Mohamed Khettab, un bienfaiteur au service de la cause nationale

Ayant émigré, à l’appel de son frère, au Maroc où il  est devenu un gros propriétaire terrien, cet homme qui a su compenser son manque de diplôme par la foi, l’intelligence et un travail acharné pour s’élever dans la hiérarchie sociale, a mis sa fortune à la disposition de l’association des Oulémas de Abdelhamid Benbadis et à la cause nationale dès le déclenchement de la guerre de Libération nationale. Ami du roi Mohamed V, c’est au Maroc qu’il a été enterré en 1964. Précurseur du Maghreb, selon un livre de Farouk Benatia, Si Mohamed Khettab aidait déjà, dans les années 1940, financièrement les partis nord-africains.
Pendant la guerre de Libération, en sus de sa contribution à la lutte armée par un grand soutien financier, il n’a pas hésité à prendre en charge des responsables du FLN. Il a mis à la disposition de l’Algérie ses fermes, près de Kenitra, en les transformant en bases d’entraînement et en dépôts d’armement. Il a même accompagné Boussouf lors de missions d’achat d’armes à travers plusieurs villes d’Europe. Sollicité par Abane Ramdane, il a accueilli chez lui beaucoup de cadres du FLN, Boussouf, Krim Belkacem, Boumédiène, Ben Yahia et Ferhat Abbas, pour ne citer que ceux-là. A El Milia, lors d’un voyage au pays natal, en 1940, il a bâti une médersa et pris en charge la construction de plusieurs écoles coraniques dans diverses localités.
L’œuvre de Si Mohamed Khettab reste pourtant ignorée en Algérie et dans sa ville natale. L’école qui portait son nom dans cette ville a été démolie et depuis aucun autre établissement n’a été baptisé en son nom, ne serait-ce que pour rendre hommage à son action de bienfaiteur au service de la cause nationale.