« Tous pour nous
et rien pour les autres, voilà la vile maxime qui paraît avoir été, dans tous
les âges, celle des maîtres de l'espèce humaine. » Adam Smith (recherches sur
la nature et les causes de la richesse des nations) [écrit en 1776], traduction
française, Flammarion, Paris, 2 tomes, 1991, t. 1, page 506.
Depuis cinq
siècles qu'il est à l'Å“uvre, le capitalisme a donné naissance à une société
planétaire qui fonctionne au prix de l'exclusion des deux tiers de l'humanité à
qui, il a imposé le supplice de Tantale. En raison de la nouvelle religion
qu'il a fondée dans le monde, il a mis au rebut une grande partie
de la population mondiale notamment à partir de sa version récente qui va de la
deuxième guerre mondiale jusqu'à nos jours. Son dernier stade qui est
l'impérialisme comme disait Lénine, manie à la fois la loi du plus fort et la
puissance militaire d'anéantissement de toutes les résistances qui s'aventurent
à obstruer son chemin : Les Nations Unies, le FMI, la Banque mondiale et l'OMC, ceci en guise de lois ; les tomahawks, l'uranium 238
faiblement enrichi, les bombes à fragmentation et les frappes chirurgicales en
guise de puissance, c'est selon. Les victimes de ce féroce qui s'est déclaré un
Deus ex machina sont nombreuses. Dans les années 1970, le gouvernement Allende
a gouté au fiel de ce prédateur. Récemment,
l'Afghanistan, l'Irak et la Lybie (avec la complicité des terroristes
intégristes islamistes, les nouveaux harkis de l'entité sioniste) ont eu leur
part de tomahawks, de missiles à l'uranium 238 et la disparition de leur
souveraineté. Son système à ce Deus ex machina s'appuie sur l'économie, la
politique et la guerre. Pour cela, il a inventé le mondialisme qui n'est pas la
même chose que mondialisation.
Le mondialisme
désigne la doctrine économique qui prône l'ouverture des marchés, la
suppression des barrières douanières ainsi que la liberté du commerce et de la
circulation des personnes. C'est avant tout une idéologie dont l'objectif est
d'unifier le monde en détruisant progressivement la souveraineté des Etats-Nations. Cela tombe sous le sens que les Etats-Nations qui se détruisent progressivement sont ceux
les plus obéissants. Quant à ceux qui refusent le mondialisme, c'est la
disparition violente dans les plus brefs délais qui les attend.
La mondialisation
est un terme qui apparaît pour la première fois en 1959 dans le journal « the economist ». Il apparaît
ensuite en français dans le journal « Le Monde ». Il signifie l'accroissement
des flux notamment du volume des échanges commerciaux de biens, de services, de
main-d'Å“uvre, de technologie et de capital à l'échelle internationale et dérive
du verbe « mondialiser » attesté dès 1928. Il se généralise au cours des années
1990, d'une part sous l'influence des thèses d'émergence d'un « village global
» portées par le philosophe Marshalle McLuhan et surtout par le biais des mouvements antimondialistes et altermondialistes
qui sont la société civile. Celle-ci résiste pacifiquement et revendique un monde
dans lequel les échanges entre humains doivent être basés sur la justice et le
respect mutuel. Mais la mondialisation est plus vieille que le concept récent.
Dans l'histoire antique, à titre d'exemple seulement, les Phéniciens, avant la
fondation de Carthage, avaient construit des comptoirs pour le commerce en
Afrique du Nord quand celle-ci s'appelait la Lybie. Ceci
est une mondialisation et c'est naturel. Personne ne peut vivre en autarcie. Le
mondialisme a inventé la religion de l'argent à laquelle, tous les pays sont au
garde à vous. La dictature mondialiste érigée en Prométhée, a imposé le culte
de la modernité abêtissante. Il a aussi développé dans toutes les sociétés du
monde l'esprit et la mentalité du gain rapide et la réussite individuelle. Il a
fétichisé les choses et les marchandises de manière que chacun de nous, a
plusieurs totems à qui il rend grâce à longueur de journées comme l'automobile
chez les peuples qui n'en fabriquent pas. Depuis Pythagore jusqu'à la naissance
des premiers capitalistes, la philosophie de l'être a dominé sans partage la
philosophie de l'avoir. Depuis le développement de ce système, la philosophie
unique qui s'est imposée est celle de l'avoir et de l'avoir plus et de l'avoir
toujours jusqu'à la mort. Le mondialisme est associé à des vices qui, s'ils
servent la consommation minent profondément la liberté, la responsabilité et le
sens civique. Il crée beaucoup de richesse en créant beaucoup d'inégalité et de
misères. La surproduction des nantis va de pair avec le sous-développement du
Tiers-monde. Cette situation est faite pour accélérer la croissance mais elle
cause aussi la montée des inégalités et des injustices entre les sociétés
riches et les sociétés pauvres mais aussi au sein d'une même société. Pour
l'information, 25 millions d'Américains disposent d'un revenu équivalent à
celui de deux milliards d'habitants les plus pauvres dans le monde (PNUD,
2003). Dans ce même pays, 10 % de la population possèdent 80 % des richesses.
