Algérie

Modification de la loi sur la monnaie et le crédit et introduction du financement non conventionnel



Modification de la loi sur la monnaie et le crédit et introduction du financement non conventionnel
Un projet de loi amendant la loi sur la monnaie et le crédit, autorisant la Banque d'Algérie de «prêter directement» au Trésor public, a été adopté récemment par le Conseil des ministres. Par ailleurs, le document du gouvernement note que le redressement des équilibres budgétaires est dicté par les contraintes qui pèsent sur les finances publiques et le recours exceptionnel et transitoire (d'une durée de cinq ans) à des financements non conventionnels, notamment le financement direct du Trésor auprès de la Banque d'Algérie, pour garantir le maintien de la dynamique de développement économique et social.L'objet de cette modeste contribution loin des querelles stériles est de poser la problématique des opportunités, mais des risques de la modification de la Loi sur la monnaie qui devrait permettre le financement non conventionnel. Attention appliqué dans une économie ayant de fortes potentialités productives et de surcroit, reposant sur la bonne gouvernance, qu'en sera-t-il pour l'Algérie souffrant de rigidités structurelles, devant comparer le comparable afin d'éviter la dérive vénézuélienne.
Eviter la dérive vénézuélienne
Il faut distinguera le financement de la partie dinars et de la partie devises ou le financement non conventionnel concerne la partie dinar. Or , 97% des recettes en devises directement et indirectement proviennent des hydrocarbures, la superficie économique est constituée à plus de 80% de petits commerce/services avec la dominances de la sphère informelle, les exportations hors hydrocarbures entre 2010/2016 variant entre 1 e t 1,5 milliards de dollars donc marginales et 70% des besoins de l'économie nationale des entreprises publiques et privées proviennent de l'extérieur dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15% donc des achats en devises.
Il faut donc distinguer pour le financement la partie dinars qui concerne certains segments de l'économie nationale et le versements des salaires, de la partie devises. Par ailleurs .à la lumière des expériences de bon nombre de pays, l'endettement à moyen et long terme extérieur maitrisée , n'est pas à contre courant de la positon défendue d'indépendance de l'économie nationale mais ciblé concernant uniquement pour les segments à avantages concurrentiels productifs chaque opérateur devant compter su son compte devises et non celui de la banque d'Algérie afin de maintenir le niveau des réserves à un niveau acceptable qui tiennent la valeur du dinar à 70% sinon les prévisions du FMI de 60 milliards de dollars fin 2018 et épuisement fin 2019 risquent de se réaliser.
Cela doit rentrer dans le cadre d'un assainissement de l'environnaient des affaires pour attirer l'investissement dans le cadre d'un partenariat gagnant/ gagnant supposant un assouplissement de al règle des 49/51% qui a parfois loin de contribuer au développement a permis es rentes de situation à certains opérateurs. Par ailleurs . pouvoir drainer le capital argent de la sphère informelle, il faut une vision stratégique claire pour redonner confiance et surtout la maitrise du processus inflationniste.. Enfin dans le cadre du partenariat public privé, il s ?agira d'encourager la technique du Build, Operate and Transfer( B.O.T) ce qui allégerait à court terme les tensions au niveau du budget de l'Etat.. Rappelons que la technique du BOT repose principalement sur le modèle du «project financing/project finance» qui est en substance une technique de financement où les prêteurs acceptent de financer un projet en se basant uniquement sur sa rentabilité et sa valeur propres.
En pratique, le remboursement du prêt dépend principalement du cash-flow généré par le projet lui-même, de sorte que la capacité du projet à générer des revenus qui serviront au remboursement du prêt constitue la pierre angulaire du project financing..Cela permettrait d'éviter la dérive vénézuélienne dont je rappelle les principales caractéristiques. Excessivement dépendante des fluctuations du prix du pétrole, l'économie vénézuélienne a été très touchée par la crise économique mondiale, et subit maintenant de plein fouet la baisse des cours pétroliers.
C'est le paradoxe d'une économie rentière n'ayant pas profité de cette manne financière pour asseoir une économie productive concurrentielle, C'est un pays riche mais avec une population de plus en plus pauvre, le pays étant au bord de la faillite. Le Venezuela aurait des réserves de barils de pétrole de 300 milliards de barils, contre 10 milliards de barils pour l'Algérie selon les données du conseil des Ministres de 2015, une des plus importantes du monde. Depuis la chute du cours du pétrole, l'aggravation des déséquilibres macroéconomiques et la chute des cours du pétrole (les exportations pétrolières représentent plus de 96% des ressources en devises du pays et plus de 60% de la fiscalité) ont totalement inversé cette tendance..
