Algérie

Mostaganem : L'irrépressible envie de prospérer



Mostaganem : L'irrépressible envie de prospérer
Photo : Slimene S.A. Comme partout ailleurs, l'automne se fait sentir dans cette wilaya de l'ouest du pays. La mer qui ombrage ses côtes, si bleue d'habitude, prend un ton gris en ce mois d'octobre. De derrière la brume, le soleil si éclatant il y a quelques semaines, jette de pâles reflets sur les vagues écumeuses. Les plages sont désertes. Point de touristes. La saison estivale est déjà loin. Les côtes de Mosta surpeuplées il y a à peine un mois, ne sont habitées désormais que par les mouettes et ne sont traversées que par quelques pêcheurs solitaires. Très tôt le matin, à l’abri des rochers, les amateurs de la pêche lancent leurs hameçons dans l’eau à l’affût de poissons que la mer jette généreusement au rivage, après les nuits d’orage. Une vraie aubaine ! Du poisson frais ! Gratuitement qu’est plus est ! Les amateurs de pêche chanceux n’auront pas à débourser des sommes astronomiques chez les poissonniers ou encore dans les restaurants qui longent la côte de Mostaganem, du côté des Sablettes notamment. Une centaine de restaurants, en effet, sont alignés, côte à côte, les portes grandes ouvertes pour accueillir des clients qui ne viennent pas ou rarement en cette époque de l’année. Si l’on ajoute la grisaille du temps, les restaurants offrent une image bien déprimante, avec leurs tables presque vides. Rien à voir en tout cas avec les cafés surpeuplés, implantés à proximité de ces restaurants, qui dégagent une ambiance chaleureuse grâce aux amateurs de cafés, de thé et de domino ! De là d’ailleurs, on peut admirer le coucher du soleil qui couvre la mer de lumières rouges orangées…quand il fait beau ! Car sinon, on n’a droit qu’à des rayons timorés dont la luminosité est prisonnière des nuages. Un coucher de soleil bien mélancolique. SITES TOURISTIQUES : UN BEAU TABLEAU ENTACHÉ D’ORDURESLes sites touristiques ne manquent pas à Mosta avec tous un point en commun : une mer splendide et des plages romantiques. Entachées, cependant, d’ordures que le sable n’arrive pas à cacher ! Et puis, le pire se trouve du côté du site touristique Kherouba. La mer y est, certes, également splendide mais on ne peut pas en dire autant du tissu urbain. Au lieu d’hôtels de luxe, de restaurants, le site est envahi par des bidonvilles. C’est la tache noire du beau tableau de la région ! Toutefois, malgré ces «anomalies», les côtes de Mosta sont attachantes. La mer qui s’étend à perte de vue est un ravissement pour les yeux. Mais à un moment donné, rassasié par l’apparente quiétude que procure la mer, on éprouve le besoin de nous mêler aux mouvements de la ville. Là, on tombera nez à nez avec la nouvelle ville sur laquelle veillent les sculptures de Cheikh Hamada et Ould Abderrahmane Kaki et dont l’extension est impressionnante. Mosta a fait du chemin en matière de tissu urbain ! Les constructions en chantier qu’on peut remarquer ici et là, en disent long sur les perspectives ambitieuses de la ville dans le domaine de l’habitat. Cela, fort heureusement, n’ôte en rien le charme de l’ancienne ville ou plutôt «la ville coloniale», toujours aussi solide, profondément ancrée dans les entrailles de Mosta. Dans cette partie de la ville, l’ambiance est toute autre. Chaleureuse, voire plus intime. Tout au long d’El Khemins, le boulevard le plus animé de l’ancienne Mosta, les Mostaganémois se bousculent. Une vraie ruche d’abeilles ! Les anciennes villas à l’architecture coloniale si particulière sont un plaisir pour l’œil, quoique leurs jardins abandonnés offrent de bien tristes spectacles. Un peu d’entretien ne leur fera pas de mal ! Des ruelles étroites et étendues stimulent la curiosité et donnent envie de les