Algérie

Morts en sursis



Morts en sursis
Le G20 a décidé, lors de sa réunion, vendredi dernier à Washington, de constituer des stocks alimentaires d'urgence en Afrique de l'Ouest. Il est prévu d'y entreposer «67 000 tonnes de nourriture à destination des onze pays les moins avancés membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays) pour permettre à leur population d'y avoir accès pendant 90 jours en cas de besoin ['], période nécessaire à la communauté internationale pour se mobiliser et acheminer des denrées», a expliqué le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt.Il faut préciser que l'idée de constituer des stocks alimentaires d'urgence avait été adoptée lors de la réunion des ministres de l'Agriculture du G20 à Paris en juin dernier. Mais les participants ne s'étaient accordés que sur une simple «étude de faisabilité». Il aura ainsi fallu bien plus que 90 jours pour que cette fameuse et indéfinie communauté internationale ne se décide, non à mobiliser et acheminer des vivres et des médicaments, mais à seulement passer de l'idée à la formulation d'un projet, qui prendra on ne sait encore combien de temps pour se concrétiser sur le terrain, où la situation est, elle, plus qu'urgente et nécessite des actions immédiates. Près de 13 millions de personnes sont menacées par la famine uniquement dans la Corne d'Afrique, et toutes les ONG et organisations onusiennes n'ont cessé de réclamer l'aide internationale qui arrive au compte-gouttes.De plus, la progression de la zone où la famine sévit ne s'arrête pas dans la Corne d'Afrique ni même au continent. Dans son dernier rapport présenté hier à New Delhi, la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) note que les habitants les plus démunis de la planète sont sérieusement menacés par l'explosion des prix des denrées alimentaires de base. Malnutrition, famine, misère et maladies menacent des millions de personnes, qui consacrent couramment entre 50 et 80% de leurs faibles revenus à la nourriture.Il est vrai que la croissance démographique, le changement climatique et le déclin de la production agricole dû au manque d'investissement et à une gouvernance inefficace ont alimenté cette nouvelle inflation des prix. Mais les spéculateurs qui acquièrent des quantités importantes de produits essentiels et les stockent pour faire augmenter leurs prix, ont aussi une grande part dans cette flambée des cours. «Il est inacceptable qu'un trader opérant à Londres ou à New York puisse décider par son activité si un habitant de l'Inde, par exemple, aura les moyens de nourrir sa famille», déclare, révolté, le secrétaire général de la FICR, Bekele Geleta.Il est tout aussi révoltant de voir les riches et puissants de ce monde battre des records de vitesse et trouver tous les financements nécessaires quand il s'agit de porter, avec les armes, la démocratie et la liberté dans un pays pétrolifère, avec la bénédiction de l'ONU qui, par contre, est incapable de sauver des peuples entiers menacés par une mort certaine ou soumis par des occupants pour lesquels ses résolutions ne sont que de la littérature sans aucun effet.
H. G.


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