Algérie

Monolithisme


Monolithisme
Dès qu'un homme politique du sérail ou proche du système, a fortiori s'il s'agit d'un institutionnel, s'aventure à oser, même en pointillés, un commentaire critique sur la situation du pays, il est immédiatement accusé de dissidence et de retournement de veste.Et lorsqu'une certaine presse bien inspirée s'en mêle pour enfoncer l'auteur pour son crime de lèse-majesté, c'est que le message a fait mouche et mal dans les sphères du pouvoir. Mais qu'a donc dit de si séditieux dans l'entretien accordé à El Watan et El Khabar le président de l'APN, M. Ould Khelifa, pour provoquer ces réactions violentes par presse interposée, voire par voie institutionnelle 'La mise au point du président du Sénat, Abdelkader Bensalah, sur la question du projet de révision constitutionnelle dont il n'a pas écarté son inscription à l'ordre du jour de la session parlementaire de printemps, quand M. Ould Khelifa affirme que le bureau de l'APN n'a rien reçu dans ce sens, est une réponse en bonne et due forme du berger à la bergère.Le président du Sénat n'est pas homme à se laisser aller à des confidences politiques qui le dépassent. Ce précédent dans la pratique monolithique et autoritariste du pouvoir en Algérie pose la problématique du débat libre et démocratique, à l'intérieur des institutions et entre les courants d'idées et d'opinons qui peuvent, à un moment donné, traverser la classe politique au pouvoir au gré des équilibres des forces qui structurent le système.Le la avait été donné, on s'en souvient, par l'ex-président de l'APN, Amar Saadani, qui avait été chargé par un clan du pouvoir, sur fond d'enjeux autour du quatrième mandat, de descendre en flammes les services de renseignement en s'attaquant nommément à leur patron le général-major Mohamed Mediène.On a également vu tout récemment comment Mme Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, qui était dans les bonnes grâces du pouvoir, a été littéralement lynchée par le même personnage et par les mêmes cercles polico-médiatiques affiliés au pouvoir, lorsqu'elle s'est permis de formuler des réserves sur le bilan du mandat de Bouteflika. Il y a une règle d'or qui ne saurait, en toutes circonstances, être transgressée dans la charte politique et morale des Etats non démocratiques : celle de l'allégeance au détenteur du pouvoir. C'est toute la différence avec les pays démocratiques où la majorité aux commandes fonctionne sur la base du consensus et de convictions partagées autour d'un projet politique et de gouvernement.La solidarité gouvernementale ou de la majorité présidentielle ne signifie pas unanimisme et pensée unique. Que de fois n'a-t-on vu, ailleurs, des ministres ou des parlementaires de la majorité prendre, sur des dossiers sensibles, des positions et des initiatives qui ne cadrent pas avec la position officielle de leurs gouvernements sans que leur tête roule par terre ' Dans les régimes fondés sur le pouvoir personnel, le chef a toujours raison même quand il a tort. Le poète aussi, comme le dit la chanson. En se hasardant sur ce terrain, M. Ould Khelifa a-t-il parlé avec sa sensibilité d'intellectuel, de «libre penseur», dont c'est sa vocation première, plutôt qu'en tant qu'homme politique ' Ses propos sont-ils politiquement signés '


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