Algérie

Mohamed Belferkous raconte cette journée : La soif de la liberté



Mohamed Belferkous raconte cette journée : La soif de la liberté
Il est des évènements que rien n'efface de la mémoire. Mohamed Belferkous, alias Petit Ferkous, garde vivaces les évènements du 11 décembre 1960 qu'il vécut à  Belcourt, son quartier d'alors. Issu d'une famille révolutionnaire—son frère tomba au champ d'honneur en 1959  dans les monts du  Ouarsenis, alors que son père prit les armes aux premières heures de la révolution—il ne devait pas déroger à  la règle. L'adage «Tel père tel fils», lui sied à  merveille. Mohamed ne pouvait que faire honneur à  sa famille et sa patrie. 14 ans à  peine bouclés, il fut porteur d'armes et guetteur à  Belcourt. Il participa, comme beaucoup d'enfants de son âge, à  la guerre de Libération nationale et ce, de 1959 jusqu'à l'indépendance. Dans ce témoignage, le fidaï convoque l'histoire et raconte un épisode qui propulsa la question algérienne sur la scène internationale. Ecoutons-le. Les évènements avaient commencé le 10 décembre à  cause d'une bagarre entre Pieds-noirs et Algériens. Sorti de l'école Olivier où il poursuivait ses  études pour aller à  la maison, en traversant la  rue de Lyon vers 16h00, se souvient-il, il trouva la place du Monoprix bondée de monde et fut étonné. Des jeunes révoltés par la souffrance et tant d'avanie, dit-il, commençaient à  briser les vitres achalandées la veille de Noël. En un tournemain, «les choses ont pris une ampleur telle que tout Belcourt fut embrasé». Des manifestations spontanées au cours desquelles les Algériens scandèrent des slogans appelant à  l'indépendance de l'Algérie s'ensuivirent. «Algérie algérienne et Algérie musulmane» furent, entre autres, les slogans scandés par la foule plus que jamais déterminée  à  en finir avec le colonialisme. Sans se faire remarquer, des membres du Front de libération nationale encadraient ce mouvement de protestation, se rappelle Petit Ferkous, les yeux embués de larmes. A quelques encablures du cinéma le Musset où il s'était dirigé avec un groupe d'enfants de son âge, des soldats et des policiers mis à  quai par les contestataires, n'ont pas hésité à  tirer dans toutes les directions, tuant et blessant plusieurs manifestants.«ON VOULAIT EN FINIR AVEC LE COLONIALISME»Saliha Ouatiki, une jeune manifestante, tomba sous l'œil ahuri  de Mohamed qui en garde une image de cette  fille, promise à  un bel avenir, geignant dans une marre de sang avant de mourir. La perte cruelle de Saliha stimula, affirme-t-il,  encore davantage les manifestants qui décidèrent de s'attaquer aux maisons et aux commerces des colons avec des pierres. Un Pied-noir, qui n'a pas eu le temps de s'enfuir, tira sur la foule.  Le Monoprix bien achalandé en prévision des fêtes de Noël, fut incendié sous les youyous stridents des femmes sorties sustenter par leur présence les contestataires. La foule tenta à  maintes reprises de forcer les barricades dressées par les policiers et les paras, sous un déluge de tirs nourris. «Ce n'est qu'à l'heure du couvre-feu que la foule se dispersa», dit-il. Après l'accalmie, plusieurs arrestations eurent lieu durant la semaine. La police française procéda à  l'arrêt de tout ce qu'elle soupçonnait  àªtre derrière les manifestations. Décoré par le président de la République, Petit Ferkous reste modeste. Il estime n'avoir fait que son devoir envers son pays, lui qui, à  14 ans, était déjà mûr et responsable. L'adversité a fait de lui un homme.   Parmi ses hauts faits d'armes : la subtilisation de deux pistolets à  des soldats français. «Une fois, je déambulais aux alentours du camp de torture de Sakina, lorsque soudain j'aperçus des soldats français ivres, alors que leurs armes, deux pistolets exactement, étaient suspendus à  leur jeep», se souvient-il. A ce moment-là, lui vint l'idée de les subtiliser. Il s'arma de courage, les vola et prit la poudre d'escampette. «Une fois hors de danger, je me suis dirigé vers  un moudjahid du nom de Mahieddine, paix à  son âme, et le lui ai remis», se remémore-t-il. «J'AI ASSISTÉ à LA TORTURE DE MON PÈRE»Mohamed affirme que le mépris, l'indigence, la torture et, surtout, la soif de liberté avaient poussé les Algériens à  se révolter. «J'ai assisté, enfant, à  la torture de mon père par la soldatesque française. Les cris qu'il poussait sous l'effet de la douleur résumaient à  eux seuls la souffrance de tout un peuple en quête d'indépendance». Ces moments difficiles sont à  jamais gravés dans sa mémoire. Aujourd'hui encore, il pleure à  chaque fois qu'il y pense. Mohamed garde, de ces évènements, des séquelles physiques et  psychologiques indélébiles. Touché à  l'abdomen par plusieurs balles, il s'en est sorti  miraculeusement.


En effet cousin je comprend ta douleur car mon défunt père à passer ce chemin de la souffrance aussi lui qui étais ancien moudjahid .En tous cas je suis fière d'ètre un fils de l'indépendance de l'algérie et vive l'algérie
belferkous tayeb - technicien de maintenance - charleroi, Belgique

23/02/2012 - 27645

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