Militant infatigable de la cause amazighe depuis l'indépendance de l'Algérie, Mohand Ouremdhane Khacer ne rate aucune occasion pour s'exprimer sur l'avenir de la culture berbère en Afrique du Nord.
ANCIEN journaliste de la chaîne II et membre fondateur de l'Académie berbère en France durant les années 1970, Mohand Ouremdhane qui est à la tête d'une des plus anciennes associations culturelles de défense de la langue de Massinissa en Hexagone, «Afus Deg Wfus», multiplie les conférences et les activités culturelles ces derniers mois dans les universités françaises notamment depuis le vent de la révolution qui souffle sur certains pays de l'Afrique du Nord. Son cheval de bataille est l'union des peuples des pays du Maghreb et la reconnaissance officielle de la langue amazighe à côté de la langue arabe. Le sujet qui lui tient à coeur est le caractère graphique à adopter pour l'écriture de la langue tamazight. Il défend le caractère de tifinnagh en se basant sur de multiplies arguments.
«Aujourd'hui, il est admis que l'écriture tifinnagh constitue une référence et un symbole identitaires. Le choix d'une graphie pour une langue n'étant pas neutre, les caractères tifinnagh constituent une garantie d'authenticité et une spécificité amazighe. Tamazight doit s'écrire avec son propre système d'écriture, c'est-à-dire en tifinnagh. Pourquoi aller chercher ailleurs ce que nous avons chez nous ?», dira-t-il à ce propos. Notre interlocuteur citera aussi la position du linguiste Mouloud Mammeri.
Ce dernier, pour rappel, écrivait dans la préface du livre de Houmma Grammaire berbère (Octobre 1987) : «Nous avons utilisé les caractères latins pour des raisons pratiques mais demain le berbère doit s'écrire en berbère, c'est-à-dire, en tifinagh aménagé, c'est le simple bon sens». Mohand Ouramdhane se dit être fidèle à cette position d'un connaisseur de la trempe de Mouloud Mammeri. «Fidèle à cette grande figure de l'amazighité et défenseur du tifinnagh, les membres de l'association Afus Deg Wfus ont fait un pas dans ce sens en réalisant en 1993 le premier standard des polices de caractères en TIFINAGH issu de l'aménagement de l'Académie berbère avec l'adaptation de deux lettres et l'introduction du W. Il y a deux ans, en passant par la librairie de l'aéroport d'Alger, j'ai trouvé le Coran en amazigh écrit en tifinnagh (Standard Afus Deg Wfus) d'où ma fierté.
Quel caractère choisir ?
«Cette traduction en amazigh a été faite par Remdhan Ath Mensour, un génie de la littérature amazighe», dira Mohand Ouramdhane. Ces derniers temps, les positions de certains militants de la langue amazighe divergent sur le caractère graphique à adopter pour l'écriture de la langue tamazight. Certains défendent le caractère tifinnagh, d'autres le caractère latin et certains à un degré un peu moindre préconisent le caractère de la langue arabe. Mohand Ouramdhane Khacer qui a consacré toute sa vie au tamazigt, milite pacifiquement depuis son jeune âge pour la reconnaissance de cette langue.
Pour lui, le Mouvement amazigh est l'expression d'une revendication identitaire, culturelle et linguistique. «L'ensemble des revendications s'inscrit dans le combat pour la démocratie et le respect des droits de l'homme. La revendication culturelle amazighe demeure indissociable du combat pour cette Algérie libre démocratique», ne cesse-t-il de répéter.
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Posté Le : 02/12/2011
Posté par : infoalgerie
Ecrit par : Par Par Abdenour Igougjil
Source : in Le Temps d'Algerie du 29 Novembre 2011