La mosquée Sidi Bou Maïza est dotée d'une salle de prière hypostyle comme les mosquées de Damas, de Cordoue, de Kairouan et de la mosquée al-Hasan à Rabat.
|Historique
En 1954, après un séisme, la mosquée subit d’importants travaux qui modifient le plan original et le volume initial. Après un second séisme en 1980, une étude de protection provisoire est menée et en 1996, une opération de mise en valeur (nettoyage et décrépissage des chapiteaux) est opérée par l’Agence Nationale d’Archéologie. Selon R. Bourouiba, les Idrissides, descendants du Prophète, auraient construit cette mosquée qui est la plus ancienne d’Algérie encore intacte, dans un style inspiré de la Grande Mosquée de Damas. De par ses nefs parallèles au mur de la qibla, la mosquée du Vieux Ténès s’apparente à la première mosquée de Médine que le Prophète aurait aidé à édifier de ses propres mains et dont le modèle fut repris à Damas (705-715). Cette mosquée serait donc un exemplaire maghrébin d’un type créé en Égypte (mosquée de ‘Amr à Fustat, VIIe siècle) ou en Syrie, et qu’on retrouve aussi dans le plus ancien sanctuaire de Fès (mosquée al-Qarawiyyîn, IXe siècle).
Fiche technique Mosquée Sidi MaïzaFiche technique Mosquée Sidi Maïza
Désignation du bien culturel immobilier
Mosquée Sidi Maïza (Sayyidi Abû Maïza)
Type du bien
Mosquée
Monument
Religieux IXe-XIe siècles
Lieu de situation
Ténès
Situation géographique
Vieux Ténès (à 1 km de la ville actuelle de Ténès)
Situation juridique
Habous
Description
À la façade nord de la mosquée est accolée une salle d’ablutions et une courette dans laquelle se trouve un tombeau recouvert d’une coupole octogonale. Ce dernier abrite, selon la légende, le corps du saint Sidi M’ammar. La salle de prière est hypostyle comme les mosquées de Damas, de Cordoue, de Kairouan et de la mosquée al-Hasan à Rabat. On y accède par une entrée légèrement désaxée située dans le mur opposé au mihrâb. Elle comporte cinq nefs parallèles au mur qibli et divisés en onze travées dont quatre supportent des arcs perpendiculaires au mur de la qibla, sorte d’état intermédiaire entre le plan à nefs parallèles (Damas) et celui à nefs perpendiculaires (al-Aqsa à Jérusalem et Cordoue).
À l’origine, cette salle était couverte de terrasses, mode de couverture que certains auteurs renvoient à l’époque romaine, alors que d’autres y voient une influence plus ou moins directe des mosquées de l’Ifriqiya (Tunisie).
La mosquée du vieux Ténès offre le plus ancien exemple de mihrâb sur plan polygonal à niche octogonale. Ce modèle a été repris dans toutes les mosquées médiévales de l’Ouest algérien sous l’influence des grandes mosquées de Kairouan et de Cordoue qui ont délaissé la forme curviligne traditionnelle. Le mihrâb de Ténès est décalé d’une nef vers l’est et est précédé d’une coupole qui émerge du toit avec une calotte écrasée et quatre merlons d’angle. Selon R. Bourouiba, ce décalage aurait été volontaire à l’origine dans un souci de respect du type médinois. Le mihrâb est également orné de deux bandeaux verticaux présentant trois arcs surhaussés, à l’instar de la Grande Mosquée de Cordoue. Les arcs utilisés dans la mosquée de Ténès sont d’un galbe très pur, en harmonie avec les colonnes à fûts cylindriques coiffées de chapiteaux empruntés dans leur majorité à des monuments romains de la région (styles dorique, ionique et corinthien) et deux types seulement de style musulman (ziride et hammadide) appartenant au décor végétal et floral stylisé « feuilles aux œillets ». On retrouve également la technique de décor floral incisé et celle du décor épigraphique ornant des impostes.
Dans ce contexte, il est à noter que l’introduction de l’imposte entre les arcs et les chapiteaux a d’abord été expérimentée en Égypte (mosquée de ‘Amr) puis reprise en Ifriqiya au IXe siècle, à Tunis et à Kairouan. Son adoption ici, à Ténès, atteste une influence évidente de l’Égypte. Par ses 39 colonnes cylindriques surmontées de chapiteaux antiques aux formes et aux dimensions diverses, par la régularité de ses arcs, par ses impostes carrées ou rectangulaires, la mosquée de Ténès ressemble beaucoup à la mosquée de Kairouan. On retrouve plusieurs formes, comme l’arc brisé, outrepassé dont le sommet est quelquefois brisé au tracé typique de l’Ifriqiya des IXe − Xe siècles (Grande Mosquée de Kairouan, ribât de Sousse, mosquée de Mahdia en Tunisie, mosquée de Sfax).
Etat de conservation
Bon
Nature de protection
Restauration
Classement
Classement national
Date de classement
1967
Type d'étude
Recensement
Documents graphiques
Plans
Bibliographie
Dessus-Lamare A., Marçais, G., « La mosquée du vieux Ténès » in Revue Africaine, 1924, p. 530-540.
Marçais, G., L’architecture musulmane d’Occident, Tunisie, Algérie, Espagne et Sicile, Paris : Arts et Métiers Graphiques, 1957, p. 5, 35, pl. XIX.
Procès verbal de la séance du 23 Avril 1947 du Conseil Général d’Alger, Dossier n° 268, Archives de l’OGEBC.
Rapport de l’architecte des Monuments Historiques sur la mosquée du vieux Ténès, 02/12/1970. Réf DACA 2 N°652/Mts.H. Archives de l’OGEBC.
Bourouiba, R., Apports de l’Algérie à l’architecture arabo-islamique, Alger : OPNA, 1956.
Les mosquées en Algérie, Madrid : Ministère de l’Information et de la Culture, « Art et culture », juin 1974.
Marçais, G., L’Algérie médiévale, Monuments et paysages historiques, Paris : Arts et métiers graphiques, 1957, p. 30-31.
Diagnostic
Vu la valeur historique et surtout archéologique des trois mosquées Sidi Bel-Abbès, Sidi Bou Maiza et lalla Aziza, nous envisageons une étude qui consiste à préciser les interventions en matière de restauration et de conservation des chapiteaux et des colonnes en marbre et en tuf qui décorent les trois mosquées.
Dans certains cas, la dégradation est survenue par scarification. Ce phénomène est du à la combinaison d’importantes variations de la température avec d’autres facteurs de différentes natures. Il est à noter que l’état de dégradation en cours de ces éléments de pierre réclame des mesures de conservation urgentes et efficaces.
Ainsi, notre projet tentera d’établir un diagnostic dans le but de produire une fiche méthodologique relative à la conservation des différents éléments après leur restauration.
L’on devra déterminer au préalable la provenance du marbre, du tuf et du grès pour proposer par la suite une fiche technique type de conservation avec :
La typologie des chapiteaux (plan des mosquées avec localisation des éléments en place)
Le relevé
La classification
Les conditions de conservation des chapiteaux, objets de l’étude
La restauration des chapiteaux, objets de l’étude et ses problèmes
L’orientation sur les techniques et les produits de l’intervention.
Enfin, les mesures de conservation après restauration.
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Posté Le : 14/04/2015
Posté par : patrimoinealgerie
Source : www.castellum-tingitanum.org