Algérie

Mohamed Ameziane Tadjer, écrivain, à L’Expression «La technologie a détruit la cellule familiale»



Mohamed Ameziane Tadjer, écrivain, à L’Expression «La technologie a détruit la cellule familiale»
Publié le 11.02.2023 dans le Quotidien l’Expression
Par Aoamar Mohellebi

Ecrivain, journaliste et ancien cadre de l’Éducation nationale après une longue carrière dans l’enseignement, Mohamed Ameziane Tadjer vient de publier, à l’âge de 78 ans, son cinquième livre aux Éditions Imal» (L’avenir). Il nous en parle dans cet entretien où il analyse aussi notre société.
L'Expression: Vous venez de publier un nouveau livre. Pouvez-vous nous en parler?

Mohamed Ameziane Tadjer: Effectivement, je suis à mon cinquième recueil. Celui que je viens de publier porte pour titre: «Espoir et Amertume» édité par la Maison Imal de Tizi Ouzou. Il contient neuf nouvelles différentes les unes des autres relatant la vie dans notre société algérienne en général, Kabyle en particulier. Des nouvelles qui, au départ, commencent bien, à la satisfaction du ou de la concerné(e) mais, pour des causes imprévues dans la vie, les espoirs, les calculs, les plans de chacun(e) tournent au vinaigre. Tel est le titre du livre: «Espoir et Amertume». Puis, le lecteur trouvera à la fin, un texte de psychopédagogie dont le titre est une question: «Offrir un cadeau, est-il facile?» C'est là où réside tout le problème de cette offre.

Pourquoi restez-vous fidèle à votre genre littéraire qui est la nouvelle?

Je me suis tracé un processus d'écriture à respecter fidèlement. D'abord, en premier lieu, la nouvelle, car la pâte existait déjà depuis plusieurs années et qu'il fallait pétrir, modeler et lui donner une forme concrète selon les aspirations du moment. Le sixième recueil est déjà prêt avec lequel je boucle cette première étape de ce genre littéraire que je mettrai de côté pour quelque temps étant donné que d'autres sujets ne cessent de chatouiller les méninges.

À l'instar de vos recueils précédents, les nouvelles de ce nouveau livre sont-elles inspirées de faits réels?

De nos jours, il faut avoir la confiance des gens (femmes et hommes) qui vous dévoileront surtout leurs secrets. Et ce n'est pas facile de raconter ses mésaventures, ses déboires et encore moins ses souffrances, au premier venu! De ce point de vue, je me suis fait un gage en toute fidélité en prenant le soin de changer les prénoms (les noms ne seront jamais dévoilés) des personnes et les noms des lieux où l'histoire s'est déroulée sont éparpillés à travers le territoire. Je tire ma satisfaction quand un(e) lecteur/ lectrice se reconnaît ou s'identifie dans telle ou telle nouvelle qui toutes, je le précise, sont tirées de faits réels.

Qu'est-ce qui vous a poussé à écrire toutes ces histoires?

Ce qui se passe autour de nous est terrible, affligeant. On ne doit pas rester indifférent aux souffrances des autres. Il faut se mettre à la place de la victime. Les familles ne sont plus les mêmes. C'est à croire que la technologie a détruit la cellule familiale. Il faut être humain et réinventer les principes fondamentaux gérés par nos ancêtres tout en ayant un regard critique et lucide sur la civilisation. Ensuite, ces victimes de la vie ne trouvent pas de confidents à qui faire confiance pour déballer ce qui leur fait mal et leur ronge le coeur pour retrouver une certaine paix intérieure, se soulager aussi. Elles ne le faisaient pas par plaisir. Elles dénoncent, le plus souvent, avec émotion qui se termine par des éclats de sanglots. C'est pénible d'entendre tout ce qui se passe dans les foyers algériens dont la femme est la première victime. Je leur rends, ici, un grand hommage et nous sommes à un mois de la célébration du 8 mars, tout en espérant que les choses s'amélioreront pour elles pour une famille saine. Car tout repose sur la femme. Elle mérite tout notre respect!

Peut-on avoir une idée des échos de vos lecteurs ayant lu vos nouvelles?

Certains lecteurs et lectrices se désolent du fait que cette injustice perdure dans nos foyers et la victime, toujours la femme, la maîtresse de maison; pourtant, c'est elle la gardienne du temple. Il ne faut pas se leurrer. Dans un foyer, chacun a ses responsabilités, ses limites. Les enfants vivront et grandiront dans ce milieu familial paisible. Les échos reçus par téléphone ou durant les salons du livre me réconfortent doublement: d'abord sur la fidélité du témoignage puis d'autres se sentent concernés par une histoire qui captait leurs intentions.

Vos carrières dans l'Éducation nationale et dans le journalisme sont-elles pour quelque chose dans l'écriture de ces recueils de nouvelles?

Merci d'avoir posé ce genre de question que j'apprécie. Ma longue carrière dans l'Éducation nationale que j'avais embrassée à l'âge de 18 ans en répondant à l'appel urgent du président de la République de l'époque (1963). J'avais répondu à l'appel par patriotisme en compagnie de nombreux amis. Et Dieu seul sait ce que nous avions fourni comme efforts pour sauver l'école algérienne. Le journalisme, entamé en 1989, est venu se greffer à la première mission pour en faire deux éléments, deux aspects fondamentaux de ma carrière. Ces deux missions sont à mon humble avis indissociables!

N'avez-vous pas pensé à écrire votre autobiographie pour raconter votre vie très dense et vos nombreuses expériences dans vos deux carrières?

Je suis avec, justement! Je lui apporte des retouches. J'insère de nouveaux éléments, de nouveaux évènements qui surviennent ces derniers temps ardus dans cette vie qui n'est pas du tout réjouissante. J'y vais prudemment! Il sera édité dans quelques mois et après le 6ème recueil de nouvelles. Si Dieu me prête encore vie, je me consacrerai au roman, à la fiction.




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