Algérie

Mohamed Yousfi : «La grève reste le seul moyen pour réclamer des droits»


- Comment évaluez-vous les deux premières journées de grève 'La grève a bien démarré. La mobilisation est intacte, avec des taux de suivi reflétant la mobilisation des médecins spécialistes autour de la plateforme de revendications brandie par le SNPSSP. Le taux de suivi a été de 75% sur l'ensemble du territoire national. Aujourd'hui (hier, ndlr), le taux est en hausse. Il atteint les 80% en moyenne. Pour nous, cela dénote de la détermination des médecins spécialistes à défendre leurs droits et à la sauvegarde du système de santé publique, malgré les intimidations de la tutelle et la transgression des lois de la République garantissant le libre exercice de l'activité syndicale.
- Le ministère de la Santé ne montre apparemment aucun signe favorable à une quelconque solution. Y a-t-il eu des contacts depuis le déclenchement de la grève '
Il n'y a pas de respect des normes universelles de dialogue. La tutelle nous a habitués à ce que nos droits ne s'arrachent qu'avec les pressions et les préavis de grève. Malgré les assurances, le ministère n'a octroyé aucun droit sans un mouvement de protestation ou des pressions exercées par les partenaires sociaux.
- Le syndicat a évoqué la possibilité d'opter pour une grève illimitée. Cette menace est-elle toujours d'actualité '
Comme convenu au cours de notre dernier conseil national, une grève de trois jours est envisagée les 11, 12 et 13 mars, et si la tutelle persiste dans sa fuite en avant, ce sera la grève illimitée à partir du 19 mars. Pour le moment, nous n'avons eu aucune offre de dialogue. Le SNPSSP tire la sonnette d'alarme sur ce qu'il appelle la destruction du système de santé publique.
- La grève fait-elle bien passer le message '
Le système de santé publique est en train d'être démoli par les agissements des différents responsables qui se sont succédé depuis plus d'une décennie. Les chiffres sont là.
Sur les 8000 spécialistes de santé publique, 8% ont une ancienneté de plus de 20 ans. Ce qui veut dire que les médecins les plus expérimentés ont fui le secteur et rejoint d'autres pays. Les jeunes médecins qui exercent sont privés de l'expérience de leurs aînés et cela se répercute sur la qualité de la prise en charge du malade. Le SNPSSP ne veut pas être complice de la destruction de ce système de santé publique.
- Etes-vous optimistes quant à l'aboutissement de vos revendications '
Si nous n'étions pas optimistes, nous ne serions pas en train de lutter pour nous faire écouter. Nous sommes convaincus que nous défendons une cause et cette cause est juste, tout le monde le reconnaît, y compris le président de la République. Malheureusement, la grève reste le seul moyen pour réclamer nos droits, en l'absence d'autres canaux.
Ce qui est malheureux aussi, c'est le fait que les médecins spécialistes soient contraints de faire grève pour protéger leurs acquis et défendre leurs droits les plus élémentaires, au lieu de lutter pour améliorer le cadre de travail et le développement de la recherche. Comme je l'ai dit au début, la grève est le seul moyen d'expression, l'échelle des valeurs étant bafouée.
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