Algérie

Mohamed Ali décède à l'âge de 74 ans



Mohamed Ali décède à l'âge de 74 ans
En prise avec son dernier combat contre la maladie, Mohamed Ali, la légende du noble art, s'est éteint dans la soirée de vendredi à l'âge de 74 ans.Pour les Algériens, pour le monde musulman, et par-delà la planète des peuples opprimés, il aura été une icône pas comme les autres. Champion olympique des mi-lourds dès 1960 à Rome, il passera peu après professionnel pour se voir consacré trois fois champion du monde dans la prestigieuse des catégories, celle des poids lourds. Dès 1962, il aligne les combats et corrige ses adversaires tel l'Anglais Henry Cooper au stade Wembley (1962), ce qui lui ouvre grandes les portes pour combattre pour le titre WBC.Le 25 février 1964, le monde allait découvrir un jeune homme pétillant d'énergie, danseur sur le ring, le verbe acide contre tout ce qui bouge et qui ébranlera l'amérique bien pensante. Cassius Clay en irritait plus d'un par ses excentricités et ses irrespects accentués envers son adversaire et son entourage.Ce jour-là, personne ne donnait la moindre chance à ce longiligne «farfelu» venu d'une ville du Sud (Louisville, Kentucky). Les bookmakers le donnaient battu à 7 contre 1, autant dire qu'aux yeux des parieurs il allait se faire massacrer par cette brute de Sonny Liston au physique de grizzly. Contre toute attente, ce dernier abdique au quatrième round prétextant une blessure à l'épaule. La controverse est née et ne s'atténuera pas non plus un an plus tard lors du match revanche, quand le même Sonny Liston se couchera sur une droite qualifiée à l'époque «d'anodine» par la presse américaine?Entre-temps, il fréquentera et tendra une oreille particulère aux conseils de Malcom X et Elijah Mohamed, les deux porte-étendard de l'islam américain. Cassius Clay devient musulman et prendra le nom de Mohamed Ali, reconversion mal acceptée par une partie de l'opinion publique américaine. Souvent, il invective les gens de la presse qui continuent à l'interpeller de son «nom d'esclave» et il en profite pour leur rappeler les bienfaits sur sa personne que lui offre sa nouvelle religion, particulièrement son esprit d'indépendance vis-à-vis de l'ordre établi.Avant, pendant et après ses combats, Mohamed Ali est hysrérique : une machine à boxer et une machine à parler. Il s'adonne aux deux avec talent. Tout en mettant de rudes directs au visage de son adversaire, il déclame des odes et des poèmes. «Je vole comme un papillon et je pique comme une guêpe», lançait-il à l'endroit de ses antagonistes, tout cela dans un style technique et une beauté du geste jamais vus sur un ring.Une centaine de kilos de muscles sautillant avec une souplesse de swingueur, la garde jamais relevée, et des esquives au centimètre près. Ali piquait au vif ses adversaires, mais anticipait leur réaction accompagnant ses gestes, offensifs ou défensifs, avec des réparties verbales provocantes à l'égard de tous les présents autour du ring : arbitres, journalistes, invités, spectateurs. Ali profite de l'attractivité médiatique que lui confère son statut et son comportement pour distiller ses messages, en particulier celle de la nation de l'islam qui prône la fierté du peuple afro-américain, la haine des blancs et leurs servants noirs.Comme il ne rate jamais une occasion pour critiquer vertement l'injustice dont se rend coupable l'amérique blanche à l'égard des gens de couleur. Une petite anecdote qui a forgé son rejet du système en place. Encore tout auréolé de sa couronne olympique remportée à Rome en 1960, de retour à Louisville, il s'est vu refuser l'entrée à un restaurant qui n'acceptait pas les gens de couleur. «Avec ou sans médaille, Noir je suis, Noir je resterai», s'est-il dit et il balança la précieuse récompense dans la rivière de la ville.Personne ne l'a jamais retrouvée. Il défraie ainsi la chronique mondiale jusqu'en 1967, bousculant par ses déclarations l'amérique bien-pensante. Ses «opinions» sur la guerre du vietnam, alors que des contingents entiers de jeunes américains y sont engagés et que l'armada étasunienne