Algérie

Mohamed Salah Boultif, P-DG de la compagnie aérienne, à 'Liberté' '20% D'Augmentation pour le personnel d'Air Algérie'



Dans son premier entretien accordé à la presse, Mohamed Salah Boultif, nouveau P-DG d'Air Algérie, évoque les ambitions de la compagnie, sans omettre d'en reconnaître les faiblesses. Il en ressort en substance un nouveau plan de développement qui augure un redéploiement pour se préparer à entamer le trafic de 'sixième liberté'. Le nouveau maître à bord du pavillon national parle aussi de restructuration, de revalorisation salariale, de critères de recrutement plus rigoureux et de la mise en place d'un nouveau système d'information.
Liberté : Bientôt quatre mois après votre investiture à la tête d'Air Algérie, que vous connaissez parfaitement pour y avoir travaillé par le passé, quelle est votre première appréciation '
Mohamed Salah Boultif : La compagnie a, en effet, beaucoup changé. Elle a pris du poids en termes d'effectif puisqu'en 2003, le personnel tournait autour de 6 500 pour se retrouver aujourd'hui à 9 400. Il y a eu aussi le renouvellement de la flotte qui a commencé à partir des années 2000. Il a été question en premier lieu d'avions de la nouvelle génération type B737-600 et B737-800 et ensuite d'Airbus A330 et des ATR et, plus récemment, on a complété avec des avions NG, notamment les B737-800 et des ATR dont les derniers ont été reçus cette année. La flotte est portée actuellement à 42 avions dont la moyenne d'âge ne dépasse pas huit ans hormis pour trois B767-300 et un Hercule (fret) qui vont être remplacés. J'ai remarqué aussi une inflation en matière d'organisation avec 18 directions centrales, quatre divisions et un secrétariat général.
Ce qui a engendré quelque dilution des responsabilités. Sur ce chapitre, il y a certainement des corrections à apporter. En somme, il y a beaucoup de chantiers à ouvrir, y compris en matière de modernisation des logiciels, en créant à travers tout cela des synergies compatibles. Il y a lieu de citer, par ailleurs, la nécessité de mettre en place un nouveau système d'information plus fiable à travers une seule structure. Pour ce qui est du volet commercial, force est de constater que la compagnie a perdu beaucoup de parts du marché, notamment sur le réseau France qui est le plus dominant et pèse 61%, à cause de la concurrence qui est revenue depuis quelques années ; elle est assez performante et agressive. Des pertes qui ne s'arrêtent pas là et continuent sur la Turquie et sur l'Espagne. Les charges ont augmenté et les produits ont baissé. Fort heureusement, la compagnie s'est lancée, en parallèle, sur le long courrier (Montréal et chine), et c'est une bonne chose. Cela lui a permis quelque part de rebondir, mais ça nous éloigne d'un autre mode de trafic dit de 'sixième liberté' (trafic de transit) adopté par toutes les compagnies modernes. Même sur le réseau intérieur, le trafic a baissé de 14%, concurrencé par le chemin de fer et essentiellement par l'autoroute Est-Ouest, et la tendance va s'accentuer surtout sur la bande nord. À nous de chercher de nouvelles perspectives.
Qu'en est-il des négociations avec le personnel navigant commercial (PNC) qui demande, entre autres, une augmentation dépassant les 100% '
La démarche préconisée concernant la revalorisation de 20% du salaire de base a été entérinée par le conseil d'administration pour l'ensemble du personnel de la compagnie, valable à partir du mois en cours avec effet rétroactif à partir de juillet 2011. Pour le PNC, le dernier PV de septembre atteste que nous avons admis le principe de quelques corrections sur différentes indemnités et le travail sur le statut reste en cours. L'entreprise s'est également engagée pour améliorer la situation socioprofessionnelle de tous les travailleurs. Il est question, entre autres, d'un nouveau siège pour la compagnie qui est en cours de réalisation, en plus d'un bloc d'opération aérienne qui viendrait améliorer les conditions de travail de nos navigants essentiellement, et ce, au niveau de l'aéroport international d'Alger. De tout cela, il y a eu une résolution prise par le CA qui a décidé de lancer un audit du système de rémunération de l'entreprise et d'aller vers une meilleure hiérarchisation des salaires avec une grille de salaires plus simple, plus automatisée et plus transparente.
L'affaire des 600 000 euros et, récemment, un steward arrêté avec un kilogramme de cocaïne. La compagnie a-t-elle pris des mesures pour mettre un terme à ces scandales qui écorchent davantage son image '
Il est clair que je déplore de tels actes qui portent atteinte à l'image de la compagnie, mais ça reste un acte individuel et l'enquête suit son cours. Dès que nous serons officiellement saisis, nous prendrons les mesures qui s'imposent à l'encontre des contrevenants au plan administratif. Il faut savoir que le scanner existe à la sortie du PN, mais il faut croire que cela ne suffit pas. Toujours est-il que des contacts sont pris avec les douanes pour réfléchir sur l'adoption de nouveaux garde-fous afin de mettre un terme à ces dérapages.
Tassili Airlines va opérer sur le réseau domestique dès la fin de l'année. Est-ce que vous allez vous partager le marché national '
Nous entretenons de très bonnes relations avec cette deuxième compagnie nationale publique qui pourrait être, à la fois, complémentaire et concurrentielle. L'un n'empêche pas l'autre, et ce, dans l'intérêt du passager qui aura plus de choix.
