Algérie

Moralité d?une grève



La semaine dernière, les lycéens français ont été privés du bac blanc. Les enseignants ont tous adhéré au mot d?ordre lancé par leurs syndicats suite aux décisions du gouvernement. En effet, la réduction des postes de travail et la formule de la bivalence (deux matières pour un seul enseignant au collège) ont suscité la colère des « soldats de l?ombre ». Ils ont pris la décision de frapper fort : boycotter les épreuves du bac blanc. Il s?agit là d?une opération hautement symbolique qui ne prend nullement les élèves en otages. En dehors des épreuves proprement dites, les autres cours sont normalement assurés. Pas question de pénaliser outre mesure des apprenants qui ne sont pas coupables du problème posé. La preuve, ces derniers se sont solidarisés et ont accepté ce petit sacrifice pour soutenir le combat de leurs enseignants. L?objectif d?un tel choix ? le boycott ciblé ? est de prendre l?opinion publique à témoin et de chahuter la sérénité de la toute puissante machine administrative scolaire. Au moment où ? pour quelques heures seulement ? se vidaient de leurs locataires les salles des lycées français, les élèves du lycée Emir Abdelkader d?Alger reprenaient le chemin des salles de classe. Après un arrêt de travail de plusieurs semaines, les quarante enseignants ont accepté le verdict de la justice et stoppé leur longue grève. Ils ont exprimé leur soulagement et se sont engagés à rattraper le temps perdu afin de bien préparer leurs élèves aux échéances de fin d?année. Leur revendication ? le départ de la proviseur ? n?a pas été satisfaite. Mais qui a dit qu?une grève dans l?enseignement (ou dans la santé) pouvait être illimitée ? Elle ne l?est que dans un esprit farfelu. L?élève reprendra tôt ou tard ses cours, mais à quel prix ! Et qui en paiera la facture ? Lui et lui seul. En bon otage facile à prendre. Peut-on boucler un programme scolaire pour des classes d?examen avec des dizaines d?heures de retard ? Mais bien sûr cher lecteur ? et à l?aise ! Ce record digne du Guiness est à la portée des algérois. A Alger qui fut La Blanche, les cours sauvages dans les caves et autres garages sont monnaie courante. Cette école du trabendo postule à combler une école officielle savamment « buissonniarisée » par les promoteurs. Ses nombreux partisans applaudissent des deux mains à chaque mouvement de grève. Cela nous rappelle ce film d?un médecin de campagne qui, faute de clients, se met à répandre la fausse rumeur d?un virus nocif. Et de voir son cabinet débordé de malades imaginaires. Lors de toutes les grèves d?enseignants initiées depuis l?ouverture démocratique en Algérie, les enfants des riches n?ont pas eu à souffrir des ces longues absences de cours. Tout le monde le sait. Et d?ailleurs, certains parents ne s?en inquiètent pas outre mesure. Moralité : entre la revendication avancée par les boycotteurs français et celle de leurs collègues de l?Emir (Alger), laquelle est la plus pertinente ?


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