Algérie

Mort cherche place dans un cimetière Point Zéro : les autres articles


Mort cherche place dans un cimetière                                    Point Zéro : les autres articles
Si l'on compte la colonisation, la guerre d'indépendance, les maladies, les 5000 morts par accident de voiture annuels et les massacres des années 1990, des millions d'Algériens sont morts enterrés en Algérie. Un cimetière géant dont les coupables, français ou islamistes, n'ont jamais été jugés, tous deux acquittés par une amnistie amnistiante faite au nom de l'histoire. Trop de morts enterrés sous nos pieds, ce qui explique, entre autres, pourquoi il est si difficile de se procurer une place dans un cimetière, car même mort, il faut encore connaître quelqu'un.
Sans vouloir revenir sur cette affaire qui n'a été que trop médiatisée, un mort de plus aurait-il changé quelque chose ' Pas vraiment, mais pour Mohamed Merah, le tueur d'enfants dont l'Algérie a refusé le corps troué, il ne s'agit pas d'une question de place, mais d'encombrement. Pourtant, l'argument de l'Algérie, qui enregistre plusieurs émeutes par jour, «la préservation de l'ordre public» paraît un peu léger. En réalité, ce cadavre est simplement encombrant et même si les pires sanguinaires du GIA ont eu droit à un enterrement en Algérie, il s'agit de ne pas donner de prétexte à une manifestation contre la France, même dans un village isolé et misérable de Médéa. Pourquoi ' Parce que.
L'Algérie, qui passe si vite d'une page à l'autre de l'histoire, oubliera très vite ce nouvel assassin sorti de ses entrailles, qui a assombri encore l'image des Algériens, abreuvés ici et ailleurs de discours djihadistes que seule la France a l'air de considérer comme porteurs de danger. Mohamed Merah a donc été enterré en France comme un Français, avec son scooter, ses vrais-faux secrets et sa qualité hypothétique d'agent des renseignements français. Ce qui fait un mort en moins à enterrer en Algérie, et de fait, une place pour quelqu'un d'autre. Car la seule chose qui ne risque pas d'être touchée par la pénurie, c'est bien la mort.
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