Se disant victime d'une guerre économique, le président du Venezuela, face à l'ampleur de la crise économique, a décidé d'opérer un resserrement de la politique budgétaire, a décrété en janvier 2016 l'état d'urgence économique d'une durée de 2 mois renouvelable, d'augmenter le prix de l'essence une première depuis près de 20 ans (même si le prix reste particulièrement faible). Il a aussi autorisé une dévaluation de 58% et dont l'objectif serait de relancer la production locale, mais en réalité d'essayer de combler le déficit budgétaire au prix d'une inflation importée.
Le gouvernement a mis en place un système de rationnement où chaque citoyen ne doit pas acheter plus que sa quote-part et ne devant pas se rendre plus d'une fois par semaine dans les magasins publics. La Banque centrale coordonne la mise à disposition des dollars issus, en grande partie, de la rente pétrolière en appliquant plusieurs taux de change, le plus faible concerne les produits de premières nécessités.
Ne s'attaquant pas aux réformes structurelles, les actions conjoncturelles, ont qui amplifié les tensions. Les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques, l'activité économique au Venezuela avec une forte baisse 2015/2016, devrait encore se contracter en 2017 et en cas d'un baril inférieur à 80 dollars (fonctionnant sur la base d'un cours supérieur à 120 dollars selon le FMI), s'amplifierait en 2018 du fait du ralentissement de l'investissement. La méfiance des investisseurs locaux et étrangers face à l'insécurité du cadre juridique devrait encore favoriser les sorties de capitaux du pays.
L'inflation a subi une progression spectaculaire 50%, 100%, 200/300% et devrait rester élevée,(800/900% en 2017) alimentée par l'expansion rapide de la masse monétaire et la forte dépréciation du bolivar face au dollar, où les revenus fixes (salariés et fonctionnaires) ont été divisés par deux à trois en terme de parité de pouvoir d'achat malgré les relèvements récents des salaires qui ont à leur tour alimenté le processus inflationniste.
Ainsi le pouvoir d'achat est en baisse, la pauvreté augmente et le système de santé se dégrade. Le taux de chômage explose. Le pays fait également face à une montée de l'insécurité, avec le taux d'homicide un des plus élevé du continent latino-américain. L'Algérie pour ne pas renouveler cette expérience malheureuse de semi- faillite doit éviter des discours euphoriques et méditer la leçon vénézuélienne.
Avoir une vision stratégique et privilégier les intérêts supérieurs de l'Algérie
La question qui se pose pourquoi, le gouvernement Ouyahia s'est fixé comme délai cinq ans, comme période transitoire, pour la mise en ?uvre de cette politique alors que la durée de vie ce gouvernement est de moins de 20 mois au plus puisqu'il y'aura après la présidentielle de 2019' Pour ma part, je pense que les responsables partent et ne sont pas éternels mais l'Algérie est éternelle et c'est pour cela qu'il faille toujours travailler à moyen et long terme au profit des générations futures. Il faut dire la vérité à la population algérienne ou notre pays devrait rencontrer de vives tensions budgétaires ente 2017/2020.
L'Algérie a un répit de seulement trois ans pour changer de cap et éviter de vives tensions sociales 2018/2020. Alors que faire pour maintenir le niveau des réserves e change à un niveau acceptable qui tient la valeur du dinar car à 20/30 milliards de réserves de change la cotation officielle du dinar serait à plus de 200 dinars un dollar.
Comment compresser les rubriques importation de biens et services, dynamiser les rentées annuelles de Sonatrach qui dépendront à la fois de la forte consommation inférieure, de la concurrence internationale et des cours futurs, dont l'Algérie n'a aucune emprise ' Car l'annonce euphorique des gouvernements précédents d'une sortie de devises en biens et services de 30 milliards de dollars/an entre 2017/2018 est irréalisable.
En effet, nos calculs largement publiés dans la presse nationale et internationale à partir des statistiques douanières donc officielles, année par année en janvier 2017 (voir www.google.fr), montrent qu'entre 2000/2016 les sorties de devises de biens ont été d'environ 520 milliards de dollars( 560 milliards de dollars à juillet 2017), plus les services 120/140 souvent oubliés dans les déclarations officielles (10/11 milliards de dollars/an entre 2010/2016) et les transferts légaux de capitaux de plus de 730 milliards de dollars, pour une entrée de devises d'environ 850 milliards de dollars, la différence» étant les réserves de change au 31/12/2016 de 114 milliards de dollars et de 105 milliards de dollars juillet 2017.
Avec ce niveau des réserves de change bien qu'en baisse, comme j'ai eu à l'affirmer dans vos colonnes, l'Algérie en ce mois de septembre 2017, ne connait pas encore de crise financière mais une crise de gouvernance. Mais le risque sans correction de l'actuelle politique économique et notamment industrielle dont le résultat est mitigé ces dernières années contrairement à certains discours démentis par le terrain, est d'aller droit vers le FMI horizon 2018/2019 ou cohabiteront crise financière et crise de gouvernance qu'aucun un patriote ne souhaite.
Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international


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