Algérie

« Mon film traite de la déstructuration des rapports sociaux »Chérif Aggoune, réalisateur de « l'héroïne »



« Mon film traite de la déstructuration des rapports sociaux »Chérif Aggoune, réalisateur de « l'héroïne »
« L'héroïne », un film de Chérif Aggoune, a été, samedi dernier, au centre d'une projection-débat avec le réalisateur et les principaux acteurs à la maison de la culture Taos- Amrouche de Bejaïa. Ce long métrage n'a été donné à voir au public que deux fois à Alger, dont une avant-première en mai dernier, pour des raisons de distribution, défaillante en Algérie, comme devait le souligner le réalisateur qui a aussi tenu à s'excuser d'emblée de la qualité de l'image peu satisfaisante de cette projection à partir d'un DVD et dans une salle qui n'est pas un cinéma. Le public aura été plus qu'indulgent à ce propos, s'en tenant au film lui-même qui narre l'histoire de Houria, une femme victime du terrorisme qui se retrouve veuve et doit abandonner sa maison pour d'abord vivre dans la maison paternelle, avant de décider de se prendre en charge et vivre sa vie avec ses enfants à Alger. C'est un film qui se laisse voir, avec sa narration linéaire, ses dialogues sans fioritures, une musique rock berbère agréable, une image qu'on devine bien léchée. Si le public présent a jugé globalement positive cette production, soulignant notamment la performance de l'héroïne, cela ne l'a pas empêché d'émettre quelques critiques, entre autres sur le choix linguistique et de la musique, sur la façon d'aborder la période de terrorisme qu'a vécue le pays durant la décennie 1990, sur le manque d'intensité de la tragédie traitée, de la multiplicité des thèmes évoqués, de la signification du titre du film et, bien entendu, la qualité de la projection. Chérif Aggoune a expliqué à l'assistance que son film traite non pas du terrorisme qui ne sert que de décor pour fixer le contexte temporel de son histoire, mais de la déstructuration des rapports sociaux en Algérie. « C'est l'histoire d'une femme qui réagit instinctivement à des événements à un moment historique qui bouscule la famille et change les valeurs de la société. » Il ajoutera qu'il n'avait pas l'intention de faire de son personnage une héroïne-soldat mais seulement une femme qui fait de l'héroïsme ordinaire face aux vicissitudes de la vie en se prenant en charge et en élevant ses enfants. Assumant le mode de narration linéaire et la simplicité des dialogues, avec des phrases courtes choisies pour leur sonorité et leur pertinence, Chérif Aggoune admet que le fait de raconter une tragédie personnelle dans le cadre d'une tragédie encore vive vécue par tout le peuple en a quelque peu atténué de sa valeur émotionnelle. Pour la qualité de la projection, le réalisateur a invité l'assistance à s'adresser à leurs élus pour qu'ils dotent leurs localités d'une salle de cinéma digne de ce nom.




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