Algérie

Mohamed Amine Hadjouti * à InfoSoir «La rédaction du projet d'invention pose problème»


Mohamed Amine Hadjouti * à InfoSoir «La rédaction du projet d'invention pose problème»
InfoSoir : Quels sont les problèmes que rencontrent les inventeurs algériens '
Md A. Hadjouti : Les problèmes sont en quelque sorte de deux niveaux. Ils concernent les inventeurs isolés qui ne relèvent pas des centres de recherches ou d'entreprises et qui sont les plus malheureux. Ils n'ont aucun appui pour réaliser leur prototype. Lorsque l'inventeur obtient son brevet d'invention, celui-ci est rarement exploité même pas pour la réalisation du prototype. C'est un problème de transfert de technique et d'innovation. Après les premiers résultats d'une invention il faut avancer par des prototypes pour aller au produit final. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. C'est le maillon d'une chaîne très important pour les inventeurs qui souvent n'ont pas les moyens et peinent à convaincre les bailleurs de fonds. Les problèmes qui se posent pour cette catégorie sont aussi liés à la rédaction et à la description de leur invention ce qui est loin d'être une mince affaire. Dans d'autres pays, pour ce genre de rédaction on fait appel à des spécialistes. Ils sont très qualifiés dans le domaine de l'invention et sont formés dans la rédaction et sa description.
Quelles solutions préconisez-vous pour remédier à ce déficit en matière de description de l'invention '
Il faut former des ingénieurs spécialisés dans la description des inventions. Nous avons besoin de créer ce métier ici en Algérie. Et puis il faut installer des centres d'appui à la technologie et à l'innovation et faciliter l'accès des utilisateurs à la formation technique. Nous avons besoin aussi d'orienter ces centres installés dans des entreprises publiques ou privées et les universités vers cette fonction de rédaction. Il faut savoir que la rédaction des brevets n'est pas une mince affaire.
On peut être un génie, mais si on ne sait pas mettre en valeur son projet, personne ne vous verra. Certains inventeurs sont obligés de payer pour la description de leur invention, ce qui leur revient très cher.
Pourquoi nos entreprises refusent-elles de prendre en charge la réalisation des prototypes '
Nos entreprises préfèrent chercher le produit ailleurs que de prendre le risque avec une invention dont le résultat n'est pas sûr. C'est un risque que les sociétés publiques refusent de prendre. Elles préfèrent, pour la plupart, le produit chinois à moindre prix et puis les fournisseurs sont toujours disposés à le remodeler en cas de besoin.
Concrètement, quel est le nombre de brevets que l'INAPI délivre annuellement '
Nous sommes à quelque 800 brevets par an. En 2012 nous avons eu 900 demandes de brevets dont seules 119 sont algériennes. Il faut savoir que beaucoup d'étrangers sont intéressés par le marché algérien c'est pourquoi ils veulent protéger leurs inventions notamment dans les domaines de la pharmacie, de la chimie et de la pétrochimie de toute concurrence. Ces étrangers sont généralement de nationalités américaine, européenne, japonaise ou chinoise.
La proportion des inventeurs indépendants demeure cependant beaucoup plus importante en matière de brevets déposés. Les chercheurs activant au sein des centres de recherche universitaire ou au profit des entreprises, déposent moins de brevet d'où la nécessité de faire un travail de sensibilisation en direction de cette catégorie.
* Directeur des brevets d'invention à l'Institut national algérien de la propriété Industrielle (INAPI)
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