y est déployée avec fracas faisant des dizaines de milliers de morts, rament à contre-courant de l'establishment, de la maison-Blanche et du tout puissant pentagone.Ses mots «Je n'ai rien contre le vietcong, aucun vietnamien ne m'a jamais traité de nègre, pourquoi irais-je tuer des gens qui ne m'ont jamais rien fait» font scandale. L'amérique «patriotique» se met en branle et le public prend très mal la position du boxeur. Le refus de son incorporation au sein de l'armée pour le Vietnam lui vaut d'être déchu de son titre de champion du monde des poids lourds étant jusque-là invaincu et de connaître une traversée du désert qui durera trois ans et demi.En 1970, il recevra l'autorisation de boxer de nouveau dans une amérique qui a changé de contexte : les pacifistes deviennent de plus en plus nombreux et une majorité d'américains veut la fin de la guerre du vietnam. Lui-même n'est pas resté inactif durant ces trois ans et demi malgré la peine de cinq ans de prison qui pesait sur lui et qu'il ne fera finalement pas. Ali a multiplié les conférences universitaires et les contacts avec les pacifistes actifs pour la fin de la guerre, pendant que Joe Frazier devient champion du monde des poids lourds.Au prix d'une bourse record, ce dernier accepte de combattre, titre en jeu, Mohamed Ali (1971). Un combat suivi par le monde entier tant il connut des péripéties rocambolesques avant sa tenue. En Algérie, le même engouement était de mise et beaucoup de nos comptriotes ont suivi «le combat du siècle» (1971) à travers les ondes de radios étrangères entre trois et quatre heures du matin. Désillusion. Une incroyable intensité.Mohamed Ali laisse la victoire à Joe frazier qu'il battra trois ans plus tard à Tokyo, mais sans que le titre ne soit en jeu. Entre-emps, c'est le géant Georges Foreman qui a conquis de haute lutte le titre convoité allant jusqu'à le réunifier (WBA et WBC). Mohamed Ali, annoncé sur le déclin, se voit offrir l'opportunité d'aller guerroyer en terre zaïroise pour tenter de reconquérir le titre de champion du monde face à un adversaire guère inquiet et rassuré par son extraordinaire musculature et ses droites qui ont envoyé plus d'un adversaire à la retraite. Le combat de Kinshasa, tout le monde l'a vu. L'antagonisme de la force brutale et de l'intelligence fine dont seul, sur les rings, Mohamed Ali avait le secret.En ce mémorable 30 octobre 1974 à Kinshasa, dans la chaleur humide du fond de la nuit, et jusqu'au fatidique 8e round, Mohamed Ali allait user son adversaire jusqu'à la corde, proférant au passage dans son oreille des mots inconvenants pour le diminuer moralement. Il profitera à ce moment d'une bonne droite bien appuyée par plusieurs coups avant que le géant ne s'effondre. Un come-back extraordinaire, comme il le refera une troisieme fois en arrachant le titre mondial à Leon spinks quelques années plus tard. Par orgueil et à un âge assez avancé (38 ans), il fera un ou deux combats de trop. La sanction est immédiate.The greatest contracte de la maladie de Parkinson pour les coups qu'il n'a pas su éviter en poussant sa carrière sur les chemins risqués des incertitudes et de l'orgueil mal placé. Il dira à ce sujet : «Je me suis toujours proclamé à chacune de mes victoires et de mes déclarations que j'étais le plus grand. Allah me démontre aujourd'hui que c'est Lui le plus grand?».En Algérie, ce héros du non-conformisme ambiant américain aux idées humanistes prononcées est très populaire. Un petit rappel pour dire que Mohamed Ali est venu en Algérie en décembre 1978. C'était à l'occasion du décès du président Houari Boumediène ; l'ancien champion du monde avait été inclus par la maison-Blanche dans la délégation officielle américaine pour assister aux funérailles. Malgré la tristesse de l'événement, les algériens exultaient à son passage et il le leur rendit en les saluant chaleureusement. Un bain de foule énorme dans les rues et places d'Alger pour «le plus grand sportif de tous les temps», tel qu'il a été consacré par les médias du monde entier?


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