Du 21 au 23 avril courant, l’association a mis le cap sur la vallée d’Oued Labiod dans les Aurès, le temps d’un focus sur ces contrées extraordinairement riches en patrimoine naturel et culturel, mais qui restent peu étudiées.
La vallée d’Oued Labiod, Ighzer Amellal en chaoui, prend naissance au pied du mont Chelia et avance sur plus de 100 km vers le sud. Elle est caractérisée par des sites historiques (Dechret Ouled Moussa et les gorges de Taghit où a eu lieu le premier attentat du 1er Novembre 1954), et des sites naturels et culturels, à l’image des gorges du Rhoufi et les habitats vernaculaires.
Accompagnées par un panel d’experts et des commis sympathiques du ministère de la Culture, les fourmis de l’association ont su aussi fédérer les directeurs de la culture et ceux du tourisme des wilayas de Batna et Biskra, les élus locaux, et de nombreuses associations locales. Une exposition intitulée «Vue et vécue» a permis de faire connaître des gravures réalisées au début du siècle dernier par des voyageurs français, illustrant des paysages et des scènes de vie de la région.
Des sorties champêtres ont été aussi programmées sur les sites du Rhoufi et de M’chouneche, avant que le rendez-vous ne soit clôturé par un Trail populaire auquel ont pris part des athlètes. Le clou de la rencontre est sans doute cette journée d’étude, tenue dans l’excellente auberge de jeunes de Rhoufi, et qui a permis de cerner les enjeux et unifier les points de vue sur de nombreuses questions, notamment celle de savoir comment commencer.
L’objectif est de valoriser cette vallée dont l’architecture, le cachet authentique et la diversité culturelle sont étonnants. L’implication de la population dans l’effort est une condition sine qua non pour la réussite de cette politique, comme souligné par l’ensemble des intervenants. Une gestion collaboratrice, notamment par la mobilisation de la population locale et un appui à l’écodéveloppement sont nécessaires, sachant que des mécanismes d’appui existent et ont déjà été employés dans des sites de l’Ahaggar, a expliqué Brahim Aksas, du projet de conservation de la biodiversité dans les parcs culturels.
Farid Balalou et Alexis Castro, respectivement directeur et expert Senior de l’Unité d’appui au projet (UAP) ont expliqué le lien dynamique entre patrimoine et tourisme, dans le respect de la charte sur le tourisme culturel parce que, il faut le souligner, trop de tourisme peut tuer le patrimoine, sachant la fragilité et le non-renouvellement de ces sites. Les exemples de réussite sont là : dans la vallée du M’zab, 2600 maisons et des centaines de sites ont été restaurés, des chantiers-écoles qui ont permis de régénérer un tissu de métiers, en plus de la sensibilisation de la population.
D’ailleurs, les organisateurs n’ont pas manqué d’inviter les organismes de soutien à l’emploi et le développement local, à l’image de l’ADS et l’Ansej, qui ont montré leur disposition à financer des projets sur place et même à former des candidats. Mais avant de passer à des étapes supérieures de toute démarche, certains pensent qu’il faut parer au plus urgent : arrêter l’avancée du béton. Le maire d’Inoughissen a dénoncé, à l’occasion, le détournement de l’aide à l’habitat rural de sa vocation initiale.
Selon lui, et en l’absence de contrôle de la part des services techniques, les gens construisent au bord de la route nationale et utilisent des matériaux qui défigurent le cachet de la région. Phénomène visible et nuisible à la politique d’intégration de cette région, austère et très pauvre, dans le créneau générateur de richesses qu’est le tourisme.
Parmi les recommandations de cette rencontre, le président de l’association des Amis du Medghacen souligne la nécessité d’ouvrir au moins un chantier de restauration, en pensant en priorité aux greniers collectifs des Qalaâte datant de plus de 4 siècles ; l’objectif, à moyen terme, étant de mettre en valeur trois ou quatre sites capables d’attirer plus de touristes et enclencher un développement plus large.
Posté Le : 09/05/2021
Posté par : patrimoinealgerie
Source : El Watan