Algérie

Mohand Amokrane Cherifi, expert auprès de l'ONU «L'intérêt de l'Algérie pour l'Afrique est une constante»



Mohand Amokrane Cherifi, expert auprès de l'ONU «L'intérêt de l'Algérie pour l'Afrique est une constante»
Publié le 07.12.2023 dans le Quotidien l’Expression

Mohand Amokrane Cherifi est une personnalité politique nationale, diplômé des grandes écoles, française (Polytechnique) et américaine (Harvard), avec une longue expérience nationale, au niveau ministériel, et international en tant qu'expert auprès des Nations unies. Il livre ici sa vision de l'avenir des start-up en Algérie, convaincu qu'il est de la pertinence du modèle algérien en la matière. Celui-ci est appelé à rayonner sur le Maghreb, l'Afrique et au-delà. Soutient-il.
L'Expression: Vous participez à cette deuxième session de la Conférence africaine sur les start-up, qui a lieu à Alger, en qualité de représentant de l'Unitar, Agence des Nations unies pour la formation et la recherche. Quel intérêt pour votre institution?

Mohand Amokrane Cherifi: Je voudrais tout d'abord dire que ma présence ici répond à l'invitation qu'a adressée par le ministre chargé des Start-up au Directeur général de l'Unitar, sous-secrétaire général des Nations unies, que je représente ici. J'adresse en son nom mes remerciements au gouvernement algérien pour cette invitation. Je voudrais également rappeler que l'Unitar qui fête cette année le 60e anniversaire de sa création a développé dans un passé récent une coopération étroite avec l'Algérie pour le développement de ses ressources humaines, notamment dans le domaine de la diplomatie, de la gestion des collectivités locales, de la paix et de la sécurité. Le secteur de la jeunesse a été également ciblé, avec un programme spécifique intitulé: formation et accompagnement à l'entrepreneuriat des jeunes diplômés visant la création de start- up. Tout cela s'inscrit dans le cadre d'un accord triennal de coopération Unitar/Algérie signé en 2013 et toujours en vigueur. Lequel accord a prévu également une contribution destinée à la formation des jeunes diplomates du G77, notamment africains. Ceci reflète l'intérêt conjoint de l'Unitar et de l'Algérie pour l'Afrique, qui ne date pas d'aujourd'hui. Cette conférence vient à point nommé pour renforcer cette coopération.

Vous êtes porteur de quelle proposition pour créer et développer des start-up en Algérie?
Rappelons tout d'abord que pour développer des start-up, il faut former des entrepreneurs et les assister pour la création et la gestion initiale de ces entités. À cet effet, l'Unitar a conçu un programme de formation et d'accompagnement à l'entrepreneuriat des jeunes diplômés. L'Algérie a été le premier bénéficiaire de ce programme suite à un accord de l'Unitar avec le gouvernement algérien datant de 2013 et couvrant une période de 3 ans de 2014 à 2016. Ce projet intitulé Ibtikar traduction Pionnier visait à former un millier de jeunes diplômés à l'entrepreneuriat, une cinquantaine de formateurs, avec une formation adaptée à l'environnement économique national, et à donner une visibilité nationale et internationale à ce programme et à ses promoteurs. C'est un modèle à suivre pour les pays africains affectés par le chômage des jeunes diplômés. Ce projet a été mis en oeuvre en coordination étroite avec les institutions algériennes, notamment le ministère du Travail, pour la sélection des candidats, le choix des secteurs ciblés par la formation et l'organisation des séminaires au niveau régional. Ce projet ayant atteint ses objectifs, notre proposition est de le poursuivre dans une nouvelle phase axée sur la formation des formateurs et la formation à distance dans la perspective d'exporter ce modèle à l'échelle maghrébine puis africaine, voire les autres continents. Ma présence à cette conférence vise à exprimer notre disponibilité à réactiver le programme Ibtikar pour répondre aux priorités du gouvernement algérien de développer les start-up et les micro-entreprises en Algérie dans le cadre de l'accord de coopération entre l'Unitar et le gouvernement algérien en vigueur. Les programmes et les formateurs de l'Unitar sont prêts. Ils connaissent le terrain. Ils seront opérationnels.
La prochaine étape est d'étendre ce programme au continent africain dans le cadre d'une démarche conjointe Unitar/ Algérie.

Quelle démarche conjointe Unitar/Algérie en direction du continent africain pour le développement des start- up?
Une prochaine étape vise à étendre le programme Ibtikar au continent africain dans le cadre d'une démarche conjointe Unitar/ Algérie, et ce en deux phases.
Dans une première phase, il est question de la formation à l'entrepreneuriat en séminaires et à distance des jeunes diplômés dans chaque pays africain. Séminaires dans les capitales et extension de la formation au reste du pays par le e- learning. Dans une deuxième phase, il s'agira de la formation des formateurs de chaque pays après sélection des candidats ayant suivi avec succès la formation à l'entrepreneuriat. L'Unitar se tient à la disposition de chaque pays pour tout complément d'information au sujet de cette formation et convenir du cadre de coopération à adopter en fonction des besoins spécifiques à combler. Il suffit de saisir l'Unitar par voie diplomatique du ministère en charge des relations avec les Nations unies pour engager le processus de coopération.

Quelles sont d'après vous les conditions à réunir pour créer et développer des start-up créatrices de richesses, de revenus et d'emplois?
La sélection des candidats est primordiale. Le choix des filières à prioriser et le financement des start-up à créer sont à considérer avec soin, avec la participation des secteurs concernés (travail, économie, finances), l'accompagnement des jeunes entrepreneurs pour la création, le financement et la gestion de leur start-up est une autre condition de réussite. Bien entendu, cela implique une législation favorable. Ce qu'il faut garder constamment à l'esprit est que le développement des start-up est une responsabilité multisectorielle et non du seul ministère chargé des Start-up. Par ailleurs, sans une croissance forte de l'économie, tirée en amont par les grandes entreprises, le marché de la sous-traitance et de l'intégration économique serait insuffisant pour la création et le développement des start-up.
Salim BENALIA



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