Algérie

Moscou rabroue Marzouki: Ryad veut armer l'opposition syrienne


Alors que la situation à Homs, assiégée par les forces du régime, ne connaissait aucune amélioration, la réunion des «Amis de la Syrie», à Tunis, s'est terminée vendredi sans qu'elle donne un appui ouvert, réclamé par le Qatar et l'Arabie Saoudite, à l'armement de l'opposition syrienne.

Le mouvement Hamas a définitivement tourné le dos à Damas et a exprimé son soutien à l'opposition où ses «Frères musulmans» sont très actifs.

La réunion des «Amis de la Syrie», boycottée par la Russie et la Chine, ne pouvait contourner le Conseil de sécurité. Le groupe des «amis de la Syrie», créé sur le modèle des «amis de la Libye», a appelé à l'arrêt des violences et à de nouvelles sanctions contre la Syrie. Il n'a pas suivi le Qatar -et la Tunisie- qui demandaient la création d'une «force arabe» dans le cadre de la Ligue arabe. L'idée de contourner le véto russo-chinois pour aller vers un engagement militaire sous le label «force arabe» était difficilement tenable au plan du droit international. Ce sont d'ailleurs des pays occidentaux très fortement hostiles au régime syrien qui ont rappelé qu'une telle force, arabe ou non, devait avoir l'aval préalable du Conseil de sécurité. Le groupe s'est contenté de prendre note de la demande d'une «force conjointe arabe et des Nations unies de maintien de la paix (...) et a décidé de poursuivre les discussions sur les conditions du déploiement d'une telle force». Le groupe des «amis de la Syrie» a reconnu le Conseil national syrien (CNS) comme «un représentant légitime des Syriens qui cherchent un changement démocratique pacifique» et a pris la décision d'apporter un «soutien effectif» à l'opposition. Sans suivre l'Arabie Saoudite qui s'est faite particulièrement offensive en réclamant l'envoi des armes. Dans les faits, les armes -et des hommes, islamistes le plus souvent- entrent déjà en Syrie et accélèrent la militarisation de la contestation.

UNE OPPOSITION PAS SUR LA MEME LONGUEUR D'ONDES

Les Occidentaux, qui savent que les Russes et les Chinois n'accepteront pas une réédition du «coup libyen», avancent avec prudence. Même le soutien au Conseil national syrien s'exprime avec prudence puisqu'il n'est considéré «qu'un représentant légitime» des Syriens et non «le» représentant des Syriens. La Ligue arabe est d'ailleurs appelée à organiser une réunion avec le CNS et d'autres groupes d'opposition afin de mettre en place un mécanisme de transition politique. Récemment, des membres du CNS l'ont quitté pour constituer le «Mouvement du changement» sous la direction du militant des droits de l'homme, Omar Qurabi. Ce nouveau mouvement reproche au CNS, largement parrainé par les pays occidentaux et les pays du Golfe, d'être sous l'emprise des Frères musulmans. Un autre groupe d'opposition, plus présent à l'intérieur qu'à l'extérieur, le Comité de coordination pour le changement démocratique en Syrie, créé en juin 2011, est totalement hostile à l'idée d'une intervention étrangère. Composé de nationalistes, de militants de gauche, de partis kurdes et de personnalités indépendantes, ce comité est très hostile aux visées du pays du Golfe. Qui le lui rendent bien en le gommant totalement des médias comme Al-Jazeera et Al-Arabiya.

PESER SUR MOSCOU ET PEKIN

Le véritable enjeu, pour les Occidentaux du moins, est de peser sur la Chine et la Russie. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, l'a clairement exprimé à Tunis. La Chine et la Russie «doivent comprendre qu'ils ne se mettent pas seulement en travers des aspirations du peuple syrien, mais également du Printemps arabe… Plus vite les Russes et les Chinois se dirigeront vers des actions positives au Conseil de sécurité, plus vite nous pourrons avoir une résolution qui nous permette de prendre le genre de mesures dont nous avons besoin pour le règlement de la crise en Syrie». La tâche n'est pas évidente. Moscou et Pékin, tirant du cas libyen l'enseignement qu'ils ne doivent plus participer à des démarches aux formulations équivoques, refusent de suivre les Occidentaux. Ils sont, de fait, les derniers soutiens extérieurs au régime de Damas.

Moscou vient d'ailleurs de rappeler vertement à l'ordre le président tunisien, Moncef Marzouki, qui avait évoqué la possibilité d'un exil en Russie du président Bachar Al-Assad. «Le président tunisien devrait formuler des propositions au nom de son propre pays au lieu de lancer des appels adressés à d'autres Etats. Ces propositions devraient être axées sur le règlement pacifique du conflit interne en Syrie», a indiqué une source haut placée au Kremlin citée par l'agence RIA Novosti.

HAMAS REJOINT SON CAMP «NATUREL»

Il reste à savoir si la nomination de Kofi Annan comme envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie pourrait débloquer la situation. Il pourrait obtenir l'aval de Moscou dans le cas où il ne pose pas le préalable d'une démission de Bachar Al-Assad… Or, le plan de la Ligue arabe, calqué sur celui du Yémen, pose cette condition. Autre évolution dans ce dossier, le mouvement Hamas, dont les dirigeants ont déjà quitté la Syrie, a définitivement pris le parti de la rébellion contre le régime de Bachar Al-Assad, son allié de longue date. Le Hamas, qui est une «section palestinienne» des Frères musulmans, se retrouve dans son «camp naturel». Ismaïl Haniyeh a salué, vendredi au Caire, la quête du peuple syrien pour la «liberté et la démocratie». «Je salue le peuple héroïque de Syrie qui aspire à la liberté, la démocratie et la réforme», a déclaré M. Haniyeh devant une foule de partisans réunis dans la mosquée d'Al-Azhar, pour un rassemblement consacré à «soutenir (la mosquée) Al-Aqsa (à Jérusalem) et le peuple syrien». C'est un tournant pour le mouvement Hamas qui avait trouvé, ces derniers temps, dans Damas le seul appui dans la région. Les participants présents à la manifestation scandaient des mots d'ordre sans équivoque: «Ni Iran ni Hezbollah, Syrie islamique. Dégage Bachar, dégage espèce de boucher».


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