Le professeur Mohamed Hichem dirige le laboratoire de bioressources marines du département des sciences de la mer à l’université Badji Mokhtar de Annaba.
- Comment expliquer la mort de ces dizaines de poissons, et ce phénomène est-il particulier aux barrages?
Les épisodes de mortalité massive de poissons surviennent aussi bien en zones marines côtières que dans les lacs naturels ou artificiels (barrages). Les raisons sont souvent naturelles, induites par des conditions d’anoxie suite à une élévation de la température et/ou par une eutrophie des eaux dues à une abondance d’éléments nutritifs dans le milieu. Les causes artificielles, comme la pollution chimique, peuvent aussi en être responsables, sans écarter les cas de maladie comme cela a été le cas récemment concernant les mérous et les badèches sur nos côtes Est et Centre où l’agent causal était un virus.
- D’où viennent ces espèces de poissons, comme la carpe ou le carassin et sont-ils une menace pour la faune aquatique?
La carpe comme le carassin sont des poissons qui existent en Algérie depuis très longtemps, mais ne font pas partie de sa faune naturelle. Il s’agit d’espèces introduites. D’après les données historiques, la première est arrivée en 1860 dans les oueds de la Mitidja dans le but de développer la pêche continentale et s’est par la suite répandue sur tout le territoire, la seconde en 1930 dans un but ornemental. Même si les exemples de menace des espèces exotiques sur la faune et la flore locale sont nombreux dans le monde, les risques que poseraient ces espèces pour le patrimoine biologique national n’ont jamais été mesurés. Seules quelques observations sont rapportées. Beaucoup de travail reste donc à faire.
- Y a-t-il un rapport entre la qualité des eaux des barrages et la mort de ces poissons?
Non, la qualité des eaux des barrages ne peut pas être incriminée dans tous les cas. Le risque est permanent et l’apparition de tels phénomènes peut être le résultat du concours de plusieurs facteurs naturels seuls ou associés à des causes anthropiques (rejets de polluants ou même de fertilisants en grandes quantités). Afin de les prévenir, une veille permanente et une surveillance continue sont des mesures nécessaires. En effet, les activités sur les bassins versants jouent un rôle primordial dans le déterminisme de la qualité des eaux des barrages. Enfin, il faut savoir que les poissons sont des animaux qui peuvent eux aussi tomber malades et si certaines conditions environnementales sont réunies, l’épidémie s’installe rapidement. Sa maîtrise est souvent impossible, s’agissant de milieux ouverts.
- Ce genre de phénomène est-il observé dans d’autres pays?
Oui, les exemples sont nombreux et les causes sont diverses. Dans le cas présent, il est difficile de se prononcer tant que nous n’avons pas de données chiffrées sur les caractéristiques physiques et chimiques du milieu et tant que certains examens ne sont pas réalisés sur les animaux atteints.
Slim Sadki
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Posté Le : 09/07/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Entretien par Slim Sadki
Source : El Watan.com du vendredi 5 juillet 2013