Algérie

"Montrer nos films est la priorité!" ABDENOUR ZAHZAH, CINEASTE ET PRESIDENT DE L'ARPA À L'EXPRESSION




L'auteur du fameux court métrage Garagouz
Un signe fort de soutien' En tout cas, Zehira Yahi, chef de cabinet du ministère de la Culture est venue assister samedi dernier à la projection en avant-première algérienne du film Le Voyage d'Alger de Abdekrim Bahloul, en présence de ses réalisateur et actrice principale, Samia Meziane au regard acéré qui crève littéralement l'écran. Un film qui, en dépit de ses nombreux prix glanés dans le monde, n'a été vu qu'une seule fois en Algérie lors du Festival d'Oran du film arabe (Fofa). Inspiré du vécu même du réalisateur, ce long-métrage, fait avec peu de moyens, raconte l'histoire d'une mère courage qui refuse de se laisser intimider par un homme, fusse-t-il policier de son état et bénéficie du soutien du maire et du préfet de police. Femme de moudjahid, veuve avec six enfants, elle se battra pour inculquer le meilleur à ses enfants et garder sa maison à Saïda, quitte à aller en ville demander l'aide au défunt président Ben Bella. Un film qui tombe à pic avec le Cinquantenaire, pensons-nous, mais qui, paradoxalement, dévoile plus ou moins les points sombres de notre indépendance et ses ratages avec comme dessin en filigrane ce qu'est devenue l'Algérie aujourd'hui, marquée par la gabegie et la corruption qu'on a tentée de vaincre à l'orée de l'indépendance en punissant les méchants. En vain...Un film intéressant pour la relance de l'Association des réalisateurs professionnels algériens. Son président nous en parle...
L'Expression: Un mot sur la reprise des activités de l'association et ses objectifs et pourquoi'
Abdenour Zahzah: D'abord, ce n'est pas une reprise, l'association existe depuis 1991. C'est rare où elle active effectivement. C'est une association un peu spécifique. Les réalisateurs travaillent tout le temps. S'ils ne sont pas en tournage, ils sont en montage, sinon au mixage, ou bien ils écrivent... Donc c'est difficile. On s'est dit qu'avec les membres qui sont au bureau, c'est-à-dire Khaled Benaïssa, Yanis Koussim et moi, parce qu'il reste que nous trois et Bachir Derraïs de loin qui nous aide, on s'est dit que si on pouvait faire quelque chose en tant qu'association des réalisateurs algériens, c'est de montrer nos films. Le film qui passe ce soir par exemple Le Voyage à Alger de Abdelkrim Bahloul, il a trois ou quatre ans et c'est la première fois qu'il va être montré en Algérie. Il a reçu 15 prix dans le monde. C'est un film important qui raconte une période importante de l'Algérie et il n'a jamais été montré. Surtout les réalisateurs algériens, on ne se rencontre que dans les festivals à l'étranger. On s'est dit pourquoi ne pas s'inviter entre nous, se parler, sympathiser et peut-être après que cela nous permettra de réfléchir sur le cinéma et chercher autre chose...
Que comptez-vous faire concrètement pour la corporation, puisque l'Apra a plusieurs missions, comptez-vous passer à une autre étape, la vitesse supérieure'
Concrètement c'est ça. Les réalisateurs algériens, thaïlandais ou vietnamiens, leur travail c'est de le faire et de le montrer. Mais bon, les cinéastes sont un peu fiers et surtout ils n'ont pas le temps. On ne va pas dire, à la cinémathèque: «Montrez mon film». On a remarqué qu'on montre rarement les films algériens en Algérie. On les montre partout dans le monde sauf en Algérie. Déjà ça c'est un objectif supérieur. C'est ça l'objectif n°1.
Où en sont les revendications lancées il y a deux ans auprès du ministère de la Culture'
Les autres revendications, on verra. D'abord, on s'est perdu de vue. Puis, on s'est retrouvé comme dit la chanson. Après s'il y a des revendications, on verra. C'est quelque chose de collectif. Ce n'est pas au bureau seul de le faire, car le bureau est là pour présenter l'ensemble de la corporation. Donc on se rencontre, on échange. on a édité un bulletin de l'Arpa, un truc artisanal avec une adresse e-mail. J'espère recevoir prochainement des contributions de réalisateurs. On verra ce qu'ils cherchent, et on notera leurs revendications. Peut-être que cela deviendra des revendications. Mais on est pas là pour revendiquer. On est là pour montrer des films algériens au public algérien en Algérie. On est là surtout pour le plaisir de regarder un film.
Comment s'effectue le choix des films'
Pour l'instant on a choisi un seul film. Les autres viendront. Je rappelle qu'on montre les films chaque dernier samedi du mois à la Cinémathèque algérienne de la rue Ben M'hidi. On a pensé montrer des films qui n'ont jamais été montrés en Algérie. C'est une aberration: des films financés par l'argent public algérien, tournés en Algérie, qui concerne une histoire en premier lieu des Algériens, ne sont pas montrés aux Algériens. Je suis très heureux aujourd'hui de montrer le film de Bahloul. Et c'est ça le plus important. Bahloul a joué le jeu. Il s'est déplacé de Paris. Il est comme tous les cinéastes, un peu dispersé. Ce n'est pas une association qui va rendre hommage aux cinéastes qui sont morts. Ça pourrait l'être. Sur le bulletin de l'Arpa, il y a un formulaire d'adhésion et on appelle les réalisateurs algériens à adhérer à l'Arpa, car il faut s'entraider. Là, on a fait une transition entre potes, mais dans trois mois il faudra faire une AG et établir un vrai bureau. Je pense que le cinéma algérien, quoi qu'on dise, est présent dans les festivals, qu'ils soient continentaux ou internationaux. Il est nécessaire que l'association s'organise et devienne importante en ce sens.


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