La justice égyptienne demande à l'ex-président Morsi de s'expliquer sur les circonstances de son évasion de prison en 2011La justice égyptienne interrogeait hier le président déchu Mohamed Morsi sur les circonstances de son évasion de prison début 2011, pendant la révolte contre Hosni Moubarak.
M.Morsi et d'autres membres des Frères musulmans sont interrogés, dans un endroit tenu secret, sur les circonstances de leur évasion de la prison de Wadi Natroun (nord-ouest du Caire), ont annoncé des sources judiciaires. L'enquête, menée par la Sécurité intérieure, cherche en particulier à déterminer si la confrérie a bénéficié de l'aide de groupes étrangers comme le Hezbollah libanais ou le Hamas palestinien, ont-elles précisé. En juin, un tribunal égyptien avait conclu que ces deux mouvements étaient impliqués. Samedi, des sources judiciaires ont par ailleurs annoncé que le nouveau procureur général examinait des plaintes de particuliers contre M.Morsi et d'autres membres des Frères musulmans pour «espionnage», «incitation au meurtre de manifestants» et «mauvaise gestion économique». Cet examen pourrait aboutir à l'ouverture officielle d'une enquête. M.Morsi - auquel des millions d'Egyptiens ont reproché de ne pas avoir su gérer le pays et de n'avoir servi que les intérêts de sa confrérie - a été destitué le 3 juillet par l'armée, après des manifestations massives réclamant son départ. Depuis, ses partisans protestent vigoureusement contre un «coup d'Etat» militaire et la tension demeure forte.
Les pro-Morsi, qui manifestent depuis deux semaines devant la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans le quartier de Nasr City, ont prévu de nouveaux rassemblements «pacifiques» aujourd'hui, y compris à proximité de la Garde républicaine du Caire, où des dizaines de personnes ont été tuées le 8 juillet. Le camp adverse a également annoncé la tenue de manifestations aujourd'hui, place Tahrir et devant le palais présidentiel. Vendredi dernier, plusieurs dizaines de milliers de manifestants islamistes ont à nouveau exigé le retour du premier président démocratiquement élu du pays. Le nouveau pouvoir a assuré que M.Morsi se trouvait «en lieu sûr» et était «traité dignement». Mais le président déchu n'est pas apparu en public depuis son arrestation, et Washington, tout comme Berlin, a réclamé sa libération. Parallèlement, les nouvelles autorités s'efforcent de constituer au plus vite un nouveau gouvernement, afin de maintenir le cap politique fixé par le président intérimaire Adly Mansour. Le Premier ministre Hazem Beblawi poursuivait hier ses entretiens avec les ministres pressentis. Le prix Nobel de la Paix Mohamed El Baradei, qui participe à ces entretiens, a prêté serment hier comme vice-président chargé des relations internationales. Selon M.Beblawi, la composition du gouvernement pourrait être annoncée demain ou mercredi prochain. Il sera constitué de 30 membres, a-t-il ajouté, réaffirmant que ses priorités seraient de restaurer la sécurité, d'assurer la fourniture des biens et services et de préparer les échéances électorales (législatives et présidentielle). Selon des sources officielles citées par l'agence Mena, le ministre de la Défense, le général Abdel Fattah al-Sissi - nouvel homme fort du pays -, devrait conserver son poste.
Le processus de transition édicté par la présidence intérimaire prévoit des législatives d'ici début 2014, après l'adoption d'une nouvelle Constitution.
Dans les rues, la mobilisation et la tension se sont accompagnées de violences qui ont fait près d'une centaine de morts depuis la destitution de M.Morsi dont 53, le 8 juillet, lors d'une manifestation pro-Morsi devant la Garde républicaine, dans des circonstances confuses. Un mandat d'arrêt a été émis contre le Guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, et d'autres responsables de la confrérie, en lien avec ce drame. Quelque 250 personnes ont en outre été inculpées. L'organisation Human Rights Watch (HRW) a critiqué l'enquête menée jusqu'à présent, soulignant qu'elle devait aussi déterminer les responsabilités parmi les forces de l'ordre.
HRW a déclaré n'avoir trouvé «aucune preuve» d'attaque du siège de la Garde républicaine, comme l'avance l'armée, et a estimé au contraire que les manifestants priaient «dans le calme» quand les tirs ont débuté.
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Posté Le : 15/07/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : L'Expression
Source : www.lexpressiondz.com