Algérie

MOIS DU PATRIMOINE «Madrassat El Falah», l'autre histoire d'Oran



Madrassat ElFalah de M'dina Jdida qui a pu s'incruster dans le panorama local oranais,depuis le milieu des années trente, jusqu'au recouvrement de l'indépendance dupays constitue l'un des jalons phares de l'histoire de la ville d'Oran. C'est lemois du patrimoine, et celui-ci mérite toute l'attention.Année 1935, l'associationdes Oulémas Algériens, délègue à Oran Cheikh Saïd Ezahiri pour la création dela Mederssa, en vue d'enseigner la langue nationale et la religion. A cetteépoque, la langue y était peu ou presque pas enseignée et le besoin se faisaitfortement sentir d'abjurer la religion de tout ce qui lui était étranger commela superstition et les pratiques obscures telles que le maraboutisme. En 1936, un comité de la Mederssa estconstitué sous la férue de Cheikh Miloud El Mehadji et ayant pour membresfondateurs: Tayeb Tsouria, Cherfaoui Habib, Hamou Nafi, Attou Baghdad, BenDjebbar Houari, Semghouni Mohamed, Mekki Abdelkader, Kandsi Houari, AboukebirBaghdad, Baghdad Lechlech, Hadj Cheikh Ahmed et Metahri Sid Ahmed. Cheikh Abdelhamid Benbadis est reçu par cecomité quelques temps après la constitution du comité qui élira domicile dansun local cédé par Cherfaoui Habib. Ce comité, qui travaillera en étroitecollaboration avec les hautes sphères de l'association s'attellera àsensibiliser les citoyens contre les fausses pratiques religieuses de l'Islamqui font le jeu du colonialisme. En effet, la France qui venait juste decélébrer le centenaire de la colonisation ne voulait céder en rien auxmultiples aspirations des Algériens et l'obscurantisme et l'analphabétismeconfortaient cette France orgueilleuse dans sa posture de puissancehégémonique. Le travail de l'association qui a pu se faireconnaître auprès du plus grand nombre, en un laps de temps très court, prenaitde plus en plus de l'ampleur et, de ce fait, il lui fallait un siège beaucoupplus espacé que le petit local de M.Cherfaoui. La maison de Nemiche fut alors cédée pourabriter le siège de l'association au 24 rue Emile Delord, toujours à la villenouvelle. L'achat de la maison a été établi au nom de 120 acquéreurs, simpleastuce pour échapper à la pression de l'administration coloniale qui commençaità regarder du mauvais oeil les activités de cette association. 1937, un nouveau comité est formé composé deHadj Cheikh comme président et de nouveaux éléments firent leurs entrées: GodihBelazreg, Rekik Habib, Brizini Med, Lakehal Ali et Kettaf Abdelkader. Cheikh Abdelhamid Benbadis et Cheikh BachirEl Ibrahimi assisteront quand même à la cérémonie qui fut tenue malgré le refusdes autorités coloniales. Une grande foule enthousiaste assistera àl'installation du nouveau comité dans les locaux prêtés par une autreassociation. Devant le succès du travail de l'associationqui a ouvert des classes pour l'apprentissage de la langue arabe et d'untravail de proximité remarquable fait auprès du plus grand nombre, le comité enentier fut arrêté et interné à Djenien Bouresk du côté de Ain sefra pourIncitation à la rébellion et propagande antifrançaise. En 1943, les internésfurent libérés mais néanmoins toujours surveillés de plus près parl'administration coloniale. 1944, à travers la calomnie et l'opprobre, unecontre-offensive est menée par les tenants des sectes maraboutiques et autresfanatiques accusant le mouvement islahiste d'impie et d'athée. La même annéeCheikh Said Zemouchi qui activait à Mascara est désigné par Cheikh Bachir ElIbrahimi pour prendre la direction de la méderssa. D'autres membres viendronten renfort pour soutenir le travail des islahistes. L'on peut citer SeghirBenali, Sebagh Mohamed, Fatmi Abderahmane, Brixi Djillali, Souiah Houari,Bencherab Houcine, Ouenzar Boumediene et Daouadji Mohamed. Cheikh Zemouchi, rhéteur et pédagogue augrand charisme donnera un nouveau souffle à l'association qui, en dépit desmultiples pressions et autres écueils, a pu donner au peuple une nouvelleraison d'espérer. Les dirigeants de l'association venaient souvent à Oran pour donnerdes conférences sur le vrai visage de la foi. Le succès fut total et 2 annexesverront le jour dans les quartiers populeux d'El Hamri et de Medioni. Uncertain Ketaf Abdelkader, clerc chez un notaire, trouvera pour acquisition unterrain à bâtir au boulevard de l'indépendance, ex-Boulevard Joseph Andrieu,chez un minotier du nom de Benguigui. Le comité achètera le terrain en questionet toute la population cotisera pour construire la mederssa. Les travaux deconstruction