L?événement ne manquera pas de faire des satisfaits : le Marathon des mots sera organisé à Toulouse et aura cette année pour invité d?honneur : Alger. Cette manifestation, qui se tiendra du 11 au 15 juin 2008, sera, selon Olivier Poivre d?Arvor son président et fondateur, consacré « aux littératures des Sud ». Kacimi Mohamed El Hassani, écrivain au long cours, y participera. La rencontre avec Kacimi, un écrivain natif de Bou Saâda, avec son public algérois au Centre culturel français, a été des plus instructifs. Le « modérateur » qui n?est autre que son ami Ameziane Ferhani qui « l?avait rencontré sur les marches du restaurant universitaire Amirouche », le « point de chute » des étudiants prolos de la Faculté centrale. Kacimi, natif de la localité d?El Hamel, peut se targuer d?une ascendance « noble », lui qui a grandi dans une zaouïa mais s?en réclame-t-il ? Nullement. A cette terre aux confins du désert, il reste néanmoins attaché même si elle n?est pas aujourd?hui celle qu?il a connue, les « transformations » ont détruit l?aspect architectural. Si, pour Kacimi les séquelles, mot qu?il renie, peuvent être détectées c?est sûrement dans l?image qu?offre sa ville par Etienne Dinet et ceux qui s?en réclament. Pour lui elle ne peut prétendre rendre compte de la réalité, celle à laquelle il avait été confronté étant enfant. De toutes les cultures et leurs apports dont il s?imprégna tout petit sont celle des siens, puisqu?il étudiera dans une école coranique et dans une école des Européens. Le départ des colons en 1962 a-t-il signifié l?abandon de « l?écriture » ? Pas si sûr, malgré la fugue de l?école dont furent coupables les siens, rattrapés par la tribu. Que de chemins ont été parcourus par l?auteur depuis son enfance à El Hamel : de France à Aden en passant par Jérusalem. L?auteur expliquera cet « engagement » dans des anecdotes bien senties. La maison qu?occupait Rimbaud à Aden, qu?il avait tenté de récupérer, fut cédée et un écriteau où l?on peut lire « Rombo » du nom du héros américain barre l?entrée. Le père de Rimbaud, qui en Algérie a commencé l?écriture d?un lexique réclamé par Rimbaud fils, a été touché par la grâce. Jérusalem a été l?autre endroit où s?est retrouvé « travaillé au corps » l?auteur. Il narrera sa rencontre avec des étudiants que l?universalité intéresse, comme partout ailleurs. « L?islam n?est que ce qu?en font les musulmans », cette phrase peut s?appliquer à l?arabité. L?image que donne l?autre est celle que nous lui donnons, insiste Kacimi. Le Libano-Palestinien Edouard Saïd ne trouvera pas toujours grâce aux yeux de l?écrivain d?El Hamel, sur certains points liés à la vision orientaliste réductrice de l?Arabe à ses yeux. « L?Oriental n?est que ce qu?il offre à voir », assure en substance Kacimi, qui évoquera le regard porté, depuis le philosophe Eschyle jusqu?à Malraux sur l?Arabe. Du Mouchoir, roman sorti en 1987, quel parcours ! Un deuxième livre puis un troisième, avant de bifurquer, comme l?assure M. Ferhani, vers un autre mode d?écriture qui lui vaudra des satisfactions telles que sa pièce théâtrale en 1962. L?adaptation du roman Nedjma et sa mise en scène par les acteurs de la Comédie française, le « temple de la langue française », fera sortir de ses gonds B. B. (Brigitte Bardot) qui y a vu une « bougnoulisation » de la culture française. Refusant de répondre, Kacimi verra dans son action et les réactions de quelques franchouillards le refus d?un melting-pot.
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Posté Le : 29/03/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Nadir Iddir
Source : www.elwatan.com