L'Idole Edition d'Azazga vient de produire un nouvel album de l'année 2013 de Mokrane Izumal, intitulé Win ur nessin (L'incompétent) qui est distribué depuis le 13 mars courant chez les disquaires de Kabylie et du centre du pays.
Dans ce produit, Mokrane Izumal, adepte depuis l'enfance de la mandole, cet instrument traditionnel de musique, souvent confectionné artisanalement par la plupart des futurs talentueux artistes en herbe et aux conditions sociales modestes, englobe une variété de huit titres. Ces derniers traitent, à travers la voix limpide du chanteur et une musique adoucie et arrangée d'un synthétiseur, de thèmes divers de la société : le chômage, la mauvaise gestion sociale, l'incitation à l'émigration forcée, même au prix de la vie, le mépris (hogra), la dure réalité qui attend les tentés par la fuite vers d'autres cieux, etc.
Dans un de ses titres, Tihdayin nnegh (Nos filles), Mokrane Izumal interroge la jeune fille kabyle, à laquelle il demande quel est ce défaut trouvé sur le «beau foulard jaune» (amendil awragh) dont ne se départaient jamais nos s'urs et nos mères dans le temps, au point de le troquer aujourd'hui contre un autre habit, plutôt lugubre' Dans Win ur nessin, l'artiste triture à sa convenance le dicton kabyle qui dit, en raillant l'incompétent, «win ur nessin adhikhidh adhizeghzef l'khidh» (qui ne sait guère coudre, étire en longueur le fil).
Dans cet hymne, notre chanteur somme plutôt les «incompétents en couture» à poser fil et aiguille sur la table, en laissant ceux qui sont à la hauteur s'en occuper, au lieu de persévérer dans ce qu'ils sont incapables de réaliser, sachant bien qu'ils compliquent les choses et aggravent plutôt la déchirure.
Les symboles
Toute une symbolique ! Mokrane Izumal, de son vrai nom Ibersiene, quadragénaire natif de Tamassit (Aghribs, dans la daïra d'Azeffoun), consacre aussi dans cet album, le 4e à son actif, un hymne au rythme des fêtes et de la gaieté. Compositeur de paroles et musique, Izumal (les symboles) comme il se prénomme dans sa vie d'artiste, se fait aider par les précieux services de son ami Hichem dans la prise et les arrangements du son, synchronisé au timbre vocal du chanteur.
Auteur de trois autres albums au lendemain des années 1980, Mokrane Izumal, bouleversé par la douleur du foudroyant assassinat de son idole, Lounes Matoub, en 1998, restera, plus d'une décennie plus tard, sans voix, sans muse et inconsolable. «A quoi bon chanter quand on vient assassiner ton idole, un symbole, un géant, une voix d'or de la chanson kabyle ' J'avoue que même aujourd'hui, près de 15 ans après ce lâche crime, je ressens un fléchissement physique complet et y compris de la voix'», nous dira Mokrane, toujours tourmenté.
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Posté Le : 17/03/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Salah Yermèche
Source : www.elwatan.com