J.J. Rousseau a remarqué que plus les hommes modernes ont acquis de puissance,
plus ils ont été malheureux, car les moyens qu'ils ont aussi obtenus pour
assouvir leurs désirs n'ont fait que multiplier ceux-ci au-delà de leur moyens. Le mondialisme pour tromper les sociétés leur
miroite le bonheur du consumérisme afin que celles-ci existent réellement. Je
consomme donc j'existe, c'est cela sa philosophie. Cette philosophie du marché
substitue aux vrais besoins (se nourrir, se vêtir, s'instruire et s'épanouir)
des faux besoins et des désirs fabriqués qui manipulent les esprits pour
vendre. Il n'y a pas de citoyens du monde mais uniquement des consommateurs
mondiaux infantilisés. Comme il n'y a pas d'Etats-Nations
souverains mais uniquement des supranationales et des multinationales. Le
mondialisme distille le poison de la privatisation jusqu'au génome humain,
développe les efforts de vente des marques et installe l'homogénéisation des
goûts au détriment des spécificités de tout un chacun. La liberté que promet le
mondialisme sert d'écran de fumée à la répression. Pour pousser les hommes à
consommer, le mondialisme a inventé le McDonald's et
le Coca-cola. A la place de l'intellect, il nous a imposé le tube digestif.
Afin de concrétiser son projet mondialiste, il a déclaré la métaphysique des
toutes les anciennes traditions et sagesses périmée. Pour combler ce vide, il
nous inventé la métaphysique du McDonald's et du
Coca-cola. C'est son paradis sur terre et on y est convié. Que demandons-nous
de plus ? Un peuple uniquement consommateur qui achète ou pense à acheter,
conçoit ou réalise des souhaits de consommateurs tout le temps, c'est cela la
religion nouvelle du mondialisme. Quand le mondialisme avec son insistance
idéologique de la consommation et son intraitable doxa de la dépense colonise
tous les secteurs de nos vies qui devraient être multidimensionnels, nous
appelons cela, la liberté ! L'économie de marché que préconise le mondialise a
une seule valeur : le profit, une seule activité : acheter, une seule identité
: consommer et un seul monde meilleur : le commerce.
Dans les années
1950, le chef de file des économistes idéologues qui a mis sur pied ce système
du mondialisme Milton Friedmann, enseignait à ses Chicago boys que chaque
théorie économique est un élément sacré du système et non une simple hypothèse
ouverte à la discussion. La propagande néolibérale n'a jamais arrêté de mettre
la fausse prospérité économique du monde à l'actif de M. Friedmann. Pour cela,
il a reçu le prix Nobel d'économie ainsi que sa femme pour services rendus au
mondialisme. Sa stratégie du choc comme l'a appelée Naomi Klein, a fait ravage
dans le monde et on le voit bien aujourd'hui aux USA même. Son premier crime
contre l'humanité avec ses Chicago boys a été le renversement d'Allende et
l'installation de la dictature de Pinochet. Il a été conseiller de Nixon et
avait inspiré Reagan et Thatcher. Dans son livre « Capitalisme et liberté », il
explique sa théorie selon laquelle la réduction du rôle de l'Etat dans une
économie de marché est le seul moyen d'atteindre la liberté politique et
économique. Ses principes du monétarisme, de la privatisation et de la
dérégulation ont été sacralisés préceptes normatifs comme les préceptes de la
religion révélée. Culte de la productivité, fétichisme de la marchandise,
intégrisme du faux progrès, imbécillité et inculture planétaires, en voilà
quelques implications pratiques de la nouvelle religion de Friedmann qui est
censé garantir la liberté politique et économique. Pour réussir nous dit
Friedmann, les transnationales et les multinationales doivent pouvoir vendre
leurs produits dans le monde entier. Les gouvernements ne doivent rien faire
pour protéger la propriété et les industries locales. Tous les prix y compris
celui de la main-d'Å“uvre, doivent être déterminés par le marché, sans salaire
minimum fixé par la loi. La privatisation rampante doit concerner les services
de santé, la poste, l'éducation, les caisses de retraite, les transports, les
sociétés publiques, les banques, la terre, le sous-sol, l'air et même la vie
(génome), une véritable guerre politique, économique et militaire. Les
multinationales et les transnationales ont le droit de chercher des nouveaux
marchés et des nouveaux territoires où que ce soit pour l'enrichissement rapide
quitte à confisquer des pays, des Etats, des terres et des richesses minérales.
Une étude de l'ONU en décembre 2006,
a révélé que les 2 % d'adultes les plus riches du monde
détiennent plus de la moitié de la richesse globale des ménages. L'accumulation
d'une telle richesse par une infime minorité de la population mondiale est
inhérente au système mondialiste de Friedmann.
*Docteur
d'université ancien cadre de la
SNTF
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Posté Le : 06/10/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abdesselam Kadi
Source : www.lequotidien-oran.com