Algérie

Moraliser la vie politique



Deux exemples de m'urs politico-judiciaires que l'on aimerait tant retrouver chez nous viennent de nous être fournis par l'actualité internationale. Le premier concerne l'affaire Clairstream, en France, dont la justice tente depuis plusieurs jours de démonter l'écheveau touffu des faux listings de comptes bancaires épinglant le président Nicolas Sarkozy et dans lequel est cité l'ancien Premier ministre Dominique De Villepin, accusé par la défense d'avoir instrumentalisé cette affaire à des fins politiques et électoralistes. Le second nous vient de l'instable et lointain Afghanistan où, grâce à la pression internationale, l'on s'achemine vers l'organisation d'un second tour de l'élection présidentielle qui avait porté dans un scrutin fortement controversé aux plans interne et international ' jusque et y compris par l'ONU, qui a reconnu des cas de fraude au profit du président candidat Hamid Karzaï. Le fait que le président Karzaï soit un allié fidèle, un protégé des USA appliquant à la lettre le plan de « normalisation » de l'Afghanistan tel que pensé et mis en 'uvre par l'Administration américaine après le renversement du régime des talibans, n'a pas aidé le président sortant à faire valider son putsch électoral et à obtenir la caution politique et morale des Américains, lesquels se sont pourtant montrés plus coopératifs dans d'autres scrutins et d'autres contrées avec les régimes en place à leur dévotion.Des scandales de ce type, qui mettent à nu le système dans tout ce qu'il porte en lui de hideux, de pratiques antidémocratiques, voire totalitaires, ne risquent sûrement pas d'éclater dans des pays comme le nôtre où, dans l'esprit des gouvernants, la raison d'Etat se confond avec la défense et la préservation des intérêts privés de groupes et de clans au pouvoir. Les deux cas de figure cités plus haut illustrent parfaitement comment l'ambition et l'appétit du pouvoir à n'importe quel prix peuvent s'accommoder de tous les coups bas et de toutes les dérives, les plus immorales et les plus politiquement condamnables parce que contraires à l'éthique politique qui commande le respect des règles du jeu établi et le respect du ou des adversaires politiques et de l'opposition. En Algérie, la fraude électorale est devenue une seconde nature, un élément invariant du débat électoral dont l'opposition se saisit volontiers pour en faire son cheval de bataille. Dans ce système hermétiquement fermé à toute forme d'alternance au pouvoir par la voie démocratique, les forces qui se réclament de l'opposition tentent de négocier des espaces politiques, des parcelles de pouvoir dans les institutions. Ils sont pris entre le marteau de la participation électorale qui n'offre que peu de perspectives ' pour ne pas dire pas de perspectives du tout aux partis et personnalités qui ont des ambitions politiques ' et l'enclume du boycott qui est un acte politiquement coûteux pour une formation dont la vocation est d'occuper le terrain et de recueillir les suffrages populaires. On fait alors fatalement dans les demi-mesures, dans les compromis (compromissions '). On accepte de participer aux élections locales mais on boycotte l'élection présidentielle, alors que le système politique est le même.La seule manière de sortir de ce piège, de moraliser la vie politique, c'est d'avoir une justice indépendante, de consacrer dans les faits les principes constitutionnels de la séparation des pouvoirs qui constitue le socle de toute démocratie qui se respecte. Au-delà des règlements de comptes autour d'ambitions de pouvoir qui nourrissent sans nul doute l'affaire Clairstream en France, ce scandale, qui défraie la chronique politico-judiciaire dans l'Hexagone, montre à travers le cours suivi par le procès que la justice, lorsqu'elle est mise au service du droit et de la vérité, ne laisse aucune chance à la manipulation politique d'où qu'elle vienne. Mais il ne faudrait pas pour autant se leurrer : même dans les pays démocratiques, il existe aussi une justice à la carte. La différence entre un pays démocratique et un pays totalitaire, c'est que le premier a les instruments politiques et institutionnels de nature à lui permettre d'éviter les dérives totalitaires et de se passer de la pression internationale qui n'est jamais innocente et politiquement désintéressée pour faire respecter les règles du jeu électoral, comme c'est le cas en Afghanistan et ailleurs.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)