Algérie

Mohammed Ben Salmane dans le collimateur de Joe Biden



La Maison-Blanche aurait fait savoir que Mohammed Ben Salmane n'est plus son interlocuteur. Cela confirme les supputations post Donald Trump qui pariaient sur la chute de MBS, le prince héritier qui a la haute main sur toutes les affaires du royaume wahhabite.Son pouvoir personnel ne souffre aucune contestation, jusqu'à sa politique de libéralisation, qui n'a pas manqué de choquer une société hyperconservatrice qui met à l'index une occidentalisation rampante d'une contrée abritant les deux Lieux Saints de l'Islam. Cela lui vaudra, au plan interne, la vindicte populaire. L'affaire de l'assassinat sauvage à Istanbul, le 2 octobre 2018, du journaliste Jamal Khashoggi est l'autre point noir qui ternira à jamais son début de règne.
Accusé d'avoir commandité le meurtre, MBS a suscité une condamnation mondiale unanime. A ce propos, rappelons que lors de son passage à Alger, dans le contexte de cette affaire, le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, avait refusé de le recevoir. C'était début décembre 2018. Hôte encombrant, de nombreux pays ont préféré le bouder. Sauf Donald Trump, le Président américain qui avait déclaré qu'il ne pouvait désavouer son «protégé», au risque de perdre un contrat de vente d'armes de plusieurs centaines de milliards de dollars. Et c'est péremptoire qu'il a fait cette déclaration aux journalistes du Washington Post, journal dans lequel collaborait Jamal Khashoggi.
Au plan régional, l'alignement, yeux fermés, sur les intérêts américains, l'embargo sur le Qatar, et surtout la guerre contre le Yémen ? militairement perdue ? la guerre des nerfs avec l'Iran font que le prince héritier n'a plus bonne presse auprès de la nouvelle administration issue de la présidentielle de novembre dernier. Force est de penser que ces turpitudes politiques ont un effet négatif sur la politique américaine dans la région et son image de marque dans le monde. Les démocrates veulent donc effacer tous les excès du précédent locataire de la Maison-Blanche et donc remettre sur la table les dossiers le plus sensibles, dans une approche progressive. Il y a d'abord cette décision de retirer les Houtis de la liste noire des terroristes, de ne plus soutenir l'Arabie Saoudite dans sa guerre contre le Yémen et donc l'arrêt de toute vente d'armes avec gel des contrats en cours. Les Houtis ont été ouvertement déclarés comme un pion dans la région au profit de l'Iran chiite, qui ne manquerait pas d'ambitions hégémoniques dans la chasse-gardée du royaume wahhabite. C'est pourquoi l'Administration Biden veut changer de fusil d'épaule en se rapprochant des ayatollahs de Téhéran. C'est sur le dossier du nucléaire iranien que va donc s'articuler la réorientation de la politique régionale américaine. Jeudi dernier, les Etats-Unis ont annoncé qu'ils veulent relancer les discussions et ont accepté une invitation de l'Union européenne à des pourparlers en présence de Téhéran. Est-ce le dégel contrastant avec l'intransigeance mise en avant par Trump qui n'a pas hésité à imposer de nouvelles sanctions à l'Iran alors que le coronavirus faisait des victimes par milliers. Ainsi, l'on signale que l'Administration de Joe Biden a annulé une proclamation unilatérale effectuée en septembre 2020 par Donald Trump sur un retour de sanctions internationales contre l'Iran. Si les dirigeants de ce pays pourront profiter de cette embellie dans un monde dominé par la multiplication des foyers de guerre, il reste pour chacun d'imaginer les meilleurs voies et moyens de renouer un contact mis en berne par une diatribe guerrière qui a remis les questions en suspens à la case départ. Il reste que la République islamique entend exercer pleinement son droit sur le nucléaire. C'est dire que les contentieux entre les deux pays ne manquent pas. Téhéran attend des signes de Washington, le premier serait la levée des sanctions imposées à l'Iran depuis plusieurs années.
B. T.


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