explorer. Dans un coin du long trottoir, des vendeurs flattent le palais des passants avec des amandes et des cacahuètes grillées sur place. Des fruits secs qu’on prend plaisir à déguster, assis sur l’un des bancs des jardins publics, couverts d’un tapis de feuilles mortes jaunâtres. De là, on peut admirer l’allure solennelle de l’ancienne gare de train. Les rails sont toujours visibles au cœur de l’ancienne ville, sur lesquels traverse, rarement à vrai dire, un train qui semble diviser la ville en deux. Mais Mosta n’est pas désunie pour autant ! Le sifflement du train se fait entendre de moins en moins après l’édification de la nouvelle gare il y a une dizaine d’années.L’ANCIENNE VILLE, LA CHARMEUSESur ce chemin également, une architecture d’un autre genre s’offre aux regards curieux, surtout de ceux qui visitent Mosta pour la première fois. Des églises et synagogues ont, pour la plupart, perdu de leur fonction originelle. L’une des églises dont une partie est transformée en mosquée, abrite un petit théâtre qui accueille chaque année le festival amateur du théâtre. Des planches de fortune et très modestes sur lesquelles s’exercent de jeunes talents ! A l’extrémité du Boulevard El Khemins, on aboutit à une allée de laquelle ont peut apercevoir, sur son extrémité, une citadelle turque ou «Bordj turc». Une construction qui remonte à l’époque ottomane. Depuis son toit, on a une vue panoramique sur toute la ville. L’ancienne et la nouvelle ville cohabitent sans se heurter, en harmonie. Et puis, il y a la mer en arrière plan. Immense. Tranquille. A l’intérieur de la battisse ottomane dont les arcades et chapiteaux ont gardé leur authenticité, un petit musée. Au centre, un puits qui dégage toujours de la fraîcheur et puis, un immense moulin qui date de l’époque romaine. Les vestiges ottomans et romains reposent, côte à côte, derrière les vitres de protection. Du seuil du musée, on peut apercevoir un canon ottoman occupant tranquillement l’une des ailles de la terrasse. A partir du toit de la citadelle, on peut voir aussi le grand marché de la ville. L’un des points les plus animés de Mosta. A mi-chemin entre la citadelle et le marché, deux mausolées montent la garde. Deux saints particulièrement affectionnés par les habitants. Ces derniers expriment de la nostalgie, bien contagieuse, quand ils évoquent ces saints, regrettant une époque pendant laquelle ils n’ont pourtant pas vécu. Mais ce sentiment de nostalgie s’efface aussitôt quand on se retrouve devant le marché qui attire tant de monde. On est aussitôt rattrapé par la réalité, saisi par les odeurs nauséabondes des eaux usées entassées sous les trottoirs, sous le nez de commerces où l’on vend des légumes et des fruits, et où l’on déguste des galettes ou encore du thé. Le marché «formel» est, certes, bien entretenu mais sa fière allure est complètement happée par la structure affreuse du marché informel, implanté juste à sa proximité. Les produits contrefaits inondent les surfaces, abritées sous une sorte de toits crasseux. C’est la face cachée de Mostaganem ! Une face, un visage austère si flagrant le jour, qui se couvre heureusement le soir, sous le fard sombre de la nuit. Aux environs de 20h, le bruit de la circulation s’estompe mais les trottoirs ne sont pas vides pour autant. Les rôtisseries ouvrent pour accueillir les gourmands et proposent des grillades à même les trottoirs. D’autres préférèrent la mer, assis en groupes sur des bancs ou en solitaires, pour profiter des derniers rayons du coucher de soleil ou se délecter du son des vagues qui s’écrasent sur les rochers. Mostaganem est une bien jolie petite ville qui le sera encore plus si on se donne la peine de la mettre en valeur.


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