pelleteuse. Il existe des règles de sécurité obligatoire à respecter et une étude élaborée pour chaque habitation ciblée, par des hommes du métier, indispensable pour la sécurité des personnes et des biens.

Nous ne cesserons jamais de le dire, que la réhabilitation des habitations existantes doit viser à assurer à chaque famille, sans la délocaliser, une surface habitable indépendante afin d’assurer une homogénéité urbaine entre les réalisations nouvelles et le tissu urbain. Les bureaux d’études spécialisés interviendront pour une bonne restauration afin d’éviter les erreurs du passé, à l’instar de ce qu’a subi la grande mosquée «Ibn Tachfine» de Tabbana, un monument historique dont la restauration fût confiée à une entreprise publique spécialisée dans les «VRD» (ETRHV), le même constat pour le Fort de l’Est, la muraille et le tombeau de Mustapha Lacheref.

Il est indispensable de se tourner vers l’expertise qui demeure l’unique choix en mesure d’être déterminante pour faire connaître les habitations qui nécessitent un confortement et du nombre ciblé des bâtisses en ruines irrécupérables et à démolir. En encadrant cette stratégie, la wilaya gagnerait en économie de logements qui seraient susceptibles d’être dirigés vers des citoyens demandeurs issus d’autres quartiers dont on a pris connaissance et dont certains vivent dans des conditions déplorables mais qui, par pudeur, n’osent pas se manifester.


Photo illustrative de l'article ajoutée par Akar Qacentina "Patrimoines d'Algérie en déperdition par la bêtise humaine"

Abder Bensadok


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