Algérie

Mohamed Amine Hadj Saïd, Secrétaire d'Etat chargé du tourisme, au forum de "Liberté" "Il n'y a pas eu d'effet Tiguentourine sur le tourisme"



Mohamed Amine Hadj Saïd, Secrétaire d'Etat chargé du tourisme, au forum de
"Quand on sillonne l'Algérie, on éprouve un sentiment de fierté à appartenir à ce pays." C'est par cette déclaration, une véritable profession de foi, que l'invité de "Liberté" a bien voulu aborder, hier, ce sujet récurrent qu'est la relance de la destination Algérie."Nous avons la preuve chiffrée : l'attentat de Tiguentourine n'a pas eu d'incidence sur le nombre de visiteurs en Algérie. D'après les chiffres officiels de la DGSN, 631 000 visiteurs étrangers se sont rendus en Algérie durant le 1er trimestre 2013, soit 12% de plus que l'année dernière, à la même période."
S'agissant des revendications des opérateurs touristiques du Grand-Sud dont certains, justement, sont sur le point de baisser le rideau, Hadj Saïd ne perd pas son optimisme. "Il existe, effectivement, des aléas géopolitiques qui sont indépendants de la volonté de l'Algérie notamment avec la crise au Sahel. Ce qui ne nous exonère en rien de nos responsabilités vis-à-vis des doléances des opérateurs du Sud avec lesquels nous avons tenu une réunion fleuve, il y a un mois, à Tamanrasset. Ces derniers nous ont montré leur franche disponibilité de se redéployer vers le tourisme domestique. Les transporteurs aériens Air Algérie et Tassili Airlines n'ont pas hésités pour leur part à accepter des réductions de 50% sur le tarif. C'est pourquoi, nous envisageons aujourd'hui notamment des séjours pour les étudiants et pour les bénéficiaires des œuvres sociales. On veut favoriser un brassage entre les gens du Nord et du Sud." L'invité du Forum de Liberté mise beaucoup sur le tourisme domestique qui, selon lui, devrait vite entraîner, à son tour, un afflux de touristes étrangers. "Un peu comme la présence du poisson est révélatrice d'une eau non polluée", le tourisme domestique devrait, d'après lui, témoigner de la "viabilité" d'un séjour touristique en Algérie. Interpellé sur la situation de certains porteurs de projets d'investissements qui se plaignent de l'absence d'accompagnement ou de la bureaucratie des pouvoirs publics, Hadj Saïd s'est montré inflexible : "Un hôtel n'est pas un projet immobilier. Ce ne sont pas les hôtels qui font le tourisme. Il vaut mieux ne rien faire que mal faire !".
Hadj Saïd, qui n'ignore pas que des projets touristiques ont souvent été détournés de leur vocation initiale, refuse, d'emblée, de faire une fixation sur les investissements touristiques dont certains relèvent, à l'en croire, à de la pure spéculation foncière. "On n'a pas le droit de mettre les générations futures devant le fait accompli. On est, certes, pressés mais l'on doit aller lentement", préconise-t-il.
L'orateur révèle que certains "investisseurs", pour ne pas dire la plupart, ont jeté leur dévolu sur des endroits vierges notamment sur le littoral où, selon lui, l'on ne doit pas construire "n'importe comment". Sur les 205 zones d'expansion touristique (ZET), 158 sont, en effet, à vocation balnéaire. Ce qui représente environ 60% du foncier touristique. "Et ce foncier n'est pas renouvelable !", averti-t-il, visiblement exaspéré.
Pour Hadj Saïd, nos sites naturels n'ont pas à subir, ainsi, l'assaut des promoteurs. "Il ne faut pas altérer nos écosystèmes. Nous voulons surtout favoriser l'écocitoyenneté. À cet égard, nous avons vu à l'œuvre des acteurs associatifs très jaloux de la préservation de l'environnement et qui n'hésitent pas à dénoncer des structures qui viennent agresser des sites naturels ou qui pourraient éventuellement causer à la nature des dommages irréparables."
Admiratif devant ces citoyens qui ne veulent pas de "fausses notes" mais des projets qui s'intègrent harmonieusement dans le paysage, Hadj Saïd dit ne pas comprendre pourquoi certains investisseurs considèrent à tort que les constructions en dur ou en béton sont les seules à même d'assurer une pérennité à leurs projets en oubliant, par ailleurs, le fait que les constructions en hauteur ne sont pas les mieux adaptés aux aléas sismiques que connaît l'Algérie.
