Algérie

MOHAMED ATTAF, auteur «Le Journal de Mouloud Feraoun m’a inspiré»



MOHAMED ATTAF, auteur «Le Journal de Mouloud Feraoun m’a inspiré»
Rencontré au 11e Salon Djurdjura du livre de Tizi-Ouzou, l’écrivain Mohamed Attaf revient, dans cet entretien, sur son parcours dans l’écriture et sur les circonstances qui l’ont poussé à écrire son dernier livre La voix des astres, Samy El Djazaïri.

La Dépêche de Kabylie : Vous avez écrit des romans, des poèmes, des nouvelles, un livre sur Tizi-Ouzou et récemment une biographie de Samy El Djazaïri. Pourquoi ce choix ?
Mohamed Attaf : C’est là une première pour moi. Le choix s’est porté sur Samy parce que c’est, d’abord, un très grand chanteur qui a bien réussi sa carrière avant que la mort ne l’emporte, alors au sommet de son succès. Ensuite parce qu'il est natif de Tizi-Ouzou, plus exactement de la Haute-ville, comme moi. Son quartier, Tabenaâlit, est limitrophe du mien, Lalla Saïda. Même si on ne se fréquentait pas forcément, je le connaissais bien, car à l’époque, la Haute-ville était un village, tout le monde connaissait tout le monde.

L’idée d’écrire sur Samy m’est venue naturellement, sachant que beaucoup d’auteurs ont écrit sur des personnalités natives de leurs villes. Il faut savoir qu’au départ, je n’étais pas prédestiné à me lancer dans un œuvre biographique. J'ai démarré avec la littérature, au sens propre du terme. De la poésie au roman en passant par la nouvelle. Cela dit, je ne me suis pas contenté uniquement du roman, j'avais tenu un journal, c'est Mouloud Feraoun qui m'a inspiré avec son fameux Journal. C'est quelque chose de simple, on n'a pas à y réfléchir ou à trop philosopher. On décrit les événements auxquels on assiste ou dont on a entendu parler.

De septembre 1971 à mai 2001, soit pendant trente années, tous les soirs, je notais tout ce qui se passait à Tizi-Ouzou, en particulier, et en Algérie, en général. J'ai touché à des milliers de sujets, principalement politiques, économiques, sportifs, culturels, sociaux, parmi lesquels avril 80, octobre 88, la décennie noire... J'ai eu de la chance, le journal a été publié. J'ai également écrit un autre sur Tizi-Ouzou, intitulé «Tizi-Ouzou à travers les âges», sous forme de beau-livre. J'y ai retracé un peu l’histoire de Tizi-Ouzou et de la Kabylie.

Mais vous avez écrit des biographies, telles que celle de l’écrivain Mohamed Seghir Feredj…
Effectivement, j'ai écrit les biographies de Mohamed Seghir Fredj, Mohamed Zmirli, artiste-peintre, et Ali Benselama, fondateur de la JSK et ancien chef scouts. Seulement, ce sont des petites biographies que Youcef Merahi m'avait demandé d’écrire afin de les insérer dans son almanach.

Vous ne comptez pas rassembler toutes ces biographies et en faire un livre ?
Il faut beaucoup de personnages pour faire un livre de 20 à 30 pages, même l’éditeur ne va pas l’accepter. J'ai tenu à écrire le livre sur Tizi-Ouzou, c’est difficile d’écrire un livre d’histoire parce qu'on n’a pas le droit à l'erreur. Il faut faire extrêmement attention pour ne pas fausser les données, qu’il s’agisse des dates, des lieux ou des événements. Maintenant que j'ai pratiquement tout fait pour Tizi-Ouzou, ma ville natale, je pense avoir accompli ma mission. À présent, je vais retourner à la littérature, le seul champ où on donne libre cours à sa créativité. On peut écrire ce qu'on veut dans tous les domaines. Il y a des histoires authentiques qu'on peut récrire, tout en ajoutant une narration personnelle, c'est-à-dire, retenir l'idée principale et la meubler avec différents événements pour lui donner plus d’épices. La littérature, c’est ce que je préfère.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le livre La voix des astres, Samy El Djazaïri ?
J'ai sectionné le livre en quatre parties: la première est consacrée à sa biographie. Sa famille et ses amis m’ont beaucoup aidé en me livrant des détails assez intéressants sur Samy. La 2e partie se rapporte à l’ensemble de son répertoire musical. Ses chansons kabyles je les ai transcrites en Tamazight et traduites vers le français, et ses chansons en arabe algérien, je les ai écrites en arabe et tranduites en français. Dans la troisième partie, j'ai fait une analyse intégrale des textes de ses chansons que j’ai ponctuée par une synthèse. Enfin, dans la quatrième partie, le livre revient sur l'hommage qui lui a été rendu, en 2013, par la direction de la culture de Tizi-Ouzou.

Pourquoi avoir inclus cet hommage ?
C'est pour rappeler qu'on a fait quelque chose pour lui et qu'il n'a pas été oublié. J’ai personnellement donné une communication sur Samy lors de cet événement auquel a assisté énormément de monde, dont ses amis et sa famille. En plus des conférences, des expositions retraçant son parcours ont été organisées ce jour-là, lors duquel on s’est, aussi, recueillis sur sa tombe, à M'Douha. L’hommage était à la hauteur, voilà pourquoi je suis revenu dessus.

Il y a eu aussi des photos dans le livre…
Pas assez, malheureusement. J'aurais aimé qu'il y en ait plus, même l’éditeur m'avait demandé d’en ramener davantage pour en faire un album-photo. J’ai cherché partout, en vain. Ses amis et sa famille n’en ont pas beaucoup, ce qui m’avait beaucoup chagriné. Même ses fans auxquels j’ai fait appel à travers Facebook. Je me demande comment un aussi grand chanteur, ayant pourtant vécu dans une période où la photo n’était pas rare, n’a laissé que si peu de photos-souvenirs de lui. C'est vraiment dommage. Mon appel pour rassembler de nouvelles photos de Samy reste toujours valable, car au cas où il y aurait une nouvelle édition, je les inclurai.

Quels sont vos projets ?
Les projets, il y en a beaucoup. Mes amis me demandent souvent si j’écris toujours. Ma réponse est toujours la même : quand on commence à écrire, on ne s’arrête pas, ça devient une passion. Je viens de finir un recueil de nouvelles, intitulé «La voix des pneus», qui traite de la problématique du blocage des routes. Je suis aussi en train de finaliser un recueil de récits de voyage, une nouveauté pour moi. À côté de ça, j’ai fait énormément de sorties avec le HCA à travers les différentes wilayas pour faire la promotion de tamazight. J’ai aussi pris part à des semaines culturelles avec la maison de la culture. Sinon, je ne me sépare jamais de mon bloc-notes que je sors à chaque fois que je prends le bus. Je note dessus tout ce que je vois, tous les détails qui attirent mon attention. Je suis aussi un amateur de photos. Mon récit, je l’illustre avec des photos que je prends moi-même sur les sites touristiques, historiques... Je suis, par ailleurs, en train de finaliser un manuscrit que j'ai appelé «La huitième merveille du monde», en référence à l’Algérie. Je souhaiterais le faire sortir sous forme de beau-livre, comme «Tizi-Ouzou à travers les âges».



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