Algérie

« Monsieur le Président, nous sommes des SDF »



Le drame des familles expulsées de l'avenue de Roumanie, à Constantine, est loin d'être fini. Sans abri, les membres des 120 familles dépossédées de leurs maisons poursuivent leur lutte. Ils frappent encore à toutes les portes dans l'espoir de trouver une solution à leur problème qui dure depuis le mois d'avril 2010. Ayant protesté à maintes reprises devant le Palais du gouvernement, les représentants desdites familles ont décidé de s'en remettre à la présidence de la République. Ils demandent l'intervention du chef de l'Etat pour résoudre définitivement leur problème. « Le wali de Constantine ne veut plus nous recevoir. Nous nous adressons alors au président Bouteflika. Il est le seul qui puisse nous sortir de cette situation », déclarent les représentants des familles expulsées, qui se sont présentés hier à la rédaction d'El Watan. Ils revenaient de la présidence de la République, à El Mouradia, où ils avaient tenté de tenir un rassemblement, en vain : la police les a chassés. « Nous voulions remettre une lettre de doléances aux responsables au niveau de la Présidence, mais les agents de police nous ont chassés. La majorité des protestataires venus par bus ont été raccompagnés jusqu'à Réghaia (sortie est de la wilaya d'Alger) », déclarent nos interlocuteurs.Leur calvaire va durer encore. « Il ne nous restait que la presse pour dénoncer l'attitude arrogante du wali de Constantine. Nous nous sommes adressés à lui maintes fois. Lors de notre rassemblement devant le Palais du gouvernement, les responsables qui nous ont reçus l'ont appelé au téléphone et ils lui ont demandé de recevoir nos requêtes. Mais, une fois sur place, il n'y avait rien. Il n'a même pas voulu nous recevoir », dénoncent-ils. Les protestataires ne comptent pas baisser les bras. Ils exigent une solution avant la rentrée sociale. « Nous sommes à la rue depuis des mois. Nous ne pouvons plus supporter, d'autant que mois de Ramadhan approche. Comment faire pour préparer le ftour ' On ne va pas manger ' », lance une mère de famille en brandissant un acte de propriété de sa maison, aujourd'hui démolie, qui date de 1928. « Tout le monde a des actes de propriété identiques à celui-ci. Ce sont des familles qui habitent dans cette rue depuis bien avant l'indépendance », explique-t-elle. Les enfants des 120 familles en question risquent aussi de quitter l'école. « Comment faire pour avoir un certificat de résidence nécessaire pour la scolarité des enfants ' », interroge une autre mère de famille. « Nos biens ont été jetés », déplore un jeune. Pour les protestataires, les responsables de la wilaya de Constantine ont deux choix : « Soit ils nous donnent des logements, soit ils nous restituent nos terrains et nous permettent de reconstruire nos demeures sur place. »


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