Algérie

Mohamed Abdouni, au nom du théâtre amateur algérien



Vers la fin des années 1970, le renouveau qui affecta, en Algérie, le roman et la poésie se répercuta également sur le théâtre dit « amateur ».
En effet, vers 1977, la scène commença à se dégager de ces effets convenus et faciles qui l’avaient si longtemps paralysée. La critique au moins implicite du « socialisme algérien », de son uniformité, de ses tabous, est générale. Le théâtre de Mohamed Abdouni est lié à cette période. Pour qui sortaient des pièces que nous appellerions progouvernementales, des années précédentes, il offrait une réelle fraîcheur d’accent. En étaient éliminées les situations conventionnelles, les arrangements optimistes, les multiples accommodements qui prolongeaient à la scène, en la caricaturant parfois involontairement, l’interprétation populaire de la vie quotidienne. L’honneur d’une femme (1978) et La mort d’un paysan (1979) dénoncent avec une mordante acuité les faux-semblants et les lâchetés inhérents aux compromissions élégantes. Le sujet de H’djila (1981), œuvre plus étendue, possède cette qualité intérieure et faite de suggestion discrète qui, chez l’auteur, se substituait avantageusement à l’action tangible ; il s’agit ici d’une morte dont l’influence diffuse continue à s’exercer sur un cercle de famille. Les héritiers (1983) traite d’un grand « thème algérien », celui de « l’authenticité (assala) qui, transmise d’une génération à l’autre, a fini par se scéléroser en un conservatisme sans générosité comme sans souplesse. On voit autour d’une association culturelle, fondée jadis dans un esprit progressiste et avancé, s’affronter les « héritiers » dont plus d’un a renié la cause du progrès. C’est vraiment un grand drame algérien (politiquement et socialement) qui est toujours d’actualité. Mohamed Abdouni(1), qui vient de mourir dans « l’anonymat » à l’âge de 59 ans, a marqué le théâtre amateur algérien de son empreinte indélébile.

(1)- Né en 1947 à Alger.




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