Algérie

Moscou perd-il patience '



Moscou perd-il patience '
Moscou ne cache plus son désarroi face au régime syrien qu’il soutient pourtant contre vents et marées. Bien qu’elle ne lâche pas encore Bachar Al Assad, la Russie n’apprécie pas pour autant que celui-ci traîne le pas dans ses «réformes». Et Moscou tient à le faire savoir via son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a évoqué hier de «gros retards».
«Malheureusement, tous nos conseils, et de loin, n’ont pas été suivis d’effet et n’ont pas toujours été mis en pratique en temps voulu, loin de là», a déploré hier le chef de la diplomatie russe, lors d’une séance de questions-réponses à la Chambre basse du Parlement (Douma).  Lavrov affirme que le régime de Bachar Al Assad a «introduit de bonnes réformes qui renouvellent le système et l’ouvrent au pluralisme, mais cela est fait avec un gros retard», regrette-t-il. Pis encore, le MAE russe souligne que la proposition d’entamer un dialogue intersyrien intervient elle aussi «avec retard». Mais si Moscou reste un allié de Damas, Lavrov ne manque pas d’avertir que «cette inertie pourrait finir par engloutir tout le monde».
C’est sans doute la première fois qu’un responsable russe fait un constat aussi critique du régime syrien depuis le déclenchement de la crise dans ce pays. Avertissement Ces déclarations, qui interviennent au lendemain de l’annonce par Bachar Al Assad de la tenue d’élections législatives le 7 mai, pourraient s’interpréter comme un signe de lassitude du grand allié russe, de devoir défendre un régime finalement indéfendable. Fortement critiqué par la communauté internationale et l’opinion publique en Syrie qui l’accuse de couvrir, voire servir de complice aux massacres commis quotidiennement, Moscou avertit ainsi Damas qu’il ne compte pas servir indéfiniment de soupape de sécurité.  Si la démarche russe paraît timide face à l’ampleur des dégâts, elle n’en dénote pas moins un certain malaise russe de devoir soutenir un jeune dictateur – quitte à commettre un génocide – qui ne semble pas près, ne serait-ce que partager le pouvoir. Cela étant dit, la communauté internationale attendait une réponse du président syrien aux «propositions concrètes» faites le week-end dernier par l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, notamment un arrêt immédiat des violences, un accès donné aux organisations humanitaires et l’ouverture d’un dialogue. Annan a dit avoir reçu des réponses mais n’a pas jugé utile d’en dire plus.   Moscou muscle son discours   En attendant, des pays occidentaux multiplient des appels du pied à la Russie et la Chine – membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU qui ont mis leur veto à deux résolutions condamnant la répression en Syrie – à se joindre à eux pour tenter d’obtenir la fin d’un an de violences. Il y a une semaine, la Russie a rejeté un nouveau projet de résolution américain sur la Syrie au Conseil de sécurité. Ce texte, qui exige du régime l’arrêt «immédiat» des violences et appelle l’opposition à «s’abstenir de toute violence» au cas où le pouvoir se plierait aux exigences de cette résolution, est jugé «déséquilibré» par Moscou. Mais M. Lavrov a insisté sur le fait que la Russie faisait tout ce qu’elle pouvait pour contribuer à résoudre le conflit, soulignant que Moscou gardait une capacité d’influence sur le régime d’Al Assad. «La partie dans le conflit sur laquelle nous avons de l’influence est le gouvernement de Bachar Al Assad», a reconnu M. Lavrov, observant que Moscou ne défendait «pas le régime syrien, mais la justice» dans le pays. Mais son discours d’hier devant la Douma a sensiblement changé. Son dépit de ce que le régime syrien traîne la patte augure d’une position moins intransigeante vis-à-vis du Conseil de sécurité, mais surtout plus ferme envers Bachar Al Assad. «Maintenant que l’élection est passée, que Poutine a assuré sa victoire, on peut commencer à réfléchir à la manière de ne plus se brouiller avec les partenaires arabes et occidentaux, à essayer d’adoucir le climat», analyse en effet l’expert russe Viktor Kremeniouk, cité par l’AFP. De là à jurer sur un éventuel lâchage du régime syrien, c’est un pas qu’il est difficile de franchir. Pour l’instant.


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