Moissonner tout en jeûnant, un défi relevé à Souk Ahras

La coïncidence du jeûne du ramadhan avec la campagne moissons-battage constitue pour les céréaliculteurs de Souk Ahras et d'ailleurs un défi qu'ils n'affrontent que de rares fois durant toute leur vie.Face aux contraintes de la poussière dégagée par les moissonneuses, de la chaleur et de la soif, les agriculteurs, coiffés de chapeaux de paille et de simples "chèches", font preuve de détermination à vaquer à leurs occupations tout en étant incapable de dissimuler une certaine joie de ramasser une récolte qui s'annonce exceptionnelle.Accomplir leur obligation de jeûne tout en 'uvrant à récolter leur production avant qu'elle ne soit altérée par la chaleur est difficile mais ne semble pas impossible, affirment des paysans à l'APS.Excepté quelques jours durant lesquels les températures ont frôlé les 42 degrés, les journées de ce ramadhan ont été pour la plupart clémentes pour les moissonneurs, reconnait le directeur de la Coopérative de céréales et légumes secs (Ccls) de Souk Ahras. Le recours aux moissonneuses batteuses et aux sacs de 100 kg et mêmes aux "big bags" capables de contenir 15 quintaux mécaniquement levés a permis de réduire les efforts physiques pendant la campagne moissons-battage.Pour Moussa, céréaliculteur de la commune de Terraguelt (Sud de Souk-Ahras), les températures qui ont baissé jusqu'à 34 degrés au début de la seconde semaine du ramadhan ont favorisé le déroulement de la campagne mais la remontée du mercure à 43 degrés, ces derniers jours, est devenue particulièrement éprouvante.Nonobstant cela, les agriculteurs poursuivent leur course contre la montre pour ramasser leurs récoltes au plus vite, souvent "boostés" par la crainte de feux de champs dévastateurs.Selon un autre paysan de la ferme Boumaâraf Essebti de la commune de Taoura, les moissonneuses batteuses commencent à tourner au lever du soleil pour s'arrêter vers midi et ne reprendre le travail que vers les coups de 17h00. Il faut surtout bien s'assurer que les épis sont bien secs au risque de se les voir refuser par les centres de collecte, souligne ce fellah.D'autres encore préfèrent moissonner après le coucher lorsque le temps devient plus frais et recourent au projecteur pour ramasser leurs céréales.L'attacheur des sacs et le conducteur de moissonneuse en ligne de frontPour Sadek, ouvrier agricole chargé de l'attachage des sacs de céréales de la commune de Tiffech, le grand problème pour un attacheur de sacs est la poussière dégagée par les moissonneuses qui, parfois, obstrue les narines et le gosier au point d'obliger le jeûneur à prendre une gorgée d'eau pour pouvoir respirer.De l'avis des céréaliculteurs, l'ouvrier attacheur de sacs est parmi toute l'équipe en charge du moissonnage, celui qui subit le plus gros lot de nuisances et de contraintes particulièrement la poussière que laisse derrière elle la moissonneuse-batteuse.Ce labeur est si contraignant qu'il est rémunéré à 700 DA l'heure, assurent ces mêmes agriculteurs.Le manque de main d'œuvre menace les récoltesLes propriétaires d'exploitations agricoles rencontrent souvent des difficultés à trouver des travailleurs pour récolter leurs productions particulièrement durant le ramadhan y compris parmi les populations rurales où le taux de chômage est signifiant.Ces grands agriculteurs doivent souvent recourir à une main d'œuvre hors wilaya qui accepte de vivre et de travailler dans la même exploitation. Les petits producteurs recourent, pour leur part, aux nomades transhumants qui s'installent parfois sur les territoires de leurs communes.Les jeunes expliquent leur refus de ces emplois durs par leur faible rémunération et l'absence de couverture sociale.