Algérie

Mort par ondée printanière Point Net



«Ils sont venus en spectateurs au lieu de faire l'effort de solliciter de l'aide. Les élus d'Oran se sont disputés mercredi les premières places du spectacle de Jamel Debbouze au moment où de nombreux endroits de la ville étaient noyés sous des trombes d'eau.»
Ceci est le témoignage d'un habitant du quartier «Sidi Chahmi» d'Oran, rapporté par nos correspondants locaux dans l'édition d'hier.
Nous sommes fin avril et la pluie ne devait pas être particulièrement violente. En tout cas pas au point de provoquer des dégâts et susciter la panique des citoyens, contraints de passer deux nuits à la belle - enfin, belle est une façon de parler - étoile.
Un orage éclair et voilà la deuxième ville du pays plongée dans le chaos. Les habitants de sidi Chahmi, comme ceux
d'El Barki, un autre quartier touché par les inondations, ne devaient pas vraiment se faire d'illusion sur la disponibilité de leurs élus pour atténuer leur détresse.
Mais dans la tourmente, ils ont dû s'accrocher à n'importe quoi, regarder de tous les côtés pour espérer voir venir quelque secours.
Ils ne devaient pas se faire d'illusion, sinon ils auraient, bien avant l'orage de fin de printemps et Jamel Debbouze, constaté quelques signes d'attention prévoyante.
Sinon, ça fait longtemps qu'on aurait refait les «canalisations sous-dimensionnées», trouvé des solutions aux «habitations précaires» et envisagé de nouveaux réseaux aux nouvelles cités construites, puisque ce sont là les «arguments» qu'on a trouvés pour «s'expliquer» à chaque catastrophe.
Faut-il se réjouir qu'il ne pleuve pas tant à Oran et dans tout l'ouest algérien, une région connue pour avoir la pluviométrie la moins généreuse du pays '
Il paraît qu'on fait exprès de laisser tout un quartier d'Oran à la merci des intempéries, au péril de leur vie, pour les contraindre à «accepter n'importe quelles conditions de déménagement», selon un autre témoignage. C'est que tout s'imbrique.
Non seulement il y a beaucoup de problèmes qui attendent d'être réglés mais on n'a jamais su les intégrer dans une vision d'ensemble, ni même les séparer. Et on ne se les rappelle que dans des conditions douloureuses, quand elles ne sont pas tragiques.
Un orage de fin de printemps et voilà que remontent à la surface à la fois la détresse sociale de nombre de nos citoyens, la politique - ou plus précisément l'absence de politique - du logement social, son inconsistance, ses injustices et ses passe-droits. Une inondation et nous voilà éclairés sur les crimes urbanistiques et les incuries politiques.
Deux heures de précipitation qui auraient pu être un cadeau du ciel se transforment en cauchemar infernal. Il y a encore eu des morts.
Des morts tombés du ciel ' Non, usinés dans les ateliers à malheurs en passe de battre tous les records de production. Quatre morts près d'Adrar causés par un accident de la circulation dû aux intempéries.
Quand la pluie ne vous tue pas dans votre sommeil, ne jubilez pas, elle vous tuera sur l'asphalte naufragé. Il n'a même pas plu sur les plaines de l'ouest, grenier fantasmagorique d'un pays livré aux quatre vents.
Un orage, des effondrements et voilà l'émeute pour le' logement, dans la foulée d'un enterrement ! Deux morts, l'un provoqué par un effondrement et l'autre par un accident dû à la pluie.
La pluie a bon dos, puisqu'elle tue même à Oran où il ne pleut pas. Elle tue entre deux distributions de logements injuste et une rachitique ondée à l'orée de l'été.


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