Algérie

Mostaganem - Controverses autour de la mise à niveau de l’agriculture



Mostaganem - Controverses autour de la mise à niveau de l’agriculture




Mis à part quelques interventions intéressantes, la demi-journée d’études n’aura finalement pas permis de faire le point sur ce
segment central de la sécurité alimentaire.

La demi-journée d’étude consacrée à la mise à niveau des exploitations agricoles et des ressources halieutiques, organisée par le laboratoire de nutrition du Pr Selsellette, n’aura pas permis de faire le point sur ce segment central de la sécurité alimentaire. Mis à part les interventions du Pr Halbouche et de celle de Hadjira Abdellaoui, portant respectivement sur le financement agricole et sur l’approche d’une agriculture biologique – qui reste un vœu pieu –, rares sont les autres intervenants qui auront éclairé l’assistance.

Pourtant, dans une courte et concise intervention liminaire, le Pr Bouderoua avait tracé les grandes lignes de la réflexion, notamment en rappelant que, durant la colonisation, l’Algérie exportait jusqu’à 700.000 tonnes de produits agricoles vers la métropole, ajoutant, de manière succincte, que l’Algérie possède quelques niches, comme la Deglett Nour ou les viandes rouges ovine et bovine dont les teneurs en acides gras polyinsaturés pourraient constituer un label non négligeable en vue d’une exportation.

Lui succédant, le Pr Halbouche axera sa conférence sur les notions de logiques du terroir, des filières et des niches de produits locaux, mettant particulièrement l’accent sur la notion de compétitivité, d’attractivité dont l’épanouissement ne peut intervenir que dans un environnement favorable. Parlant des différentes formes de capital, il fera également référence à la chaîne de valeurs dans le monde agricole dont il dira que la production, qui participe à 10% du PNB, ne subit aucune transformation, soulignant que plus de 90% des produits sont consommés sans aucune transformation.

Parlant des industries agroalimentaires, il dira qu’elles importent plus de 90% de leurs intrants, négligeant dangereusement la production locale. Une production bien réelle pourtant puisqu’elle emploie 1,2 million de salariés sur 1 million d’exploitations dont certaines sont de taille très modeste, ce qui serait, selon le conférencier, une entrave à l’intensification de la production.

Parlant du PNRA et du PNDAR initiés en 2002 pour relancer l’agriculture, le chercheur dira que les 400 Mds de dinars injectés n’ont eu aucun impact significatif sur l’agriculture, a fortiori sur l’exportation hors-hydrocarbures. Toutefois, il est avéré, dira-t-il, que «plus de 600 000 hectares de SAU ont été gagnés sur la jachère entre 2002 et 2009».

Intervenant «organique»

La présence de rares opérateurs ayant à leur actif une réelle activité d’exportation n’a pas été exploitée par les organisateurs qui ont privilégié les intervenants organiques relevant des directions de wilaya de l’agriculture, du commerce, de la PME/PMI et de la pêche. Il s’en est suivi des communications rigides et stéréotypées sans aucun lien avec la problématique annoncée. Ce fut le cas pour la communication de Mme Lamhal sur la promotion des exportations des produits halieutiques ainsi que celle de Mme Aït Hammouda relative au dispositif réglementaire en matière de qualité des produits agricoles et de la pêche.

Autant la première intervention aura manqué de fluidité, autant la seconde a été d’une redoutable lourdeur. Intervenant au titre de la direction du commerce, elles auront surtout convaincu l’assistance de la complexité du dispositif réglementaire algérien. S’il fallait convaincre les rares opérateurs présents de se détourner de l’exportation, l’objectif a été amplement atteint. D’autant que l’un des rares intervenants ayant une réelle expérience des circuits de l’exportation de fruits et légumes produits dans la région a été dissuadé de développer un point de vue pertinent en la matière. Il ne se fera entendre qu’après avoir rappelé que l’université était sans doute le seul endroit pour abriter les débats contradictoires.

Après de longs palabres avec le modérateur du débat général, cet ingénieur soulignera avec force que la référence à la période coloniale ainsi que les raccourcis tendant à comparer l’agriculture algérienne avec celles de la Tunisie et du Maroc – que de nombreux intervenants citaient en modèle à suivre –, constituaient une voie sans issue pour l’agriculture algérienne. Citant en exemple les expériences récentes en matière d’exportation, il mettra en exergue les multiples contraintes imposées aux exportateurs par l’UE.

Pour cet expert, l’alignement sur le Maroc et la Tunisie serait fatal pour l’Algérie qui possède un marché intérieur très attractif et très prometteur. Ce que des opérateurs espagnols ont parfaitement intégré, puisqu’après une année d’exportation, ils ont fini par se tourner vers le marché local, au détriment du marché espagnol.

Initialement prévue pour aborder le volet logistique dans la chaîne d’exportation des produits agricoles, la conférence de Redha Allel, directeur de la CCI, s’est ponctuée par un répertoire des manifestations et foires agricoles d’Algérie et de l’UE.

Un ancien cadre, très au fait de la logistique, fera remarquer que cette rencontre aura fait l’impasse sur les principaux acteurs que sont les producteurs, les collecteurs, les conditionneurs et les transporteurs. Ça fait trop d’absents, dira-t-il en guise de conclusion.


Yacine Alim



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