Algérie

«Moha..le vent des sables» au CCF d’Oran



Un pamphlet contre l’intolérance La salle de spectacles du centre culturel français d’Oran a abrité, jeudi après-midi, une représentation du monodrame «Moha..le vent des sables», une adaptation de l’œuvre «Moha le fou, Moha le sage» de l’écrivain marocain Tahar Bendjelloun, mis en scène et interprété par Karim Tayeb de la Compagnie lilloise du «Théâtre de l’Autre». Le monodrame «Moha.. le vent des sables» se présente comme un véritable pamphlet contre l’intolérance et l’injustice. Le comédien Karim Tayeb y incarne le personnage de Moha, mi-philosophe mi-poète, citant fréquemment son maître Omar Khayyam et criant par les mots, la seule arme dont il dispose, sa révolte contre la parole muselée, le fanatisme religieux, l’embrigadement et le lavage de cerveau de jeunes enfants. Ce personnage pittoresque, riche seulement de la parole et de sa folie, au risque de commettre toutes les provocations, va pourfendre l’obscurantisme et l’intolérance véhiculés par les faux dévots et les hommes de fortune. Le monodrame commence par un sacrilège. Dans le noir absolu, l’on entend l’appel du muezzin, la voix de Moha y répond en fredonnant une chanson en arabe. Puis, apparaît Moha dans un uniforme tout blanc sur une scène jonchée de quelques accessoires, des cubes et une penderie en métal gris évoquant le froid, la rudesse et l’insensibilité. Dans cet espace étroit, déshumanisé, dont une voix en off indiquera qu’il s’agit en fait d’un asile, Moha, tantôt soliloquera, tantôt hèlera les gens, pour se laisser aller dans un torrent de mots pleins d’ironie, ponctué par des bribes de chansons orientales ou des déclamations de poèmes de Omar Khayyam, et vomira son amertume et ses désillusions à la face du monde qui l’entoure fait d’hypocrisie, de cupidité inassouvie et d’injustice. A la fin du monodrame, il sera ligoté et entraîné dans le noir. Karim Tayeb est un ancien élève du Conservatoire national de Lille. Après un passage par le Théâtre Populaire des Flandres, la Rose des Vents ou le Théâtre de la Métaphore, il s’est investi dans le travail sur la francophonie du sud et de la mémoire. Il est ainsi à l’origine de plusieurs créations dont «La poudre d’intelligence» de Kateb Yacine et a également présenté de nombreuses lectures-spectacles, notamment de Mouloud Feraoun, Mohamed Dib, Rachid Mimouni, Leïla Sebbar, Assia Djebbar, Albert Camus, Jean Pelligri... Dans un débat improvisé, Karim Tayeb, marocain d’origine, qui visite pour la première fois l’Algérie, a laissé entendre qu’il envisage de mener un travail sur l’Emir Abd El-Kader et sur Abd El-Krim, symbole de la résistance marocaine.


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