Par ses mots, sa poésie ardente, ses interpellations, il a recomposé les silhouettes comme il a offert des visages précis à ces ombres rejetées le plus loin possible des cités où les hommes et les femmes se cachaient derrière les rideaux. Mohamed El-Habib Hachelaf mérite, aujourd'hui, de renaître dans nos mémoires, 9 ans après avoir quitté ce monde, le 1er août 2005, à l'âge de 81 ans. Natif de Djelfa, en octobre 1924, celui qui allait devenir un monument de la culture algérienne s'est inspiré, depuis son jeune âge, des œuvres de figures emblématiques de la poésie populaire, comme Mostefa Ben Brahim, Sidi Lakhdar Benkhlouf, Ben M'sayeb, Boumediene Bensahla... Leur succédant, il atteindra le podium pour marquer de son empreinte un passage glorieux dans cette poésie appelée melhoun, en apportant sa touche pour collaborer à la composition de certaines œuvres de grands artistes algériens – tels qu'el-hadj M'hamed El-Anka, Abderrahmane Aziz, cheikh El-Hasnaoui, Dahmane El-Harrachi, Saloua, Nora, Rabah Deriassa, Mohamed Lamari... – et Maghrébins, comme le Marocain Ahmed Djebrane et les Tunisiens Riahi et Naâma. Président du comité d'identification des œuvres musicales auprès de l'Onda et membre de la Sacem, Mohamed El-Habib Hachelaf a œuvré, quarante ans durant, dans la production de plusieurs émissions radiophoniques, tout comme il a joué un rôle prépondérant dans la transcription de la poésie populaire dans le but de préserver la culture populaire algérienne. Parmi les apports de Hachelaf, on trouve une étude sur le "djafr", poésie populaire du Maghreb, une autre sur les communautés musulmanes en Algérie, un recueil nouba rahaoui, une anthologie de la musique arabe, des livres évoquant la vie et l'œuvre du comédien Rachid Ksentini et du musicologue et musicien Mohamed Iguerbouchène, ainsi que plusieurs autres écrits et publications dont un dictionnaire des sommités de la poésie populaire. Membre fondateur de l'Association de la protection du patrimoine musical algérien et du festival de Sidi Lakhdar Benkhlouf, poète illuminé dont il était un fan singulier, il a su conjuguer l'expérience inaltérable de l'écriture à celle de la poésie populaire pour donner plus de tonus à la culture algérienne dans toutes ses facettes et variantes, modernes ou traditionnelles. Par ailleurs, les éditions Alpha ont publié en 2006, à titre posthume, son célèbre livre El-Haoufi, Chants de femmes d'Algérie, un ouvrage de 376 pages qui décrit la manière dont se sont imposées les femmes (artistes) dans les milieux culturels, accaparés des années durant par la gent masculine.
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Posté Le : 15/08/2020
Posté par : litteraturealgerie
Source : Publié par R Salem dans Liberté le 04 - 08 - 2014