Algérie

«moderniser l'andalou à travers la création»



«moderniser l'andalou à travers la création»
Lila Borsali chante debout comme Fadéla Dziria pendant une certaine période.Elle a abandonné la chaise et l'instrument pour mieux «dialoguer» avec son public. La jeune chanteuse était en concert mercerdi soir à la salle El Mougar, à Alger, à la faveur des soirées célébrant l'andalou et le chaâbi organisées par l'Office national de la culture et de l'information (ONCI). Elle a débuté son tour de chant par la reprise des poèmes de Si Boumediène El Ghouth, enveloppé dans une musique proche de la valse dont le célèbre Ya kiram al hay.Elle a ensuite enchaîné avec un qcid aroubi Ya lazrag ould el hmam de Mustapha Ben Brahim. Ce poète de l'ouest algérien est celui qui a notamment écrit des textes chantés par Ahmed Wahbi, Serdj ya Fares Louatane, Metwel dhi lil ki twal et Yamina aâdra. Après une brève pause, elle a repris avec un long poème melhoun, déjà célébré par le chaâbi à travers notamment les voix de Hadj M'hamed El Anka, Adhif Allah de Cheikh El Djillali, Mthired El Marakchi (celui qui a écrit notamment El Harraz vers le XIIIe siècle). Lila Borsali a voulu être fidèle à l'école de Tlemcen dans l'accompagnement musical de ce poème avec des variations et des changements de rythme.Elle a ponctué l'interprétation des qcid par des mkhilsat du genre Wahd el ghoziel ou Kelmtouha fel wissali... «J'aime bien reprendre des poèmes de tous les styles, du soufi au aroubi et au hawzi. Je veux exposer dans mes chants la richesse de notre patrimoine culturel», nous a déclaré Lila Borsali après le concert.La chanteuse est de retour avec un nouvel album Hosn Es-Selim, sorti chez Padidou à Alger. Une nouba écrite et composée par Tewfik Benghebrit riche en touchia hsine, en mçadar, btahi et derj dédiés à la famille de Lila Borsali, qui a perdu récemment son époux. Lila Borsali est contre l'idée de figer la musique andalouse dans une certaine sacralité. «Pour moi, il est possible d'introduire des nouveautés dans la musique andalouse. Dans le passé, des poètes ont écrit des textes que nous continuons d'interpréter. Ils ont donc laissé des traces. A nous d'en faire autant aujourd'hui.C'est même un devoir. Ils ont laissé des textes et des compositions pour les générations futures et pour enrichir davantage notre patrimoine. Nous avons beaucoup à dire à travers ces poèmes sur notre époque. L'andalou, c'est de la musique, c'est de l'art. Il faut arriver à exprimer ses sensations», a-t-elle soutenu. Lila Borsali refuse tout forme d'effacement du patrimoine sous prétexte de modernisation. «Je suis parmi celles qui aiment interpréter à la lettre les poèmes, comme cela se faisait dans le passé. Je respecte les textes et les mélodies. Je suis contre trop de changements.Par contre, je suis pour la création, l'écriture, la nouveauté. C'est de cette manière qu'on va moderniser cette musique. Il faut continuer de chercher. Nous avons des poèmes, mais pas de mélodies. Si nous nous trouvons ces mélodies, il faut composer de nouvelles musiques pour ne pas perdre ces textes», a-t-elle souligné. Les partitions des musiciens qui ont accompagné Lila Borsali étaient lues sur tablettes électroniques. «Il faut vivre avec son temps. J'ai opté pour les tablettes après un incident qui a eu lieu lors d'un concert en plein air. Des partitions sur papier ont été emportées par le vent.Puisque nous avons les moyens de pouvoir régler ce problème, alors utilisons ces moyens modernes. J'ai pris une tablette pour moi, puis pour mes musiciens. Nous sommes en tenues traditionnelles, mais avec des tablettes», a-t-elle relevé.




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