Djelfa - Mohamed El Habib Hachelaf


En dehors des artistes et des connaisseurs, sa contribution précieuse à la poésie et à la musique algériennes demeure souvent ignorée du grand public. Considéré comme un grand — sinon le dernier —maître de la poésie melhoun, ses écrits figurent au répertoire de grands interprètes. Il a ainsi apporté son concours à El Anka, Abderrahmane Aziz, Cheikh El Hasnaoui, Seloua, Dahmane El Harrachi, Nora, Driassa, etc. comme à plusieurs artistes marocains ou tunisiens. Il est entre autres l’auteur de la chanson Djazaïria , écrite à l’indépendance et interprétée par Mohamed Lamari sur une musique de Djillali Haddad.

Pendant plus de quarante ans, en tant que producteur de plusieurs émissions radiophoniques, dont une pour les enfants, il a œuvré inlassablement à la sauvegarde et à la dynamisation de la culture populaire algérienne. On peut affirmer qu’il a sauvé de l’oubli des pans entiers de ce patrimoine par son activité médiatique mais surtout ses publications. On lui doit une Etude sur le djafr dans la poésie populaire maghrébine, un recueil intitulé Nouba rahouia , un ouvrage sur Les confréries musulmanes en Algérie, une Anthologie de la musique arabe ainsi que plusieurs autres écrits et contributions dont un Dictionnaire des sommités de la poésie populaire .

Après son décès, en août 2005, les éditions Alpha ont publié à titre posthume son fameux ouvrage El Haoufi, chants de femmes d’Algérie dans lequel il apporte un hommage et un éclairage extraordinaires sur ce genre et bat en brèche bien des préjugés misogynes. On peut lire notamment en introduction : «Pour des raisons inavouées, il y a des gens qui s’efforcent de faire admettre que la société algérienne est une société d’hommes dans laquelle la femme vit loin de toute activité culturelle (et politique).»

Mohamed Hachelaf a été membre du conseil de l’Office national des droits d’auteur où il a défendu avec rigueur le patrimoine et les artistes. Il a été également membre fondateur de l’Association de la protection du patrimoine musical algérien et du festival de Sidi Lakhdar Bekhlouf, poète mystique dont il était un admirateur et un irremplaçable connaisseur. Sa mémoire prodigieuse, alliée à une pratique constante de l’écriture, lui ont permis, avec une grande discrétion et une rare droiture, de se positionner comme un homme de culture de premier plan.

La publication de l’ensemble de ses œuvres serait aujourd’hui à la fois une reconnaissance envers lui et une contribution non négligeable à la culture algérienne.


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