Mohamed Yargui est un jeune cinéaste, lauréat de plusieurs prix dont l'Ahaggar d'or du court métrage en 2007 pour son film Houria, lors du premier Fifao (Festival international du film arabe d'Oran).
-Dans quelle mesure la Cinémathèque vous a aidé dans vos choix, notamment pour devenir réalisateur de cinéma '
J'ai découvert le cinéma à la Cinémathèque de Béjaïa. Je venais d'entrer en première année au lycée et, lors des récréations, des élèves des classes supérieures parlaient des films qu'ils avaient vus, ce qui m'avait intrigué au départ. Chacun des établissements de la ville avait un quota de billets d'entrée qui étaient vendus par les élèves. L'ambiance était passionnante. La Cinémathèque a offert un espace spécifique aux lycéens, où ils pouvaient choisir des films, les visionner et en débattre. C'était un espace d'expression plus que d'analyse ou de critique académique. Il n'y avait ni norme ni restriction. Je ne ratais presque aucune projection. J'ai vu des films qui n'étaient proposés nulle part ailleurs, et cette période m'a permis d'avoir un regard sur un cinéma dont le contenu m'interpelle encore aujourd'hui. Happé par le plaisir du cinéma, je me suis vite inscrit à des cours traitant des techniques cinématographiques à la maison de la culture de Béjaïa. J'ai par la suite suivi des ateliers pour pouvoir m'exprimer à travers mes courts métrages.
-Avez-vous une idée sur le fonds de la Cinémathèque algérienne '
En ce qui me concerne, tout ce que je sais sur le fonds de la Cinémathèque se résume aux films que j'ai pu voir, à savoir un fonds diversifié entre films français classiques ou ceux dits de la nouvelle vague, films polonais, soviétiques, égyptiens et bien sûr algériens. Une diversité qui ne peut qu'intéresser tout cinéphile ou cinéaste.
-A votre avis, quels sont les liens qu'un cinéaste, vous ou les autres, devrait entretenir avec cette institution et quelles sont, selon vous, les perspectives pouvant être envisagées pour réactiver la culture cinématographique en Algérie '
Je dirais un lien de proximité. La Cinémathèque est le milieu naturel où devrait baigner tout cinéaste. Mon souhait, c'est de trouver à notre disposition un espace où on pourrait accéder à ce fonds filmique impressionnant, mais avec une possibilité de visionnage à la demande. Le fait de découvrir ou de redécouvrir ces classiques du cinéma mondial ne peut que nous servir dans notre formation. La culture cinématographique est avant tout un environnement et une chaîne à respecter : c'est tout d'abord très important de faire découvrir le cinéma à l'école. Ensuite, il faut encourager les écoles de cinéma avant de passer à la production. Il reste à régler le problème de la distribution des espaces de diffusion à grande échelle. Nous avons donc cette chance de redémarrer, faisons-le sur de nouvelles bases.
Posté Le : 03/01/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Djamel Benachour
Source : www.elwatan.com