Montée de l’islamophobie en France

500 tombes de musulmans profanées près d’Arras Même morts, les musulmans de France ne reposent pas en paix décidément sur la terre des droits de l’homme: un énième sacrilège a été commis dans un cimetière militaire français sur leurs seules tombes. Au moins 500 tombes de musulmans du cimetière militaire Notre Dame de Lorette, près d’Arras au Nord de la France, ont été en effet profanées lundi, soit le jour même de la fête de l’Aïd, par des mains assassines. C’est la troisième fois en deux ans que cet acte innommable est perpétré dans les cimetières français contre des tombes de musulmans. Des croix gammées ont été traîtreusement peintes sur les épitaphes de ces glorieux musulmans qui ont pourtant combattu aux côtés de l’armée française pour libérer ce pays de l’emprise nazie. Ce n’est malheureusement pas un cas isolé de quelques illuminés racistes pour que l’on se suffise de l’indignation de circonstance. Le président Nicolas Sarkozy a, certes, concédé que c’est un acte de «racisme répugnant dirigé contre la communauté musulmane de France», mais il faut sans doute aller au-delà de l’émotion pour que ces actes inqualifiables ne se reproduisent plus. Triste spectacle que ces grossières inscriptions, tracées à la peinture noire sur des centaines de tombes du carré musulman de ce cimetière militaire, qui insultent l’islam. Sur quelques sépultures, des croix gammées ont été tracées et au moins une affichette insultant l’islam a été collée sur une stèle. Entre une dizaine et une vingtaine de tombes israélites, situées dans le prolongement de celles du carré musulman, ont également été profanées, a ajouté la gendarmerie, précisant qu’il n’y avait pas d’inscriptions antisémites. Les dégradations ont été découvertes lundi matin, jour de la fête de l’Aïd El-Kébir, par un promeneur, a précisé le procureur de la République d’Arras, Jean-Pierre Valensi. «A priori, cela semble ressembler à la précédente profanation», commise en avril 2008, a ajouté M. Valensi. Le cimetière militaire a déjà été profané à deux reprises depuis 2007: dans la nuit du 5 au 6 avril 2008, 148 tombes avaient été recouvertes d’inscriptions injurieuses visant directement l’islam, et dans la nuit du 18 au 19 avril 2007, 52 tombes musulmanes avaient également été profanées. Depuis la profanation d’avril 2008, «il y a eu un renforcement aléatoire, et à certaines dates, de la surveillance du cimetière, mais cette nuit (de dimanche à lundi) une patrouille est passée vers minuit et n’a rien remarqué. Il n’y avait aucun véhicule suspect», selon le colonel de la gendarmerie, Bruno Bresson, cité par l’AFP. «C’est un site complètement ouvert, extrêmement difficile à garder. Il y a une étude en cours pour renforcer sa surveillance», a ajouté l’officier. Cette nouvelle profanation a immédiatement suscité une condamnation unanime par de nombreux responsables politiques. La dirigeante de l’opposition socialiste, Martine Aubry, également maire de la ville de Lille, toute proche, a évoqué une «blessure pour tous les Français». Le Premier ministre, François Fillon, a condamné des faits qui «s’en prennent à l’Histoire de la France, à la mémoire d’hommes d’honneur, à la dignité des défunts». Cela étant dit, cette force de dénonciation ne peut remplacer celle de la force de la loi qui doit s’appliquer rigoureusement et immédiatement contre les profanateurs racistes, si la France veut vraiment en finir avec l’islamophobie. Malheureusement, cela ne semble pas être le cas puisque les deux jeunes, âgés d’une vingtaine d’années, auteurs des profanations d’avril dernier, ont été récemment laissés libres sous contrôle judiciaire. Il est donc légitime de s’interroger sur la promptitude de la justice française à sévir contre des actes d’antisémitisme et son attitude plutôt clémente dès qu’il s’agit d’une atteinte à l’islam et aux musulmans. Pourquoi ce deux poids deux mesures? Les enquêteurs ont jugé utile de préciser qu’il ne s’agissait pas d’un acte antisémite. Cela est significatif de cet état d’esprit en France qui s’émeut facilement dès qu’il s’agit d’une affaire ciblant la communauté juive avec tout le battage médiatique et se résigne à la simple dénonciation quand ce sont les «méchants» musulmans qui en sont les victimes… Amine Makri