Le gouvernement russe est prêt à autoriser certains groupes privés à exploiter les vastes ressources en hydrocarbures de l'Arctique, mais pas des sociétés étrangères, a indiqué, il y a quelques jours, le vice-Premier ministre. «Nous nous sommes mis d'accord pour que les sociétés publiques restent les principaux acteurs, mais aussi pour que des propositions soient mises au point pour que les groupes privés puissent travailler sur le plateau continental», a déclaré Arkadi Dvorkovitch, cité par l'agence Ria-Novosti. «En ce qui concerne les groupes étrangers, aucun changement n'est prévu. Ils pourront intervenir en tant que partenaires technologiques (...) mais pas détenir de licence d'exploitation», a-t-il ajouté. Jusqu'à présent, les licences d'exploitation du plateau continental russe sont réservées aux sociétés détenues en majorité par l'Etat et disposant d'au moins cinq ans d'expérience dans l'offshore en Russie. De facto, seuls Rosneft et Gazprom sont donc concernés, leurs concurrents privés et étrangers n'intervenant qu'en tant que partenaires pour ces ressources jugées gigantesques mais très coûteuses et risquées à exploiter. L'exploitation de cette zone inhospitalière de plus de six millions de kilomètres carrés, qui s'étend de la Norvège à l'Alaska, a fait l'objet, ces derniers mois, d'une intense lutte d'influence entre les producteurs d'énergie russes. Loukoïl, premier producteur privé du pays, s'est dit prêt à y investir 2,7 milliards de dollars dans
l'exploration, selon des informations publiées en octobre denier par Ria-Novosti.
Selon la presse russe, les patrons des géants publics, le pétrolier Rosneft et le gazier Gazprom, ont écrit à l'automne au président Vladimir Poutine pour s'inquiéter d'une ouverture de l'exploitation offshore à leurs concurrents privés. Ils soulignent la complexité de tels projets sur le plan technologique et environnemental. Lors d'une réunion gouvernementale la semaine dernière, le ministre des Ressources naturelles, Sergueï Donskoï, a proposé d'ouvrir l'accès de l'Arctique aux groupes privés, mais à des conditions très strictes.
La Russie, deuxième producteur d'or noir de la planète, derrière l'Arabie saoudite, a augmenté sa production de plus de 40% depuis le début des années 2000.
Les autorités comptent notamment sur l'Arctique pour poursuivre sur cette lancée. Mais les experts de l'agence de notation Fitch ont prévenu dans une note publiée mardi que la production du pays allait probablement atteindre un pic dans les prochaines années. Les gains de production obtenus grâce aux nouveaux champs pétroliers sont neutralisés par la chute de production des gisements
existants, estiment-ils. Selon des chiffres gouvernementaux cités par Fitch, la Russie a produit 518 millions de tonnes de brut en 2012, soit 10,4 millions de barils par jour en moyenne, un record depuis la fin de l'Union soviétique.
Ce niveau a été atteint aux prix d'investissements de plusieurs milliards de dollars pour prolonger la durée de vie des champs pétroliers en exploitation grâce aux nouvelles technologies, dont la fracturation hydraulique, explique Fitch.
Mais pour l'agence de notation, la marge de progression est désormais très limitée et les nouveaux projets, dans des zones difficiles d'accès, nécessitent des capitaux très importants et l'accélération de l'exploration. Plusieurs groupes étrangers ont noué des alliances avec leurs concurrents russes pour pouvoir extraire des hydrocarbures en Russie.
Le géant pétrolier ExxonMobil est lié à Rosneft par un partenariat stratégique.
Le britannique BP doit, en outre, monter à près de 20% du capital du groupe public russe, à qui il a cédé récemment sa part de 50% dans le numéro trois russe du secteur, TNK-BP.
R. E.
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Posté Le : 03/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Rafik Elias
Source : www.latribune-online.com