À ce sujet, il regrette "le peu d'imagination" de certains "investisseurs" qui ont jeté leur dévolu sur des sites exceptionnels pour y construire parfois des buildings de 10 à 15 étages, de vraies tours d'affaires.
Hadj Saïd explique alors sobrement que le tourisme en Algérie s'accommode très bien d'investissements "légers" qui, a fortiori, pourrait toucher une proportion plus importante de la fameuse "classe moyenne" qui tarde tant à émerger. "Le tourisme, ce n'est pas le tout-béton !" D'après lui, il faut surtout partir du principe que le touriste potentiel vit et habite déjà dans le béton. "En réalité, le touriste n'a pas besoin de fastes.
Le luxe aujourd'hui ne se vit plus de la même façon. Le luxe, c'est la nature, l'absence de pollution, le silence... À cet égard, notre pays est capable d'offrir un dépaysement total et n'a pas besoin, pour cela, d'artifices. Sa richesse est, pourrait-on dire, immanente."
Le secrétaire d'Etat déplore, à ce sujet, la quasi-disparition des terrains de campings et des camps de toile qui n'existent plus. "Cela fait des années que le chiffre de 90 000 lits est resté inchangé. Voilà une formule que l'on compte privilégier." D'après lui, dans le tourisme et l'hôtellerie, ce qui compte ce n'est pas le nombre des structures d'accueil mais "leur capacité à répondre à un besoin précis". Pour Hadj Saïd, il s'agit dans le cas d'espèce d'"une véritable industrie".
Tripadvisor, facebook, Twitter, Youtube et les autres
Si certains projets manquent de financement, d'autres pèchent, selon lui, par manque de fiabilité des études technico-économiques qui sont, révèle-t-il, le plus souvent bâclées ou dont la maturation est insuffisante.
"Il y a des hôtels qui chôment à longueur d'année car ils ne répondent pas à une demande réelle. S'ils veulent rentabiliser leurs structures, les professionnels concernés se doivent d'adopter une démarche marketing. Jusqu'à preuve du contraire, on ne stocke pas une nuitée. Qu'ils baissent donc leurs prix ou qu'ils appliquent des offres attrayantes pour les familles !". En refusant de faire preuve d'empathie et de cerner le besoin réel, certains hôteliers ne répondent plus, d'après lui, à la demande algérienne en matière de tarification.
Hadj Saïd ne désespère pas, néanmoins, de voir les prix descendre avec la réception de 50 000 lits en cours de réalisation dont 12 000 seront opérationnels d'ici la fin de l'année 2013. L'invité de Liberté mise, par ailleurs, sur la promotion de la destination Algérie à travers notamment les réseaux sociaux dont l'impact est de plus en plus puissant. "Plus de 70% des voyages dans le monde se vendent aujourd'hui en ligne." Accordant une grande place aux nouvelles technologies de l'information et de la communication, le secrétariat d'Etat au Tourisme vient de créer, apprend-on, un compte Youtube (Algérie tourisme) sur lequel toutes les activités sont mises en ligne en temps réel.
Pour Hadj Saïd, si l'on veut réellement monter une industrie touristique en Algérie, il va falloir se préoccuper en urgence de "l'e-réputation". D'après lui, les spots TV ne suffisent plus aux candidats aux voyages qui ont, eux, surtout besoin du "témoignage" des autres. "Votre région n'est plus ce que vous en dites, c'est ce que facebook, Twitter et Youtube qui le disent." Certains sites Internet comme par exemple Tripadvisor sont devenus, à cet égard, incontournables dans le choix des destinations. "Pour voyager, on se connecte", voilà un autre défi ' et non des moindres ' pour la relance de la destination Algérie.
Bio express
Né le 28 juillet 1961 à Aïn Témouchent, Mohamed Amine Hadj Saïd a longtemps été professeur de français et de communication dans l'enseignement secondaire et à l'université de la formation continue. Il rejoint le secteur du tourisme en 1997 avant d'occuper en mars 2011 les fonctions de directeur général de l'Office national du tourisme (ONT). En septembre 2012, il fait son entrée dans le gouvernement Sellal en qualité de secrétaire d'Etat chargé du Tourisme.
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