Mohammed Ben Ahmed Ben Abou Yahia El-Habbak : Un Savant de Tlemcen au Service de la Science et de la Spiritualité

Mohammed Ben Ahmed Ben Abou Yahia, plus connu sous le nom d’El-Habbak (le passementier), est l'une des figures les plus marquantes de l’histoire intellectuelle et spirituelle de Tlemcen. Jurisconsulte, mathématicien et enseignant, il a laissé un héritage considérable dans les domaines du droit, des mathématiques et de l’astronomie, tout en étant une source d’inspiration pour ses contemporains et ses disciples.

Un érudit aux multiples talents

Né à Tlemcen, El-Habbak s’est distingué par sa maîtrise des sciences religieuses et profanes. Il fut un spécialiste du code des successions et un mathématicien reconnu pour son expertise en arithmétique. Parmi ses élèves les plus célèbres figure l’imam Mohammed Ben Youssef Es-Senousi, un des piliers de la pensée islamique maghrébine. Ce dernier, selon son disciple El-Mellaly, a étudié sous la direction d’El-Habbak des sujets aussi complexes que l’astrolabe et les mathématiques appliquées.

Un contributeur éminent à la science et à la poésie

El-Habbak est l’auteur de plusieurs œuvres notables, notamment :

• Un poème didactique sur l’astrolabe, intitulé Objet des désirs des étudiants touchant la science de l’astrolabe, composé sur le mètre redjez.
• Un commentaire du Telkhis d’Ibn El-Benna, une œuvre fondamentale en mathématiques.
• Une mise en vers du traité d’Es-Saffar sur l’astrolabe, mettant en lumière l’importance de cet instrument dans l’astronomie médiévale.

Son savoir ne s'arrêtait pas aux sciences exactes : El-Habbak a également rédigé un commentaire sur la Tlemceniya, un ouvrage traitant du partage des successions. Ces contributions témoignent de sa capacité à allier sciences théoriques et pratiques, tout en servant les besoins sociaux et religieux de son époque.

Un héritage spirituel et intellectuel

El-Habbak fut non seulement un érudit, mais aussi un homme pieux et respecté pour son intégrité. Il a contribué à former une génération de savants, laissant une empreinte indélébile sur les disciplines qu’il a enseignées. Sa maîtrise des sciences et son rôle en tant que professeur ont renforcé la renommée de Tlemcen comme centre intellectuel et spirituel au Maghreb.

Une fin honorée par les générations

El-Habbak quitta ce monde en l’année 867 de l’Hégire, correspondant au 26 septembre 1462. Sa mémoire reste vivante grâce aux écrits et aux témoignages de ses contemporains, notamment ceux d’El-Ouenchericy et d’El-Mellaly, qui ont souligné l’importance de ses œuvres dans la transmission du savoir.

Conclusion

Mohammed Ben Ahmed Ben Abou Yahia El-Habbak incarne l’excellence académique et la spiritualité profondément enracinée dans le patrimoine algérien. Ses travaux, à la croisée des sciences et de la foi, restent un modèle d’intégration harmonieuse entre savoirs religieux et profanes. Tlemcen, sa ville natale, peut s’enorgueillir d’avoir été le berceau d’un savant dont l’héritage continue d’inspirer les générations.