Le gouvernement avait promis un reprofilage de la dette et des prêts de campagne.
À El Tarf les premières remorques agricoles pleines de tomates mûres en route pour les conserveries ont fait leur apparition. La récolte, arrivée à maturité avec la chaleur de ces derniers jours, a débuté ; elle atteindra son maximum dans quelques jours. Une échéance que redoute le monde de la tomate industrielle. Agriculteurs et conserveurs craignent en effet qu'avec les 13 conserveries toujours fermées, celles qui sont en activité n'arrivent pas à absorber la production et que se renouvelle le scénario de 2005, lorsque des tonnes de tomates ont été jetées en travers et au bord des routes autour de l'aéroport. Une perte économique qui va se doubler d'une perte de confiance.C'est aussi la prédiction qu'a faite récemment au ministre de l'Agriculture un cultivateur d'El Tarf, lors d'une réunion de travail à Alger, lors de laquelle l'on s'est interrogé sur les suites réservées à ces dossiers de reprofilage de la dette préparés par des conserveurs à la demande du ministère. « Ils ont été transmis au ministère des Finances », s'est-on contenté de répondre.Les banques n'ont pas joué le jeu, allant jusqu'à ignorer les orientations du gouvernement. Elles ont préféré financer l'importation de Chine, d'Egypte et de Turquie du concentré de tomate à coup de dizaines de millions de dollars, favorisant au passage quelques privilégiés, plutôt que de redonner vie à une filière qui procurait du travail à près de 100 000 travailleurs, assurait complètement les besoins nationaux et s'offrait le luxe d'exporter. La latitude accordée aux banques et le débridement de l'économie nationale ont fait que cette inestimable richesse d'autrefois est passée aux mains de quelques magnats qui imposent un monopole de fait, avec la complicité des banques.Une position bien assise, qui donne de l'assurance et permet à ces privilégiés d'imposer leur prix d'achat de la tomate fraîche, qu'ils ont fixé à 5 DA/kg. Pour ceux qui s'en souviennent, avant 2005, l'Etat avait dû soutenir ces prix à hauteur de 7,50 DA pour éviter la faillite des producteurs qui avaient contracté des prêts de campagne. L'année d'après, les agriculteurs ont préféré jeter leurs récoltes plutôt que de les vendre au prix de 4,50 DA/kg imposé par les transformateurs.Cette année, des agriculteurs qui avaient abandonné la tomate en ont repris la culture, rassérénés par les conserveurs à qui le gouvernement avait promis un reprofilage de la dette et des prêts de campagne. La production dépassera certainement les 15 000 tonnes, niveau auquel elle est tombée après la fermeture des conserveries et le recours à l'importation massive de concentré, mais les conserveries fermées ne rouvriront pas. Elles ont coûté 26 milliards de dinars à l'Etat. « C'est à se demander si, par son laxisme délibéré, le gouvernement n'a pas fait le jeu du cartel en poussant à la production mais en lui laissant le champ libre de la transformation », observent des producteurs qui ont pignon sur rue et bien au fait des man'uvres en coulisses. Il y a tout juste deux mois, des conserveurs avaient alerté les autorités sur les risques que faisaient courir les banques à la relance de la filière annoncée par le gouvernement.Au lieu d'une réponse claire, audible et convaincante, ce sont des représailles auxquelles ils ont eu droit. Coïncidence ou pas, l'une des 13 unités fermées a été mise en vente par la BEA de Annaba quelques jours après leur lettre adressée au Premier ministre. Une vente pourtant déjà bloquée par voie de justice.
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Posté Le : 15/07/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Slim Sadki
Source : www.elwatan.com