Cela impliquera inévitablement de meilleures prestations et des tarifs plus intéressants, notamment pour ce qui est des villes du sud. Notre coopération, qui, je l'espère, se développera davantage dans le futur, se décline sur plusieurs niveaux, à savoir la maintenance que nous assurons pour le compte de Tassili (4 avions), la formation, la qualification en vol et un simulateur que nous mettons à sa disposition. Il nous arrive aussi de louer des avions auprès de Tassili Airlines quand le besoin se fait ressentir. Le réseau domestique, et c'est le cas de le dire, avait bel et bien besoin d'une seconde compagnie. Le pays est tellement vaste et nous possédons 36 aéroports.
70% des parts du marché à l'international proviennent de l'Europe. Pourquoi demeure-t-on absent du marché africain '
On ne peut parler d'absence, mais plutôt d'une présence insuffisante, surtout par rapport à nos voisins, notamment marocains. Cela s'explique par le fait que ce ne soit pas un trafic de point à point. C'est plus un trafic de transit dit de 'sixième liberté' que nous avons abordé au début de cet entretien.
Il y a quelques années, la situation était meilleure mais il faut dire que nous n'avons pas su garder le cap en saisissant l'opportunité de la disparition d'Air Afrique de l'époque et se placer. Mais rien n'est perdu puisque nous sommes en train de réfléchir sur le développement de ce trafic de transit émanant du sud des pays africains et essayer de sortir de ce qu'on dessert traditionnellement, en l'occurrence l'Afrique de l'Ouest et, pourquoi pas, aller sur l'Afrique centrale ou l'Afrique de l'Est.
Surtout que l'infrastructure aéroportuaire s'y prête aujourd'hui et cette étude est menée conjointement avec les responsables de l'aéroport international d'Alger et qui aboutira certainement à un accord de partenariat pour développer ce nouveau type de trafic. Il est clair que nous ne pourrons pas se suffire indéfiniment du marché sur la France.
Encore aujourd'hui, le pavillon national traîne une mauvaise réputation : des prestations de mauvaise qualité, des retards interminables. Comment comptez-vous procéder pour y remédier '
Le pavillon national, quoi qu'on en dise, a relevé d'énormes défis dans les moments les plus durs où l'Algérie a fait l'objet d'un embargo. Ceci ne justifie pas pour autant le manque de rigueur qui a porté atteinte à la réputation de la compagnie. La véritable bataille, à mon humble avis, se situe essentiellement au niveau de la ponctualité qui se répercute sur la correspondance, si correspondance il y a.
La compagnie s'attelle à améliorer son score en la matière et les résultats sont encourageants. En août 2010, le taux de ponctualité était de 37,89% pour atteindre les 63,44% en août dernier, et la tendance du mois de septembre va en ordre croissant, ce qui n'est pas négligeable. Je reconnais, en revanche, un grand déficit en matière de formation du personnel, ce qui se répercute sur l'accueil en général, en plus du manque de rigueur que nous allons corriger. Et là, on peut parler franchement de reprise en main des critères de recrutement qui vont être pratiqués désormais et qui seront plus rigoureux, en plus de l'application du règlement intérieur.
Est-il question d'un plan de développement de la compagnie et avec quels délais (investissement, renouvellement de la flotte, gestion de l'entreprise) '
Il est bien question d'un plan de développement quinquennal qui va nécessiter la mobilisation des ressources, aussi bien financières qu'humaines. Il y aura aussi un business plan qui implique des prévisions de trafic, de recettes, de charges, etc. mais l'objectif principal de ce plan vise le redéploiement. je m'explique : le redéploiement concernera la formation qui sera capitale, mais aussi le transit qui viendra compléter le trafic actuel.
La flotte, quant à elle, connaîtra juste un complément et on continuera à affréter des avions puisque nous sommes confrontés beaucoup plus à un trafic saisonnier. Nous devons aussi procéder au recouvrement de nos créances aussi bien en Algérie qu'à l'étranger, et elles sont relativement importantes et se chiffrent en milliards de dinars, pour renflouer notre trésorerie. Le processus de la restructuration a été, en effet, entamé mais non réellement concrétisé. La question reste toujours d'actualité et nécessite un examen rapide. Il est fort possible que nous ne reprendrons pas les mêmes filiales.
Qu'en est-il pour l'ouverture d'un direct Alger-New York '
Je dirais tout simplement que c'est encore à l'étude et l'ouverture reste conditionnée par un accord aérien. Restera à définir si ça va être un direct sur New York ou un produit combiné via Montréal. Le détail sera résolu au moment opportun. En attendant, j'estime que nous devons nous préparer pour l'Open Sky. En tant que premier responsable d'Air Algérie, je dirais que nous ne sommes pas prêts et notre pire ennemi est le temps. Nous ne pourrons pas repousser indéfiniment cette échéance et les prémices se font déjà ressentir. Je ne serais pas étonné, d'ailleurs, que nos déboires avec le programme Safa soient justement liés à cette histoire d'Open Sky. Fort heureusement que la compagnie a repris les choses en main et je peux dire que nous sommes à l'abri. Les reproches d'hier ne sont aujourd'hui que de simples observations.
N. S.
Bleazy-Hd 11-10-2011 10:07
hall29 11-10-2011 08:03
Kamel de Montreal 11-10-2011 05:13
bon vent 11-10-2011 04:36
DJABN 11-10-2011 04:27
karim1 11-10-2011 03:20
cartier 11-10-2011 02:54
bmo 10-10-2011 23:48
madrich 10-10-2011 23:06
diaa 10-10-2011 22:50


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