Algérie

Mort sur ordonnance


Le secrétaire général du RND et directeur de cabinet à la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, continue, à chacune de ses sorties médiatiques, depuis son retour à la tête du Rassemblement national démocratique, de souffler le chaud et le froid.Juge et partie à la fois de par ses responsabilités partisanes en tant que chef d'un parti proche du pouvoir pour lequel il nourrit de grandes ambitions face à la machine du parti Etat FLN, homme du Président chargé de diriger et de coordonner le gouvernement parallèle officiant à la présidence de la République, Ouyahia reste prisonnier de cette double casquette qui lui fait dire une chose et son contraire. La presse et l'opinion n'arrivent plus à le suivre dans ce jeu de la bouteille à moitié pleine ou à moitié vide.C'est à cet exercice délicat qu'il s'est à nouveau essayé lors de sa conférence de presse de ce week-end. Il déclare qu'il n'est pas contre le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et qu'il ne pourrait pas l'être en vertu de ses responsabilités officielles, mais prédit que le pays «va à sa mort si nous ne réduisons pas les importations». Le terme est fort. Aucun haut responsable n'a jusqu'ici emprunté un ton aussi alarmiste. Cela signifie, en clair, que le gouvernement n'apporte pas les réponses appropriées en matière de rationalisation des dépenses publiques et de maîtrise de la facture des importations. C'est un avis autorisé et? avisé qu'il livre.Les dossiers, certains sensibles, sur lesquels il s'est exprimé lors de sa conférence de presse montrent bien que c'est moins en tant que chef de parti que M. Ouyahia a fait sa rentrée politique qu'en porte-parole du pouvoir et des institutions. Sur ce plan, il a ravi la vedette au secrétaire général du FLN, Amar Saadani, à qui était auparavant dévolue cette tâche de lire dans la boussole du pouvoir les prédictions auxquelles est suspendu le pays.Nul doute qu'il a été mandaté pour apporter les nombreuses mises au point faites devant les journalistes, en niant en bloc toutes les informations qui ont alimenté la chronique politique ces derniers mois : sur les capacités du Président à diriger le pays, sur l'existence d'un conflit entre Bouteflika et le DRS, entre lui et le Premier ministre, et sur d'autres sujets tout aussi épineux. A-t-il convaincu l'opinion ' Peu sûr. Si tout va bien au sommet de l'Etat, si le pays est bien géré, pourquoi alors l'Algérie va-t-elle si mal, à telle enseigne que M. Ouyahia prédit un scénario catastrophe pour le pays, si l'on continue avec la politique dépensière du gouvernement, à vivre au-dessus de nos moyens 'C'est dans ce contexte d'opacité et de questionnement que le PDG de Sonatrach annonce, en faisant valoir le statut d'autonomie de gestion de l'entreprise, un programme ambitieux d'investissement tous azimuts pour les prochaines années en vue d'assurer notre sécurité énergétique et d'améliorer nos recettes d'exportation. S'agissant d'investissements structurants lourds et coûteux d'une entreprise de souveraineté, l'opportunité de ces projets aurait certainement gagné à être examinée et approuvée à la faveur de consultations plus larges, de sorte à éviter au pays les scandales du passé et les décisions prises dans les cabinets noirs. Sonatrach s'est-elle affranchie des injonctions politiques dont avait parlé le Premier ministre ' Rien n'indique que cette question est dans le pipe du programme du gouvernement.


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