Algérie

Mort de Samoudi Réda dans des conditions douteuses à Paris



Que s’est-il réellement passé ? Réda Samoudi, né le 28 août 1977 à Oran, dans la cité Les Glycines (Maraval), est mort, mardi 8 janvier, dans des conditions troubles qui impliqueraient des policiers français. Sa famille, soutenue par plusieurs associations, dont le Réseau d’Edu-cation Sans Frontières (RESF), le Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP), les Communistes libertaires de Seine-Saint-Denis (93) et le Mouvement de l’Immigration et des Banlieues (MIB), crie au crime raciste. Enfin, le Consul algérien à Paris a orienté les parents du défunt vers un bureau d’avocats pour que «la vérité sur la mort tragique de Réda éclate au grand jour.» Le rapatriement de la dépouille est prévu pour ce jeudi. «La version des faits présentée par la police est invraisemblable», a déclaré Tarek Kantari, membre du MIB. «Version invraisemblable», a été également le titre de plusieurs organes de presse français. Le samedi 12 janvier, plus de 200 personnes ont manifesté pacifiquement en soutien à la famille de Réda. Brandissant des portraits du défunt et des banderoles sur lesquelles on pouvait lire «Justice et vérité sur Réda Semoudi», les manifestants ont déclaré qu’ils se battront bec et ongles pour que la vérité sur cette mort éclate au grand jour. Les jeunes du département 93 ont également incendié les voitures des élus municipaux, stationnées devant le siège de la mairie. D’après la version de la Police française, la seule d’ailleurs à être rendue publique, «Réda Samoudi a été arrêté sous une fausse identité, la nuit du lundi 7 au mardi 8 janvier à Paris Barbès (18ème), en possession de subutex (un substitut d’héroïne). Il avait été placé en garde à vue vers 16 heures. Le lendemain matin de son arrestation, il a été conduit à son domicile pour perquisition. Alors qu’il était sous la surveillance de trois policiers et qu’il était menotté, il a frappé l’un d’eux d’un coup de tête, puis s’est précipité dans une chambre, a ramené devant son corps ses mains menottées au dos et enjambé la fenêtre qu’il venait d’ouvrir. Puis, une fois sur le balcon, il a sauté dans le vide.» Une chute mortelle car le cadavre de Réda, pieds nus et les mains toujours attachées dans le dos, selon des témoins oculaires, a été laissé, là, de 11h du matin jusqu’à l’arrivée des pompiers à... 13h30. Selon la femme du défunt, Tassaâdit, qui attend de lui une petite fille, «Réda ne présentait aucun trouble psychologique. Au contraire, il était heureux d’être bientôt papa. Et surtout d’être régularisé car la procédure administrative était en cours.» En effet, Réda qui est rentré en France en mai 2001 avec un visa d’entrée de court séjour délivré par le Consulat de France à Alger, était en voie de régularisation au niveau de la préfecture de Bobigny qui étudiait son dossier après son mariage avec Tassaâdit. Réda n’était pas également connu des services de la Police française, jusqu’à ce mardi fatal. L’enquête de police, pleine d’anomalies selon certains, a amené le parquet de Bobigny à se saisir de l’affaire, confiant l’enquête à l’IGS, la Police des polices françaises, a-t-on appris. D’après la version des voisins, l’appartement où habitait Réda et sa femme se situe au 9e étage du bâtiment 8, dans la cité Londeau, à Noisy-le-Sec (93). Son épouse n’avait aucune nouvelle de son mari depuis son arrestation, la veille. Apparemment, les policiers l’ont privé du droit d’appeler un proche ou un parent lors de sa garde à vue, ce qui va à l’encontre des lois françaises pour les détentions de ce genre. Le frère aîné de Réda, Kamel, s’est, quant à lui, interrogé: «Comment dans un petit appartement, mon frère, menotté dans le dos, a-t-il pu échapper à la vigilance de trois policiers, fuir vers une chambre et surtout ouvrir une fenêtre encombrée d’un sèche-linge et d’un rideau, réussissant alors à enjamber le balcon et à se jeter dans le vide?» Il a également déclaré que «la cuisine était saccagée alors que les autres pièces étaient bien rangées. Sûrement qu’il y a eu une violente dispute. Mon frère a été, sans doute, tabassé dans la cuisine après avoir résisté aux policiers. C’est dans la cuisine que les policiers auraient tué mon frère et, pour maquiller ce meurtre raciste, ils l’auraient balancé par la fenêtre. Il faut savoir que les traces de sang de mon frère sur le lieu de la chute sont à environ 2 mètres de la base de l’immeuble.». Rachid, un ami de Réda, accusera lui aussi dans le journal français Libération: «Ce n’est pas un suicide, c’est un meurtre. Comment aurait-il pu ouvrir la fenêtre s’il avait les menottes? Les policiers auraient dû le surveiller.» Selon le journal Le Parisien qui cite un voisin du défunt: «Réda n’était pas un mec à problèmes. Il était, certes, sans papiers, interdit de territoire depuis 2005, mais depuis son mariage religieux avec Tassaâdit, il voulait régler sa situation, et avait contacté le préfet de Bobigny dans ce sens.» Enfin, le quotidien Libération a titré l’affaire ainsi: «Un délinquant expulsable échappe aux policiers et saute du 9e étage.»... Benachour Mohamed


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