Algérie

Momo, visionnage



Momo, visionnage
A l'époque, c'était extraordinaire. Les débats duraient parfois jusqu'à deux heures du matin et plus. La nuit, il n'y avait aucun moyen de transport. On était jeunes et fauchés.Et on rentrait chez nous à pied et dans la joie. Certains habitaient loin, mais ils venaient quand même. Durant tout le trajet, on continuait à parler du film et on ne voyait pas le temps passer. Ce qui m'a vraiment marqué, ce sont les interventions de Momo (Ndlr : Himoud Brahimi, poète et personnage emblématique d'Alger). Il posait des questions pertinentes et impertinentes qui mettaient les plus grands réalisateurs du monde dans l'embarras. Il avait l'esprit de contradiction?Il intervenait et n'attendait pas les réponses du réalisateur. Dès qu'il avait parlé, il partait avec son petit couffin, son pantalon «loubia» et sa chéchia. Et toute la salle l'applaudissait en riant. (?) L'écrivain Malek Haddad était directeur de la culture populaire et des loisirs et c'était mon responsable. Je me souviens du jour où il m'a dit : «Viens, fiston, on va voir un film ensemble». C'était un film de guerre très spectaculaire dont j'ai oublié le titre. J'étais enthousiasmé.A la fin, il m'a demandé : «Alors, tu penses qu'on peut le programmer '» J'ai balbutié un oui. Et il a éclaté :«Espèce d'idiot, tu t'es laissé prendre ! Tu ne vois pas que c'est un film pro-colonialiste !» Et c'est à partir de ce film qu'il m'a transmis ses orientations. J'ai passé 25 ans dans une chambre noire et je suis fier du travail que nous avons fait en veillant à une large diffusion du cinéma mondial et avec un esprit d'ouverture réel.




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