furent dirigés par un certain Ghaouti Bendellal, figure de prouedans le travail de bienfaisance, jusqu'à sa mort, et qui venait juste d'êtreélargi du camp de Jeniene Bouresk. La recette des pièces de théâtre, trèsprisées à cette époque, tout comme les dons et les offrandes affluaient departout. Les travaux de boiserie furent confiés aux frères Korso de Tlemcen etle préchaire a été offert par Mohamed Fouatih. En route vers Tlemcen pour le grand jamboréede scout, Ferhat Abbes, Cheikh Bachir Ibrahimmi et Houcine Asla membre du PPA ferontune halte pour prendre déjeuner en compagnie des jeunes scouts. Houcine Aslaprofitera de cette visite pour tenir en compagnie de Ghaouti Bendellal uneréunion clandestine avec des membres du PPA locaux dans le domicile de HammouTahar, frère du Chahid Hammou Boutlelis. Pour célébrer la fête de travail du 1er mai1945, le comité rassemblera tous les élèves de la mederssa pour allermanifester jusqu'au centre ville. L'administration française prit peur etbloqua le cortège à la place Sebastopol (aujourd'hui place Aissat Idir). Devantcette situation, la manifestation dégénère et la police tire sur lesmanifestants. L'on déplore un tué et 3 blessés par balles. Marqués par les évènements de l'Est Algérien,les membres de l'association s'attelleront à recueillir les enfants qui avaientperdu leurs parents durant l'ignoble massacre où pas pas moins de 45.000algériens furent tués. Et beaucoup de jeunes enfants furent adoptés par desfamilles oranaises qui dans un mouvement spontané ont répondu à l'appel del'association sous l'instigation de Kheira Bent Bendaoud. L'activité de lamederssa se développa et les dons affluaient de partout pour sonagrandissement, grâce au travail titanesque de Cheikh Said Zemouchi etl'infatigable Ghaouti Bendellal. Un gala de boxe est organisé entre deuxchampions natifs de la ville, Godih El Houari et Khalfi Boualem, et dont larecette du gala ira renflouer la caisse de la méderssa.Youcef Wahbi, legrand acteur égyptien, et Mohamed Jamoussi le tunisien amèneront dans leursillage la notoriété et l'argent dans les caisses de la méderssa, de même quele match de football qui a opposé à l'occasion les professionnels jouant enFrance emmenés par les Bentifour, Ibrir, Nekkache, Genaoui contre les joueursde l'USMO. Ghaouti Bendellal toujours aussi altruiste que généreux ira jusqu'àhypothéquer sa maison auprès d'une banque pour achever les travaux sur sonpropre compte. Il fut bien sûr remboursé un peu plus tard et en 1950 c'estl'inauguration en grande pompe de la mederssa. Des cars bondés de monde venantde partout pour déverser des flots humains aux abords de l'école. Youcef Wahbi,le chahid Zeddour Ibrahim, professeur dans la méderssa jusqu'en 1956, CheikhBachir El Ibrahimi et cheikh El Yadjouri présideront la cérémonie. La méderssaprodiguera des cours d'arabe de rattrapage, des cours d'éducation physique, lacalligraphie, la menuiserie et la peinture sous la supervision du DocteurNekkache. Les étudiants oranais de la Zeitouna de Tunisprésenteront une pièce de théâtre ayant pour titre »au service du trône». Lesmembres de la troupe étaient Aissa messaoudi, Bensenouci Mohamed, tombé auchamp d'honneur, Affrat Bilal , Abdellila Missoum, Mme Saidani. 1954, un violent tremblement de terre frappeChlef. Said Zemouchi en chef de convoi organisera l'acheminement de l'aide dela population oranaise aux sinistrés. Bien sûr, juste après le déclenchement dela révolution, les cadres de l'association furent surveillés et pistés. GhaoutiBendellal intègrera le réseau «Claude» de Fida qui était en contact avec HadjBenalla en compagnie de deux femmes Zaanane Yamina et Khadija Khatir verséesdans la logistique, le secrétariat et la collecte de fonds. En 1956, Ghaouti Bendellal, arrêté est envoyéau camp d'Aflou ainsi que cheikh Yadjouri emprisonné à Mascara. Cheikh SaidZemouchi est à son tour arrêté la même année. Torturé, il restera 3 mois enprison avant de rejoindre le Maroc, sur instruction du FLN où il mourra en1960. Sa dépouille ne fut rapatriée qu'en 1964. La mederssa fut fermée et cédéeaux forces armées coloniales pour servir de lieu d'interrogation et de torture.La mederssa, après le recouvrement de l'indépendance activera en tant que tellejusqu'à sa reconversion en CEM en 1977. Telles sont les quelques bribes d'histoired'une institution qui a su donner corps et âme aux soubresauts de l'histoirequi gardera du Cheikh Zemouchi et de Ghaouti Bendellal et tous les autres toutle prestige qui sans le vouloir les a auréolés à tout jamais.


Rekik Habib s mon grand pere allah yarhmeh et yarhem tous el 3alama amine
Karim Ali - Hagen, Allemagne

05/03/2012 - 28284

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Voilà : je suis l'auteur de cet article et je devinais à l'avance que le papier en question allait faire beaucoup de frutrés qui n'ont pas vu certains noms évoqués dans l'article.Je suis désolé mais oran mérite d'être évoquée dans ce qu'elle a de plus noble. Merci. J'attends vos commentaires.
lakhal toufik - Correspondant de presse - Oran, Algérie

07/11/2010 - 8115

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Bonjour à tous. Merci Mme "Kalalafate faiza" de votre réponse. Permettez moi tout d'abord de vous présenter mes sincères condoléances pour la perte de votre grand-père. J'aurais tant voulu connaître cet homme car, d'après mon père (allah yarhmou), il était un nationaliste de la première heure qui n'a jamais ménagé ses efforts pour cette noble cause (Algérie indépendante). Par ailleurs, il fût un leader et surtout un bon chef de famille qui veillait toujours sur la bonne éducation de ses enfants. Allah Yarhmou.
Abdessamad IMINE - Professeur Universitaire - Nancy, France

07/11/2010 - 8095

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Bonjours à tous. Ma réponse pour monsieur Abdessamad Imine: oui il s'agit bien des mêmes personnes (KETTAF ABDELKADER et SI BENAHMED ) rahmate allahi alaihouma.
Kalalafate faiza - médecin - Marseille, France

01/11/2010 - 7945

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Bonjour à tous, En effet, l'article est très intéressant car il évoque une époque riche, et pas des moindres, de l'histoire d'Oran qui a été marquée par le combat et le dévouement à une cause noble des personnes cités dans cet article. Je veux juste me tourner aux commentaires de "Kalalafate faiza" sur son grand-père KETTAF ABDELKADER que le bon dieu ait pitié de son âme. Je suis originaire d'Oran et mon père, décédé il y a sept ans, me parlait d'un certain KETTAF qui était dans les années 50 propriétaire de l'Hôtel Olympia (avec Benahmed) sis à côté de la place Garguenta. S'agit-il de la même personne ? Merci de votre réponse.
Abdessamad IMINE - Professeur Universitaire - Nancy, France

25/10/2010 - 7708

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Merci pour cet article,ainsi qu'à toutes ces données historiques importantes et valorisantes de nos ainés . Je voudrais ajouter un mot sur ce certain KETTAF ABEDELKADER!!!! Mon grand père,dénommé ASSI ABDELMADJID,est décédé ce jours le 23-10-2010 à Oran, à l'age de 98 ans. l'Algérie vient de perdre un grand homme,cambatant de la premiere heure aux côtés des grands noms de la révolution,et fervent défenceur de l'identité musulmane algérienne au sein du cercle restrein des oulémas de cette époque.Paix à son âme.Rahima alah ASSI ABDELMADJID.
Kalalafate faiza - médecin - marsseille, France

23/10/2010 - 7675

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Je vous remercie mais je pense qu'il y a beaucoup à dire sur cette mederssa qui a formé une generation de militants d'oranais qui ont servi la révolution . Il faut continuer et perseverer sur l'écriture de notre ville. Bonne continuation
MERIT MD - RETRAITE - ORAN, Algérie

22/10/2010 - 7646

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voila bjr... j conteste larticle et le journaliste ki la fait... son article ... la ...ou il a eu cé information ,en bibliothéque!!! il a cité pas mal de fondateur des amie a mon grand pére... a oran tt les anciens ki on etudié au madarssa... connaisse SI EL HOUARI TAA EL MADARSSA... votre journaliste la il est doue??? Monsieur sorté au térin démandé au ancien ki est ce type de Monsieur... aussi parmie les fondateur du club ASMO... franchement cé déssevant...
LOUNI Mohamed el Amine - commercant - st denis
21/04/2010 - 5182

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